Croisière provençale en trimaran Astus 22 (de Port Grimaud à Giens)

Croisière provençale en trimaran Astus 22 (de Port Grimaud à Giens)

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4ème jour, cap Taillat

Encore une nuit tranquille de passée.
Nous plions rapidement la tente et prenons discrètement notre petit déjeuner sous notre bâche « taud de soleil ».
Il est peu probable que nous soyons autorisés à squatter l’endroit où nous sommes alors essayons de ne pas contrarier les occupants des coûteuses villas de Port Grimaud dont les terrasses sont en vue.
Surtout que l’on aimerait pouvoir traîner un peu sur la jolie plage d’à côté et s’offrir une baignade.

J’en profite pour faire le plein d’eau et d’essence à la station du port. Avec mes 8 litres d’essence, ils n’ont pas l’habitude d’avoir des factures aussi rikiki vu la taille des bateaux qui stationnent dans Port-Grimaud…

Après nous avoir ravitaillé en produits frais, poulet rôtis tout chaud et remis une pâtée au rugby aquatique, les copains nous larguent les amarres.

Notez le sable et « l’herbe » le long du quai… Plutôt sympa comme environnement portuaire, non ?

C’est reparti pour tirer des bords au près dans un vent faiblard.
Cette fois, on a le temps. Pas question de remettre le moteur.
Et d’ailleurs, le vent monte doucement et nous permet d’avancer à plus de 4 nœuds.

Devant Saint-Trop, nous croisons le sillage de l’Hydroptère qui se traîne sous GV seule à environ 3 nœuds. Par contre, il fait un cap incroyable. Il serre le vent d’au moins 30 degrés de mieux que nous ! Y’a un truc là ?

Parvenu à la sortie du golfe, il se met à abattre et s’éloigne rapidement tandis que le clapot incessant des bateaux à moteur rend notre progression pénible et laborieuse.

2 heures plus tard, on retrouve malgré tout l’Hydroptère au niveau du cap de Saint-Tropez. Voilà un cours magistral qui illustre à merveille les compromis possible entre cap et vitesse. Qu’il navigue loffé à l’extrême (et donc lentement) ou très abattu (là, il est bigrement rapide), l’Hydroptère gagne au vent grosso modo autant que nous (qui avons adopté un compromis cap/vitesse « classique ») dans ce temps de demoiselle !

La traversée de la baie de Pampelonne, d’un long bord de près sous gennaker, est rendue délicate par le nombre incroyable de yachts stationnés là, sur plusieurs kilomètres.

Impossible de tirer une ligne droite sans tomber sur un mastodonte. Je ne compte plus les étraves frolées à la limite du déventement et je peste contre tous leurs jetski tenus en laisse, accrochés à leur plage arrière par 10 à 20 mètres d’amarre infranchissable.

Les noms des joujous de ces multi-millionnaires sont parfois fort amusants…

Le moteur est de nouveau sollicité pour passer le cap Camarat.
Marilou en profite pour s’offrir une seconde séance de « ski nautique », sur le surf en mousse cette fois-ci.

Au terme de celle-ci, tandis que nous approchons du cap Taillat, je retire et planque le moteur hors-bord dans la cabine car la plage visée pour passer la nuit est réglementée en ZIEM (Zone Interdite aux Engins Motorisés).

Arrivé sur place à 18 heure, nous constatons qu’il reste encore beaucoup de monde sur « notre » plage. Après une première tentative de stationnement sur la rive, au bout du chenal d’accès, avortée pour cause de caillasses, nous patientons en jetant l’ancre sur une grande tache d’eau turquoise propice à la baignade et aux jeux aquatiques.

19 heure… Il reste encore 2-3 familles sur la plage. Tant pis, nous accostons doucement sous foc seul. C’est seulement à 20 heure que nous nous retrouverons seuls sur la plage. D’ordinaire, les « piétons » sont moins tardifs…

Il faut reconnaître que l’endroit est particulièrement sympa : sable blanc et fin, mélange de roche, de verdure et d’eau transparente… Mais comme c’est la 3ème fois cette année que je m’y arrête, la magie de l’endroit finie par moins opérer.
Dire que si j’avais mon bateau stationné dans un port d’attache, j’en serais réduit à faire sans cesse les mêmes navigations… Vive le bateau transportable !

Le trimaran est amarré le long de plusieurs troncs d’arbres, apportés par une tempête, et qui constituent un quai de débarquement bien pratique.
Un léger ressac m’oblige à multiplier les ancres et amarres afin de maintenir le flotteur à quelques dizaines de centimètres du « quai ».

