On me demande souvent mon avis sur les différences entre l’Astus 20.1 et le Magnum 21, car avant de naviguer sur l’Astus 20.1 , j’ai tout d’abord découvert et possédé un Magnum 21. Différents ?
Je dirais que l’Astus 20.1 et le Magnum 21 sont à la fois très proches … et fort différents. Ils sont proches dans leur philosophie. Je n’ai pas perçu de différence à la barre des deux bateaux en terme de sensations, de douceur et de vitesse, et j’apprécie le comportement sain et marin des deux protagonistes. Après, dans leur mise en oeuvre, ils sont différents sur nombre de détails. Le transportSur remorque, les Magnum 21 sont moins encombrants que les Astus 20.1, surtout les anciennes versions non repliables. Actuellement, avec la version « repliable » du Magnum 21, la largeur sur route est supérieure (2m20) mais encore loin des 2m53 de l’Astus 20.1. La largeur importante de l’Astus 20.1 sur remorque, proche de la limite autorisée en Europe (2m55), n’est pas gênante 95% du temps. Autre différence en faveur du Magnum, il est plus bas sur remorque. Moins de prise au vent sur route, donc moins de consommation de carburant, et possibilité de passer dans une porte de garage souvent limitée à 2m de haut … Sauf pour les Magnum 21 S dont le mât rallongé impose l’utilisation d’un porte-mât destiné à le faire passer au dessus de la voiture (possibilité de réduire la hauteur selon celle de votre véhicule). Signalons que la coque à redan de l’Astus 20.1 permet de voir derrière pendant la conduite (entre la coque centrale et les flotteurs) lorsqu’il s’agit de manœuvrer, dépasser ou se rabattre. On se passe ainsi aisément de rétroviseurs rallongés, contrairement aux véhicules tractant des caravanes. Concernant l’écart de poids entre les 2 bateaux (une quarantaine de kg), je n’ai pas perçu de différence, que ce soit sur la route, à la mise à l’eau, ou en navigation. Au niveau des remorques, celles proposées par les chantiers respectifs sont abondamment pourvues en rouleaux et fonctionnent parfaitement. Pour le Magnum (remorque de marque PAM), il n’est même pas nécessaire de « casser » la remorque pour mettre à l’eau car les rouleaux arrières sont très bas. Par contre, lorsque le bateau est monté sur la remorque, sa coque ne s’appuie pas sur ses rouleaux arrières. Il y a donc un porte à faux important (environ 1m30) qui peut finir par déformer le fond de coque au niveau du dernier rouleau, surtout si l’on roule avec le poids du moteur encore fixé sur sa chaise. A la place d’une classique barre de torsion, la remorque Nautilus de l’Astus dispose de ressorts hélicoïdaux indépendants sur chaque roue, ce qui procurent une stabilité latérale appréciable lorsque la route n’est pas parfaite.La remorque est très longue et supporte la coque jusqu’aux derniers rouleaux, au niveau de la jupe. Les flotteurs viennent prendre appuis sur 2 patins offrant ainsi une stabilité sans faille de la coque lors du mâtage. MâtageLes mâts de l’Astus et du Magnum sont conçus différemment. Le mât du Magnum est plus massif et plus lourd, mais s’affranchit de barres de flèche. Après m’être fait quelques frayeurs seul, j’installais systématiquement un palan pour pouvoir monter le mât avec l’aide de ma femme. Une fois démâté à l’horizontal, c’est par contre plus facile de ranger ce mât dépourvu de barres de flèches. On notera que sur la version S (comme Sport) du Magnum 21, le mât est plus long et du coup, se retrouve également équipé de barres de flèche et d’une paire de haubans supplémentaires qui vient se fixer sur des pattes d’oie, une fois les flotteurs montés. Son poids et son porte à faux lors du mâtage sont du coup plus conséquents. Mais le Magnum 21 dispose d’un atout dans son jeu pour faciliter la tache du « mâteur solitaire ». En profitant du fait que l’axe de rotation du pied de mât soit aligné avec la poutre avant, il est possible d’installer un disposif provisoire de « bas haubans » fixés sur les extrémités de la poutre avant, pour que le mât soit maintenu parfaitement dans l’axe durant son ascension. Installation des flotteursSelon les bateaux, on rencontre 3 systèmes différents pour installer les flotteurs. Sur les Magnum ancienne génération, il est nécessaire de démonter et porter les flotteurs. Ceux qui ne disposent pas de support bricolé sur la