1/ Ce bateau est très léger. Normal, avec du CP de 3 mm: cet échantillonnage peut avoir des conséquences sur la robustesse de l’ensemble. (mais j’aimerais bien connaître le poids précis : voir la méthode -p4, 30 octobre- proposée par M Waters pour peser la coque du W17, plus simple, avec ces faibles poids, que la méthode Nautical Trek de pesée sur remorque !).
Mark Gumprecht a la réputation d’être un navigateur prudent et extrêmement soigneux avec son matériel. Il navigue essentiellement en eaux abritées, avec une bonne couverture météo.
Ce bateau risque de ne pas convenir aux pratiquants du ″marche ou crève″, amateurs de conditions musclées et d’échouages sur des grèves un peu ″rêches″.
2/ Ce bateau a peu de réserve de flottabilité. Contrairement aux espoirs de Mark, l’arrière s’enfonce assez facilement (même si cela semble bien être la maladie chronique de ces petits bateaux). Mark avait évoqué la possibilité d’ajouter un peu de rond de quille ou de largeur sur l’arrière. Ce qui serait indispensable, dans le cas de choix d’échantillonnages un peu plus forts.
3/ Mark a privilégié le volume habitable (cabine avec 2 vraies couchettes), aux dépends de la taille du cockpit. Celui-ci est donc assez court, ce qui limite, d’une part, le nombre d’équipiers: c’est cohérent avec la faible charge utile et le choix de navigation en équipage réduit. Mais aussi, d’autre part, la possibilité de recentrage des poids vers l’avant, nécessaire à certaines allures (voir la mise au point de Ray Kendrick sur la position de l’équipage sur les Scarab).
4/ Le système de pliage est à revoir: l’encombrement sur la route est maximum (avec en plus des platines inox très agressives en bout de bras), pour une largeur de coque pourtant raisonnable. La hauteur sur remorque est importante, ce qui risque de limiter l’accès: péages, parkings, garages. Le pliage est impossible à flot.
Ce qui fait beaucoup d’inconvénients … Un système de repliage Marples-Seacart (‘Down-Swing’ avec une seule jambe de force et une martingale souple), ou ‘Swing Wing’ , éventuellement construit en bois comme les Marples-Browne Seaclippers 16 & 20 ou le DC3, serait bien plus pratique, et assez facilement adaptable : la plateforme du D17 est très proche de celle du DC3.
C’est sans doute la première chose que je modifierais si je devais construire un Drifter17!
Il serait également possible, avec un pliage type Seacart, de faire des bras arqués et profilés (comme ceux du W17 de Mike Waters), pour limiter les projections d’eau, si abondantes sur ces petits trimarans ( faut pas rêver, ce ne seront jamais des bateaux secs …)
5/ La construction est sans doute plus longue et plus délicate que celle de bateaux en CP à bouchains de même taille, ou même que de bateaux entièrement en strip planking (du moins avec la méthode Balta, sinon l’attente entre la prise de chaque latte est insupportable !).
Mark lui-même souligne la précision nécessaire pour la réalisation de scarfs avec du 3 mm. Pour compenser cette faible épaisseur du CP, Mark a mis de très nombreuses lisses et renforts, le plus souvent en bois massif. On peut s’étonner de ce choix, si on le compare, par exemple, aux membrures, barrots et lisses en CP des plans Montaubin, ou à la « structure intégrale » en caissons CP des plans François Vivier: un gain de poids semble possible de cette façon, ce qui permettrait d’avoir une peau un peu plus épaisse.
Le résultat de ce mode de construction est le très grand nombre d’équerrages à réaliser, qui vont demander du temps et surtout une bonne compétence en menuiserie (on peut faire la même remarque pour la construction du mât).
En outre, les plans fournis ne comportent pas d’instructions, même si le blog devrait assez largement compenser cette lacune. Ce plan s’adresse donc à des constructeurs expérimentés, connaissant les assemblages traditionnels et les solutions courantes en construction navale.
Au final, une vraie réussite, un très joli bateau, mais qui, comme tous les autres, est un compromis entre différents impératifs, résultant des options et des choix de son concepteur.
– La combinaison CP-Strip Planking est particulièrement esthétique, et l’important roof ne dénature absolument pas la ligne générale.
– Réussir à caser 2 vraies couchettes et une kitchenette dans un trimaran de 17 pieds était au départ une gageure, chapeau pour l’avoir réussi.
– Le bateau est homogène, semble être parfaitement équilibré et très bien marcher. Du moins avec très peu de charge utile, ce qui pourrait être son principal défaut (en dehors du pliage): il faudra trier le matériel de camping, et ne vraiment garder que l’essentiel.
– seul le choix du système de repliage paraît contestable, et l’évolution récente des plans Browne – Marples confirme cette opinion.
Finalement, la légèreté est à la fois la première qualité et le principal défaut de ce bateau, avec les problèmes d’assiette longitudinale et de robustesse que cela peut entraîner, mais aussi des potentialités de vitesse intéressantes, avec une surface de voile raisonnable…
Je ne parle pas du choix du matériau de construction: je sais bien que nombreux sont ici les adversaires du CP et partisans du sandwich PVC, et pourtant le CP-epoxy est un bon matériau. Et la mousse PVC est chère, et immonde à travailler !
…même si l’avis d’Olivier Blanc sur ce choix de matériaux (cité dans le commentaire N° 48 sur la page du petit poucet 17) semble particulièrement censé.