La première page publiée sur la construction du Trimaran Drifter 17 de Mark Gumprecht montrait le modèle et une image de la construction d’un mât aile en contreplaqué.
Après de fructueux échanges de mails (enfin… fructueux pour moi !), voici le plan et des images du mât fini, avec les explications de l’architecte constructeur (j’ai remis quelques lignes de la page précédente, pour que la nouvelle puisse être lue indépendamment)
(traduit – comme il a pu – par Eric17)
On pourrait utiliser un mât de cata de plage, mais j’ai construit mon propre mât parce que je pense qu’il sera plus léger, et donc plus facile à gréer tout seul.
Un mât de Hobie 16 pèse 39 livres (17.7 kg). J’espère que ce mât pèsera environ 25 livres (11.3).
Le mât mesurera 22 pieds (6,7 m).
J’ai mis un étai plus long que la plupart des designers actuels, ce qui permettra d’avoir un mât plus court tout en gardant une surface de voilure raisonnable.
Ce n’est pas une bonne idée de mettre un mât trop grand sur ces petits bateaux : le danger est réel de sancir au vent arrière, dans des vents forts.
Il portera une grand voile entièrement lattée avec un ris, un foc à enrouleur, et un reacher sur un court bout dehors.
Ce mât est de ma propre conception, que je serais heureux de partager avec quiconque est intéressé (j’ai montré ce plan il y a environ 2 ans à Mike Waters, alors qu’il travaillait sur quelque chose de similaire pour son W22. Nous avons échangé nos idées, et finalement je pense que son plan pour le mât du trimaran W17 doit ressembler globalement au mien).
Le mât pour le Drifter 17 est, en gros, le même que celui que j’ai utilisé sur mon catamaran de 22 ‘ (celui du Skeeter 12 utilise un autre dessin, plus simple et léger, mais moins rigide).
Construction du mât
Il est relativement facile à construire, si vous avez de bonnes compétences en travail du bois.
Je ne le recommanderais pas pour ceux qui ne savent pas bien faire les scarfs.
Il est construit en CP de 1/8″ » (~3 mm) et les longerons en spruce, stratifié sur l’extérieur avec une couche de verre 6 oz (170g) et de l’époxy.
J’utilise de la mousse PVC pour faire un bord d’attaque arrondi (on peut aussi utiliser du balsa).
Je stratifie d’abord l’avant, puis la totalité du mât. Il y a donc deux couches sur la mousse.
Toutes les pièces sont soigneusement assemblées par scarfs, et l’intérieur est laqué époxy.
Il y a un tube de 1/2″ » (13 mm) en fibre de verre sur le bord de fuite, fendu, pour la ralingue de la voile. Vous pouvez ajouter du carbone si vous voulez le rendre plus solide, mais je pense que le mât de base avec du tissu de verre est suffisamment fort pour un bateau de cette taille.
J’ai fait une rainure dans les montants pour loger le voile central de contreplaqué. Il est ainsi plus facile d’assembler le longeron en H : juste encoller la feuille de CP sur un seul côté, puis appuyer sur le haut. Ni clouage ni serrage (Précision, après la question de Stefano : dès que c’est manipulable, on fait la même chose avec l’autre côté).
La section de base sans gréement pèse 27lbs (12.25 kg) pour 22 ‘ (6.70m) de long.
La corde du profil est 6 1/2 « » (16.5 cm), avant d’ajouter le rail de grand-voile, ce qui donne au final 7″ » (17.8cm) de long, et 2 5/8″ » (66.7 mm) d’épaisseur (dimensions externes).
On voit, à l’intérieur du V avant, le renfort au sommet du mât, où les pattes d’ancrage des haubans principaux et de la drisse de spi sont situées.
Il renforce cette zone et donne plus de profondeur pour les vis de fixation.
J’ai aussi remplacé la mousse par du cèdre dans cette zone. Le petit bloc est à environ 7 ‘ (2,12 m) du bas du mât, j’y fixerai un pontet pour des haubans provisoires soutenant le mât latéralement lors du matage.
Des tasseaux provisoires sont fixés sur l’arrière des « joues » pour soutenir le contre-plaqué pendant la mise en forme, et pour empêcher les serre-joints (de construction « »maison » » !) de glisser.
Voici quelques photos du mât (presque) fini :
L’évidement dans le bas du mât est temporaire.
Je donnerai un angle au pied de mât pour la quête du mât, puis je collerai à l’époxy la base en G 10 sur le mât.
Il y aura un vit de mulet (fait de tubes inox, coupés pour faire un joint pivotant) coulissant sur un rail inox monté sur l’arrière du mât, en dessous du rail de voile.
Un hale bas de démultiplication 3 à 1 sera utilisé pour la tension du guindant, car il n’y aura pas de winch de drisse.
Sur cette photo, le petit bloc de couleur sombre est l’endroit où j’ai remplacé la mousse par du red cedar, à l’emplacement de la poulie de sortie de drisse de spi (on distingue aussi, en tête de mât, l’autre bloc de cèdre gris de renfort). On peut utiliser du balsa pour arrondir le bord d’attaque du mât, mais on a besoin de quelque chose de plus résistant dans les zones des ferrures de fixation.
Le guide utilisé pour fendre, avec une scie circulaire, le tube d’engoujure de voile. J’ai installé les ferrures d’étais en G10, et les sorties de drisses
Sur ces photos du mât de mon catamaran de 22 ‘ (ferrure principale, et fixation de drisse de spi, une version plus petite de la ferrure principale), on peut voir à quoi ressembleront les fixations sur le mât. La ferrure principale sera faite d’une plaque de 3 / 8 « »(~10mm) en fibre de verre G10, collée époxy à l’avant du mât, puis stratifiée sur les côtés.