remorque pour y fixer les flotteurs démontés doivent en plus, les charger sur la coque centrale (c’est haut) et les y sangler. Sur les Magnum 21 « nouvelle génération », le système a nettement progressé. L’opération peut être réalisée seul et sans danger. Les poutres extérieures sont ensuite emboîtées avec un système à baïonnette évitant l’utilisation des vis originelles [2] . Il ne reste plus qu’à faire glisser les flotteurs sur ces poutres pour venir les fixer à leurs extrémités [3] puis à installer les trampolines [4]. On gagne du temps et des efforts (compter 15 à 20 minutes de mise en oeuvre à 2 personnes rodées). Sur l’Astus 20.1 , on progresse encore en facilité et rapidité. Au final, le bateau peut être mâté, déployé et prêt à être mis à l’eau en 10 minutes … seul ! (démonstration en image) Nous pourrions relativiser un peu ces scores chronométrés car finalement, qu’est ce que 2 fois 15 minutes de plus ou de moins sur une journée de navigation … On va faire de la voile pour se détendre et pas pour courir, d’abord ! C’est vrai mais … lorsqu’on utilise une cale de mise à l’eau en pleine saison, on est rarement seul. Chacun est pressé soit d’aller en mer, soit de rentrer chez soi (surtout nos collègues motonautiques habitués à ce que tout aille vite). Pour peu que la cale soit petite, et vous voilà en train de bloquer tout le monde le temps de préparer votre bateau pour son lancement, d’autant plus si vous êtes obligé de déployer les flotteurs avant de le mettre à l’eau. Dans ce cas, on est content d’être capable d’opérer rapidement avant que les manifestations d’énervement des voisins ne viennent gâcher l’ambiance de la journée. A l’arrêt sur l’eauNous voilà maintenant sur l’eau à préparer la grand-voile. Sur l’Astus, en dehors des périodes de navigation, celle-ci est stockée bien au sec dans la cabine. Un trimaran, c’est stable … plus ou moins. L’Astus à l’arrêt, avec ses 2 flotteurs posés simultanément sur l’eau, ne moufte pas. Le Magnum 21 à l’arrêt a, quant à lui, ses deux flotteurs perchés une vingtaine de centimètres au dessus de l’eau. Enfin, plus exactement, un flotteur posé sur l’eau et l’autre perché à une bonne quarantaine de centimètres au dessus. L’angle de gîte n’est pas bien important ni gênant, sauf lorsqu’il change à chaque clapot ou déplacement d’un membre de l’équipage. Pour éviter ces bascules incessantes au mouillage, nous avions pris l’habitude de gonfler des réserves de flottabilité et de les fixer sous chaque flotteur ce qui, à la longue, s’avère fastidieux. C’est quand même plus pratique lorsque l’on peut s’en dispenser.
TrampolinesCôté trampoline, il n’y a pas photo, le Magnum 21 est mieux servi. D’une part, ses trampolines sont mieux tendus grâce à un système de sanglage qui allie rapidité de mise en oeuvre et efficacité. Il est ainsi plus agréable de marcher dessus que sur les trampolines moins tendus de l’Astus 20.1 . Ensuite, ils sont plus spacieux. Ils profitent d’une largeur totale plus importante des Magnum 21 (4m08 et 4m88 pour la version S), comparée à l’Astus 20 (3m88), ainsi que d’une coque centrale plus étroite (1m65 environ contre 1m87 pour l’Astus). Si en navigation, il est plus intéressant d’avoir un cockpit large et spacieux que des trampolines larges, l’intérêt que je vois à la largeur accrue des ces derniers, c’est de pouvoir installer une petite tente pour y dormir à 2. Sur l’Astus 20.1 , il faut se contenter d’une tente d’une place (1m10 de large) sur chaque trampoline. L’Astus 20.1 se rattrape néanmoins en offrant deux couchettes en cabine. On notera qu’en terme de puissance, l’Astus compense sa largeur moindre par des flotteurs plus longs et plus volumineux que ceux du Magnum 21 (500 litres au lieu de 350 litres pour le Magnum 21). CockpitMême si l’espace entre les poutres est moins important, la capacité du cockpit du Magnum est un peu plus grande que sur l’Astus car l’équipage peut déborder sur la partie en avant du mât (en pratique, on y va rarement à cause des embruns) et le barreur peut s’installer derrière la poutre arrière car la jupe est longue. En l’absence de dossiers, les bancs du cockpit du Magnum sont plus exposés aux embruns. Comme une partie du trampoline recouvre les bancs, l’humidité est conservée et l’on navigue souvent avec les fesses mouillées si l’on ne s’équipe pas d’un pantalon ciré. Autre différence notable, la hauteur de la bôme :
