Le raid … c’est raide !

Priorité aux sensations et à la maniabilité, tant pis pour le confort…

On parle de raid lorsque le voilier utilisé n’offre pas la possibilité de vivre, ni de dormir, à bord.
Trop petit, trop léger, trop instable, son utilisation se résume à servir de moyen de locomotion.

Dépourvu de cabine et rarement de dossiers, le voilier de raid offre peu de confort et de protection à son équipage.
En contrepartie, sa taille réduite et son poids plume lui permettent de se glisser partout, tout en offrant son lot de sensations en navigation.

Sa pratique, qui réclame un engagement certain de l’équipage, reste la forme la plus « pure » de la randonnée nautique. Très proche de l’esprit du trek terrestre.

Loin du confort et des complications de la vie moderne, la simplicité des moyens utilisés favorise la communion avec la nature et le retour aux sources.
Le défi physique que constitue cette épreuve sportive, et la confrontation directe avec les éléments, combleront les aventuriers en quête de dépassement de soi.

Quelques exemples d’engins de raid

A part les traversées de l’Atlantique, aussi époustouflantes qu’incongrues, de Guy Delage à la nage, poussant devant lui ses affaires sur un traîneau flottant.

Ou encore celle de Rémy Bricka, tirant les siennes, debout sur des skis flottants, je ne vois pas d’équivalent nautique au randonneur à pied partant avec son sac à dos…

Le raid en kayak à voile

Moins anecdotique, on peut citer le kayak ou canoë à voile (comparable au cyclotourisme terrestre en VTT).
Si la balade est facile tant qu’on est vent arrière (ou en descente pour les vélos), les muscles des membres sont mis à contribution lorsqu’il s’agit de remonter le vent (ou la pente).

Et les muscles des bras étant nettement moins fortiches que ceux des jambes, je vous laisse deviner qui va se dépenser le plus au kilomètre, entre le cycliste ou le kayakiste…

Dans les 2 cas, charge et volume d’affaires sont à limiter au strict minimum si on veut s’épargner des efforts inconsidérés.
Néanmoins, en choisissant le sens de son trajet en fonction des vents dominants (ou des routes avec peu de dénivelé pour les cyclistes), on pourra profiter agréablement de la balade.

 

Le raid en catamaran de sport

Capacité d’emport également limitée, mais goût prononcé pour la vitesse, les raids en catamaran de sport pourraient être comparés aux rallyes en side car.
Rapides, acrobatiques … l’équipage double est aux premières loges pour bouffer des embruns (ou de la poussière).

 

Quel que soit le modèle de catamaran de sport choisi, le principe reste le même. Le catamaran est tiré à terre, lors des escales, et l’équipage dort sur la plage, ou sur le trampoline du catamaran.

L’intérêt de la formule est de se faire plaisir en naviguant (sportivement) sur des embarcations performantes et particulièrement vivantes.
Cependant, il conviendra de limiter le volume et le poids embarqué. Un catamaran qui s’enfonce dans l’eau est déplaisant en navigation, voire dangereux.

Les plus du raid en catamaran de sport

  • tirant d’eau passe partout.
  • navigation plaisante.
  • le trampoline sert de hamac au couchage.
  • léger et rapide.

Les moins du raid en catamaran de sport

  •  pas de coffre de rangement, tout doit être solidement arrimé sur le trampoline.
  • position assise peu confortable (on a les fesses posées au même niveau que les pieds…sauf si l’on peut s’asseoir sur des bancs de rappel).
  • limitation de la charge embarquée.
  • pas de possibilité de petit moteur hors bord.
  • exposition forte aux embruns.

Le raid en voile-aviron

Dans un registre plus calme, et revendiquant un penchant nostalgique pour les traditions, les raids en voile-aviron connaissent un succès grandissant …

De sérieux atouts …

Le premier atout de la formule raid est son accessibilité.

Accessibilité financière tout d’abord.
De quelques centaines d’euros pour un dériveur de plage d’occasion, à quelques milliers d’euros pour un voilier neuf. Pas de moteur, une remorque légère (voire une simple galerie sur le toit de la voiture), accastillage minime, … le budget raid est 3 à 10 fois moins élevé que celui nécessaire aux autres formules de trekking nautique.