J’observe avec étonnement les nombreux cailloux qui sont venus tapisser le fond de l’eau, en bord de plage, me rappelant que ces mêmes fonds étaient uniquement constitués de sable fin les années précédentes…

5ème jour, île de Port-Cros

Nuit de nouveau tranquille malgré un intermède au petit matin pour éloigner un peu le bateau de la berge à cause de la marée basse qui faisait frotter sur le sable les pare battages calés sous la jupe.

Nous profitons de la tranquillité du lieu le matin. Marilou nous fait visiter son installation très complète : champ de patate duquel elle extrait à la pioche le pseudo tubercule, séchage et stockage au grenier, lavage sous le robinet de l’évier, épluchage sur la table de préparation, cuisson au four puis dégustation assis sur le banc. Il ne manque rien !

Pendant ce temps, Julie nous a confectionné un tipi ombragé pour petit déjeuner à l’ombre en compagnie des autochtones : fourmis géantes et criquet balaise.

On a juste à déplorer le retour du malotru déjà subi la veille au soir. Comme précédemment, il arrive lancé à vive allure sur sa petite annexe à moteur de jetski (particulièrement bruyant).
Cette fois, il coupe le moteur avant d’aborder la plage, preuve qu’il a assimilé le dessin d’hélice barré présent sur les bouées jaunes qu’il a franchi (remarque, vu qu’il n’a pas d’hélice, cette interdiction de moteur ne s’applique sûrement pas à lui…).

Il n’a pas encore accosté qu’il lance un tonitruant « c’est un male ou une femelle ? ». Il s’adresse au couple d’italiens qui sont installés sur la plage avec exactement le même modèle de chien que celui qu’il vient faire uriner et crotter sur la plage où nous sommes tous installé.
Monsieur parle fort, apostrophe les uns et les autres, siffle et appelle son chien sans arrêt. Il s’impose bruyamment dans le paysage en massacrant la sérénité du lieu… Heureusement qu’il n’y fait que passer.

Le ciel se couvre ce qui m’incite à prendre la météo diffusée en continu sur la VHF (Monaco Radio relayant la météo marine de Météo France sur le canal 63). Un coup de vent d’ouest de force 6 à 7 beaufort est annoncé pour le lendemain.

Je sors le cahier de cartes en quête d’un abri sympa pour y passer la journée suivante :

  • bien abrité du vent et des vagues d’ouest
  • environnement agréable et paisible
  • à proximité d’un village où l’on puisse se ravitailler
  • avec des balades à pied intéressantes à faire autours

Je ne trouve rien qui réponde à ces critères dans le coin. Il faut pousser jusqu’à l’île de Porquerolles ou la presqu’île de Giens. Une sacrée nav, plus de 30 miles nautiques, nous attend et la journée est déjà bien entamée…

Nous quittons la plage en tirant le bateau à la main puis à la pagaie (va falloir que je m’équipe d’une godille un de ces jours…). Réinstallation du moteur qui sera utile une demi heure, avant de toucher du vent.
Un très long bord (13 miles) idéalement orienté au bon plein nous amène jusqu’au cap Bénat. Pas de rase cailloux, nous traçons une ligne directe qui nous fais passer bien au large de Cavalaire et du Lavandou. Il s’agit d’avancer le plus vite possible.

L’équipage bouquine, joue de la guitare ou fait la sieste pour passer le temps car il n’y a pas qrand chose à voir à cette distance de la côte. On apprécie cependant de se retrouver tout seul sur l’eau, sans ces innombrables bateaux à moteur qui pullulaient autours de Saint-Tropez.

Le vent fini par refuser et nous voilà contraint de tirer des bords pour passer le cap Bénat. Le bord suivant nous amène jusqu’à l’île de Port-Cros, à 5 miles au large. En passant devant le petit village de Port-Cros, nous croisons de nouveau l’Hydroptère qui repart.

Escale obligée sur la plage du sud pour une petite plongée. Il y a déjà 4 petits bateaux à moteur amarré au petit ponton. Bien que soyons le plus gros, nous parvenons malgré tout à débarquer sur un rocher pour venir nous y apponter, au plus près de la berge. Une longue amarre et l’orientation favorable du vent nous permet de stationner là sans embêter personne n’y risquer d’abîmer le bateau sur les roches. Il faut préciser qu’il est interdit de jeter une ancre à cet endroit, ni de s’amarrer aux rochers.