Ce gréement aura un guignol avec des barres de flèche bipodes, obliques et poussantes, semblables à celles du Skeeter, avec du câble inox 1 / 8 « » (3mm) 1×19. Les barres de flèche sont simplement des Dyer en aluminium profilé avec des jambes de force en tube inox pour les orienter vers l’arrière. Il est important de les rendre poussantes pour contrer la traction de la grand-voile et l’empêcher de courber le dos du mât.
pied de mât
Voici quelques photos du pied de mât que je vais utiliser. Je n’étais pas très content du système de mon cata 22 ‘‘: je boulonnais sur la base du mât une plaque qui guidait la douille sur la boule. Cela marchait bien, mais cela prenait trop de temps.
J’essaie de mâter le plus vite possible, et ce nouveau pied de mât ne nécessite pas d’autres pièces: vous faites simplement glisser la douille sur la boule, et le mât pivote directement sur la boule.
La douille en delrin est fixée avec des vis inox à une plaque 3/16″ » (5 mm) en G10 (feuille de fibre de verre), collée à l’époxy au pied de mât.
Je perce et taraude le delrin, bien que des vis à tôle (~Parker) puissent convenir également très bien si vous faites des avant-trous de bonne taille, pas trop petits.
J’ai stratifié des tubes sur la jupe pour faire un châssis amovible pour soutenir le mât lors du remorquage. Le mât sera posé sur des rouleaux.
Pour mâter, il suffira de glisser le mât vers l’arrière, de mettre la douille sur la boule, puis d’accrocher la drisse au treuil de la remorque.
Il y aura également des haubans latéraux amovibles pour soutenir le mât pendant la manœuvre.
La douille est en Delrin. La boule de 25mm de diamètre est en laiton, avec un boulon inox de 12.5mm. J’espère que je pourrai gréer le bateau en une demi-heure avec un peu de pratique.
Finitions
7 aout 2011
Le mât est peint. La tête de mât est terminée. J’ai utilisé deux poulies à roulement à billes, entre des plaques d’aluminium de 1/8 (~3mm), dont l’écartement et la fixation sont assurés par un bloc central de Delrin.
Le capuchon de tête de mât est réalisé en découpant, puis en arrondissant un bloc de styrofoam (du rose, fourniture pour bâtiment) au profil du mât.
J’ai mis 4 couches de verre de 6 oz (200 g/m²), et après prise, j’ai enlevé la mousse, poncé et peint (On peut faire de cette façon des formes non démoulables, en dissolvant le styrofoam avec de l’acétone, après stratification. Mais dans le cas présent, cela a du être aussi rapide et moins salissant en grattant la mousse !)
Il n’est pas possible de rendre le mât étanche avec des drisses internes. (Je pense que c’est possible, mais avec tout un bazar de tubage interne – voir # 23 – et des joues étanches moulées autour des poulies, donc beaucoup de temps passé, et un peu de poids en plus. Et ensuite il faudrait résoudre les problèmes de dilatation. Bien compliqué…)
Vit de mulet et arthur. On voit bien le palan d’étarquage de la voile (« »purchase« », mes dictionnaires papier ne savaient pas que ça voulait aussi dire palan ! Mais si Google trouve ce qu’est un « »vit de mulet » », il a plus de mal avec l’arthur = mast rotation arm…), et le cordage repris sur la bôme qui permet le réglage de l’angulation du mât.
Le mât tourne avec la voile, et le bras et un court morceau de cordage limitent la rotation. La compression de la bôme tend à trop faire tourner le mât.
En réglant la longueur de ce cordage, je contrôle bien l’angle de rotation du mât. Je pense que la plupart des catas de plage sont réglés comme cela.
Premier matage
17 aout 2011
C’était excitant de dresser le mât pour la première fois, mais j’ai eu aussi beaucoup de petits problèmes à résoudre.
Dresser le mât est difficile la première fois, et je suis en train d’améliorer ma méthode pour contrôler le mât pendant le levage.
J’ai installé plusieurs fixations amovibles pour attacher les haubans temporaires, directement en ligne avec le pivot du pied de mât. Il est très important d’empêcher le mât d’aller sur le côté lorsqu’il est soulevé.
J’ai mis des cadènes amovibles sur les coins de la cabine pour y attacher les haubans, et un levier (tube alu) avec une platine (plaque de G10), qui est vissé au pied du mât. J’ai essayé en utilisant simplement des cordages pour stabiliser le mât, mais il y avait trop d’étirement.
Je les ai remplacées par des câbles et des ridoirs. Il est très important de créer un point d’attache dans l’axe du pivot de mât. Les cadènes provisoires sont fixées à une platine inox sur le dessus de la cabine par deux boulons de 6mm.
Cette base pivotante marche à la perfection !
L’arthur n’est pas en place sur ces images de levage du mât, mais il n’a pas l’air très encombrant (sur cette image très agrandie): Ce concept de base pourrait être utilisé pour faire des mâts de différentes tailles.
J’ai construit un mât de 52 pieds (15,8 m) avec un ami pour un Cross 42′, en utilisant du contreplaqué de 6 mm.
J’en avais un sur mon Cross 40 ‘, lancé en 1990, sur lequel j’ai navigué de nombreuses années, et j’en ai été très satisfait. Je me souviens que Norman Cross n’était pas vraiment enthousiasmé par cette idée, mais il était plutôt conservateur en matière de gréement.
J’ai toujours pensé que ce type de mât était le plus logique pour les multicoques.
J’espère que ces informations vous seront utiles, ainsi qu’à tous ceux qui voudraient construire leur propre mât.
Mark