Accessibilité technique ensuite, car ces engins particulièrement légers sont faciles à manœuvrer seul, et bien souvent, les erreurs de débutant resteront sans conséquence grave.
Le chavirage fait partie du jeu et n’a rien de catastrophique.
Une arrivée trop rapide sur un ponton se résout en tendant la main ou le pied.
Un coup de godille à la barre, ou de pagaie dans l’eau, suffit à corriger un virement de bord raté, etc…

L’autre atout de la formule, c’est la très grande liberté offerte dans le choix des escales.
Non seulement, l’engin de petite taille est capable de se glisser partout, mais surtout, son poids raisonnable permet de le hisser au sec sur la plage.
Au diable le clapot agité dans la crique, ou le coup de vent annoncé pour la nuit, le bateau et l’équipage sont à l’abri… à terre.

Notons enfin qu’une cale de mise à l’eau n’est pas indispensable pour ces bateaux légers, ce qui augmente considérablement le nombre de points de départ et d’arrivée possibles.

Et des limitations

Le raid implique malheureusement un certain nombre de limites, sans parler de la capacité, propre à chaque équipage, de supporter le confort précaire en navigation et à l’escale.

La capacité de charge, autant en poids qu’en volume, étant réduite, l’autonomie s’en trouve limitée.
Vivres et réserves d’eau rationnées, il faut pouvoir se ravitailler fréquemment.

Autre limite, la capacité à affronter le mauvais temps :

  • Pas d’abri en cas de pluie.
  • Bateau vulnérable dans la mer formée et le vent fort.
  • Pas de moteur pour étaler un fort courant lorsque le vent tombe.
  • Equipage exposé au vent et aux embruns.

Le raid exige une bonne fenêtre météo pour pouvoir se dérouler dans de bonnes conditions.

Signalons enfin qu’avec l’obligation d’installer le bivouac à terre, certaines escales ne seront pas autorisées (réserves naturelles, plages protégées, petit port, …).

Variantes

Le raid avec assistance

Il est possible de s’essayer au raid en groupe, via des stages proposés par certains clubs de voiles et autres organismes de vacances sportives.
Dans ce cas, moniteur et bateau à moteur accompagnent l’expédition, apportant le support logistique et la sécurité adéquate.

Cette formule permet de se lancer dans l’aventure sans préparation préalable, tout en limitant les risques de déconvenue :

  • bateau fourni.
  • affaires stockées au sec sur le bateau accompagnateur.
  • ravitaillement et cuisine préparés.
  • réparation en cas de casse.
  • météo, parcours et escales sont gérés pour vous.
  • assistance sur l’eau en cas de difficulté.

Pied à terre itinérant

Autre solution pour ceux qui veulent les sensations sans sacrifier le confort : faire escale chaque soir dans un hôtel en bord de plage.

La difficulté consiste à réserver à l’avance ses nuits, tout au long du trajet, sans connaitre la météo, et sans savoir quel sera le rythme de croisière.
Il est donc préférable de prévoir des étapes courtes, ou de réaliser ce type de raid en saison creuse, lorsque les hôtels ne sont pas complets.

Arriver de la plage, mouillé, hirsute et couvert de sel, avec son bagage étanche à la main, et trouver une chambre confortable, équipée d’une douche chaude, et suivi d’un bon restaurant… Le bonheur pour le raider qui pourra repartir le lendemain matin, frais et dispo.

En conclusion

Le raid nautique est une expérience toujours intense. L’aventure à l’état brut, avec ce que cela comporte comme instants magiques et grands moments de bonheur … Mais aussi son lot de galères et autres épreuves désagréables. Des souvenirs forts dans tous les cas !

Pas trop adapté aux jeunes enfants, de courtes escapades sont plus appropriées que les longues expéditions, réservées aux baroudeurs endurcis.

Notons que la formule va comme un gant à l’aventurier solitaire, prêt à en découdre, qui y trouve un engin à sa taille.

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