Outre le danger que représente une bôme basse lors des virements de bords et empannages sur un Magnum (demandez à Christine…que la bôme a envoyée à la baille…), la gîte supérieure (pour cause, souvenez vous, de flotteurs surélevés au dessus de la ligne de flottaison) fait que l’on se retrouve avec la vue sous le vent coupée par la voile. Pas cool pour admirer le paysage, surveiller les bateaux qui passent, ou parler avec les équipiers assis en face. Sans dossier, on adopte alors, sans s’en rendre compte, une position voûtée qui finit par donner mal au dos. Pour y pallier, je naviguais assis au fond du cockpit du Magnum 21, le dos calé contre les bancs. PerformancesCoté vitesses, elles sont sensiblement équivalentes. Nous avons eu l’occasion de naviguer une dizaine de jours à plusieurs Astus 20.1 et plusieurs Magnum 21 ensemble . Le cap au près est équivalent et les vitesses proches, même si, dans toutes les conditions de vent et à toutes les allures, les Astus 20.1, même plus chargés, finissaient toujours par se détacher devant … On penserait le contraire vu l’allure « sportive » affichée par le Magnum mais n’oublions pas que l’Astus est plus toilé. Et même en utilisant le spi asymétrique sur les Magnum, comparé au gennaker sur les Astus. La vitesse de pointe est comparable mais souvent, le gennaker finit par faire la différence car plus stable en moyenne que l’asymétrique. Sauf la fois où, tandis que j’étais sous gennaker sur mon Astus, j’ai vu passer le René qui me doublait sous le vent sur son Magnum avec son spi asymétrique … complètement dégonflé ! Je le soupçonne depuis d’avoir installé des dispositifs non réglementaires sous son embarcation … Les 2 bateaux utilisent un bout dehors rétractable. Celui du magnum, plus long, se manoeuvre depuis le cockpit. Il est conseillé de le rentrer dès que l’on n’utilise plus le spi afin de limiter les infiltrations d’eau qui rentrent dans le coffre avant par le passage du tube. Grand dériveur ou mini-croiseurSi les deux bateaux marchent à des vitesses comparables, le Magnum affiche son tempérament de « grand dériveur » en mouillant copieusement son équipage lorsque le vent et la vitesse montent. On reste bien sec jusqu’à force 3, où ça commence à mouiller, un peu, au près. Si le vent insiste, la douche va alors crescendo. Sur l’Astus 20, on se sent plutôt sur un mini croiseur, moins au contact de l’eau. C’est bien sec jusqu’à un bon force 4 où ça commence à mouiller, un peu, au près. A partir de force 5, au près, il faut s’équiper mais la douche est bien moins intense compte tenu de la hauteur du franc bord et de la protection combinée du rouf et des dossiers du cockpit. C’est simple, mes filles étaient le plus souvent en shorty néoprene sur le Magnum 21… Elles ne les mettent plus depuis qu’on est passé à l’Astus 20.1 . RangementsPour le stockage, la différence est criante entre les possibilités de l’Astus 20.1 , avec ses grands coffres de cockpit et sa cabine, sans parler de sa baille à mouillage, comparés aux 2 coffres disponibles sur le Magnum 21. Pourtant, le coffre avant du Magnum est long et volumineux. On pourrait même s’y allonger ! Mais il faut compter avec la place prise par le bout dehors une fois rentré à l’intérieur, et sa disposition tout en longueur ne facilite pas l’accès aux affaires. Si on se penche dans l’entrée de ce coffre, on distingue un volume de rangement intéressant (2 caisses de 30 litres), un peu en arrière, juste sous le plancher du cockpit. Mais là encore, il faut vider les affaires posées à l’entrée du coffre pour pouvoir accéder à ces caisses. Du volume donc … mais pas pratique à exploiter. Il existe un deuxième coffre sur l’arrière, bien plus petit et dont l’accès est malaisé par la petite trappe ronde étanche qui lui sert de porte. Sur les nouveaux Magnum, cette trappe ronde est remplacée par une trappe carrée heureusement un peu plus grande. Sur l’Astus, côté rangements, on est gâté. Les 2 grands coffres sous les bancs du cockpit permettent d’y stocker un bon volume de matériel directement accessible en navigation. Quant à la cabine, elle offre un volume de stockage vaste, sec et pratique d’accès, y compris lorsque ça piaule dehors. Détails