La plongée dans les eaux poissonneuses de Port-Cros est toujours aussi magique, bien qu’un peu fraîche cette fois ci. Chacun a enfilé sa combi néoprène pour pouvoir prolonger le spectacle subaquatique.
Les poissons sont innombrables, variés et vraiment peu farouches. Même les plus gros, qui avoisinent les 60 cm de long, se laissent approcher à moins d’un mètre.

Le vent monte

Mais pas question de traîner, il reste du chemin. Le vent a commencé à forcir et la mer également. Difficile d’atteindre les 6 nœuds au près avec ce clapot haché. Lorsque nous virons devant Hyères, 10 miles plus loin, la force du vent atteint maintenant les 5 beaufort.

Le passage entre la presqu’île de Giens et Porquerolles est réputé pour accélérer le vent et creuser la mer. En prévision, je préfère prendre un ris dans la GV et rouler un bon morceau de foc. Mais ce dernier étant monté sur emmagasineur et non pas sur enrouleur, il prend vite une forme dégueu… pas belle quoi. Nous virons pour revenir à l’abri de la presqu’île et installer le petit foc de brise d’environ 3 m².

Pendant la manœuvre, mon équipière a abattu en grand sans trop sans rendre compte et, la vitesse aidant, le terrain perdu est important. Il nous faudra encore du temps pour revenir sur la pointe de la presqu’île.

Le soleil est maintenant bien bas sur l’horizon et j’hésite entre plusieurs options :

  • s’arrêter au plus près, du côté de la pointe de la Badine
  • tailler au travers vers la pointe Prime, à proximité du village de Porquerolles
  • poursuivre jusqu’à la baie de Niel, sur la presqu’île

Les 2 premières possibilités d’escale ont déjà été faites 15 jours auparavant, lors de notre rando du 14 juillet. Après consultation du reste de l’équipage, j’obtiens son accord pour prolonger un peu plus la nav’ en optant pour la troisième possibilité, la plus éloignée. Sans montre au poignet, j’ignore à ce moment là qu’il est presque 21 heure déjà…

En passant la pointe de la presqu’île, ce n’est pas un renforcement mais une accalmie que nous subissons ?! Le vent et les vagues, orientés au nord ouest, sont largement modérés par le relief. On se traîne à moins de 5 nœuds et j’hésite à larguer le ris et ressortir le foc « standard ».

Je prends mon mal en patience et ne le regretterais pas car en s’approchant de la Tour Fondue, la brise repart à 20-25 nœuds, accompagnée par les vagues assorties.

Arrivée nocturne

Le soleil s’est maintenant couché et j’enrage d’arriver de nuit dans ce coin de la côte, plein de cailloux et que je ne connais pas. D’autant plus que, contrairement à ce que je pensais, la houle s’invite à l’intérieur de la baie, créant un ressac contrariant près des berges.

La plage envisagée, aperçue de loin 15 jours auparavant, s’avère trop agitée pour y passer la nuit confortablement. Nous voilà reparti au moteur à la recherche d’un endroit plus adapté. La plage suivante profite d’un petit décroché de la côte qui atténue un peu les vagues. Ca bouge mais cela reste raisonnable. Et c’est bien abrité du vent.

On mouille une première fois le bateau, à plusieurs mètres de la plage pour ne pas subir le ressac, une ancre dans l’eau et 2 autres à terre pour éviter d’être déporté sur les roches environnantes.

On recommencera la manœuvre une seconde fois après que j’ai découvert à la lampe frontale une barre rocheuse à moins de 20 cm sous le flotteur tribord. Plusieurs tentatives seront nécessaires avant d’arriver à crocher de nouveau l’ancre sur le fond rocheux. Pas question de mouiller approximativement avec le coup de vent annoncé pour le lendemain…

Il est 22 h passées lorsque nous pouvons enfin nous attabler dans la cabine. Fatigué et contrarié, la cuisine se résume à réchauffer une boite de cannellonis qui fera l’unanimité auprès de l’équipage : beurk !
Y’a plus qu’à aller se coucher en se disant que ça ira mieux demain.

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Cet article a 0 commentaires

  1. Quoi ??? Que lis-je ? Pas de monre à bord ? Voilà, démontré par l »exemple, ce qu »il ne faut pas oublier de mettre à bord ! D »ailleurs, n »est-ce pas obligatoire dans l »armement du bateau ?
    Sinon, petite remarque de « l »islandais » qui ne connaît pas cette magnifique côte, quoiqu »un peu trop fréquenté à mon goût : Pas de carte interactive pour suivre le périple par le menu ?
    Pas de montre, pas de carte… je ne te félicite pas 😉

    Ah si, grand merci pour les idées de nom de bateau; Sea Toy… je mets une croix sur celui-ci !

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