diversLa jupe courte de l’Astus permet d’avoir la barre qui passe sous la poutre arrière, évitant ainsi de devoir la lâcher à chaque virement de bords pour passer la main derrière le palan d’écoute de GV, comme sur le Magnum 21. Sur le Magnum 21, si l’on ne craint pas de se mouiller les fesses, on peut naviguer sur le trampoline, voire sur le flotteur si l’on change le stick par un plus long. L’absence de dossier invite à venir déborder sur cet espace agréablement perché au vent. Sur l’Astus, avec son étrave porteuse presque verticale, on peut aller jeter l’ancre à l’avant sans sortir de l’eau l’hélice du moteur à l’arrière, comme c’est le cas sur le Magnum 21. Le Magnum 21 dispose d’un mât pivotant et d’un halebas contrairement à l’Astus 20.1, dont le mât est fixe et la chute de la voile contrôlée directement par l’écoute et le chariot de grand-voile. Sur l’Astus 20.1, on peut contrôler visuellement et éponger la présence éventuelle d’eau dans les flotteurs via 2 trappes de visite sur chaque flotteur. Sur le Magnum 21, impossible d’accéder à l’intérieur des flotteurs pour vérifier qu’il n’y a pas de l’eau… Le tirant d’eau de l’Astus (de 25 à 30 cm selon la charge) est plus important que celui du Magnum (20 cm). Les deux bateaux encaissent bien la charge et continuent d’évoluer sainement avec un nombre impressionnant de personnes à bord. Sur l’Astus 20.1, le mât est posé en avant de la poutre avant et les haubans arrivent au niveau de cette poutre. Du coup, il est possible d’installer une tente couvrant l’ensemble du cockpit et les trampolines sans être gêné par les haubans. Côté accastillage, il y a du bien et du moins bien sur chacun des bateaux. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! Surtout avec l’Astus 20.1 proposé uniquement en blanc et liseré rouge. The cabine !Pour terminer, je parlerai de la différence majeure qui saute aux yeux lorsqu’on regarde les deux bateaux : la cabine de l’un, inexistante chez l’autre. Même pour celui qui ne sort qu’à la journée, la cabine apporte un confort inestimable. On y balance les affaires bien au sec et on les attrape aussi facilement en se penchant par la porte qui peut rester ouverte en navigation. Un grain qui passe, un orage, un coup de froid, un coup de fatigue … c’est un abri providentiel pour les enfants comme pour les adultes. Besoin d’utiliser un réchaud à l’abri du vent ? De se déshabiller à l’abri des regards ? D’utiliser un WC en toute discrétion ? D’avoir une cabane pour occuper les enfants ? Pas de problème avec la cabine. Et le jour où vous décidez de ne pas rentrer le soir pour profiter d’une jolie crique, vous avez la couchette double pré-installée. AchatL’Astus 20.1 est un peu plus cher que le Magnum 21 S qui est un peu plus cher que le Magnum 21 standard. Concernant les Magnum 21, signalons l’existence d’un marché de l’occasion important, accessible à des prix intéressants. Il faut dire que le Magnum 21 existe maintenant depuis pas mal d’années… et qu’il s’est vendu à plus de 400 exemplaires ce qui est un record sans précédent pour un multicoque de cette taille. Conclusion personnelleOn le voit, chacun de ces deux bateaux a de sérieux atouts dans son jeu. A l’usage, voici les qualités que j’apprécie le plus chez eux, classées de la plus importante à la moins indispensable (il s’agit d’un avis personnel, lié à mon type de pratique) :
ÉpilogueEt pour ceux qui les croyaient frères ennemis, quelques clichés supplémentaires montrant comment les deux compères s’entendent comme cul et chemise dès lors qu’il s’agit d’aller prendre du bon temps ensemble sur l’eau.
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bigorne
7 Nov 2016Rapport qualité/prix
Bonjour
Merci pour cet article fort intéressant. On comprend bien que l'astus 20.1 remporte vos suffrages sur le magnum 21.
Cependant si on prend en compte l'aspect financier de ces 2 trimarans, est ce que la conclusion ne pourrait pas être un peu plus contrasté : un magnum 21 se trouve facilement d'occasion pour un prix entre 3000 et 5000 euros alors que l'astus 20.1 est plus difficile à trouver et son prix dépasse les 10000 euros.
Est ce que les différences entre les 2 trimarans justifient un tel écart de prix ou le magnum 21 ne serait il pas un des bons plans du moment du marché de l'occasion ?
Merci