Si tout était idyllique au pays de la rando nautique, les criques de nos côtes ressembleraient à des parkings d’hypermarchés la veille de Noël.
Heureusement pour notre tranquillité, le trekking nautique réserve quelques épreuves à surmonter, qui suffiront à décourager les moins acharnés.

Confort d’un autre temps

La société moderne nous a habitués à une débauche de confort dont il n’est pas facile de se passer, même pour quelques jours.
Voici une liste non exhaustive de commodités dont il faudra pourtant vous priver :

  • de la lumière en abondance.
  • le frigidaire, le congélateur, le four à micro-ondes.
  • le lave-linge, le lave-vaisselle, le sèche-linge.
  • la télévision, l’ordinateur et l’Internet 24h/24.
  • l’eau tiède coulant à profusion dans la douche.
  • pas de sèche-cheveux, ni cafetière électrique.
  • l’intimité de WC spacieux, où personne ne peut vous déranger lorsque vous bouquinez tranquillement, et où une simple pression sur un bouton suffit à évacuer toute trace de votre labeur.
  • le lit King-size, à la fois moelleux et ferme.
  • le chauffage et la climatisation.
  • pouvoir s’étirer debout au saut du lit sans pouvoir toucher ni les murs, ni le plafond, avec les mains.

A cette liste de sacrifices, il convient d’ajouter quelques nuisances nouvelles :

  • les bruits du ressac sur la plage, le tapotis du clapot sur la coque.
  • les mouvements du bateau au mouillage, celui de la tente sous les rafales.
  • l’humidité, qu’elle provienne des embruns, de la rosée de la nuit ou de la condensation.
  • la promiscuité et le peu d’intimité.

A l’inverse, lorsque l’on croise d’autres randonneurs à pied avec leur sac à dos, en vélo ou en kayak, on trouve, finalement, que l’on bénéficie d’un confort très convenable, et qu’on est les rois du monde sur nos « yachts ».

Sécurité subjective

S’il est vrai qu’un petit voilier, dès force 2, vous offre les sensations d’un croiseur à force 4, la remarque reste valable à force 5 où les conditions de navigation deviennent aussi impressionnantes qu’un force 7 sur un voilier plus grand.
De là à conclure que partir en croisière sur un petit voilier est dangereux, il n’y a qu’un pas que certains franchiront prestement afin de justifier l’achat, ou la location, d’une unité bien plus importante.

Ceux-là même considèrent-ils que les véliplanchistes qui sortent par force 8 sur leur planche minuscule risquent leur vie à chaque vague ?

Fort heureusement, nos plages ne sont pas jonchées de dépouilles de funboarders après chaque coup de vent, preuve que la notion de sécurité n’est pas simplement liée à la taille et au poids de l’embarcation.

Mais, en attendant de développer plus loin les précautions et bonnes pratiques permettant de randonner avec un maximum de sécurité, je vous concède qu’un petit voilier de rando est moins armé pour affronter le gros temps qu’un croiseur de 12 mètres.

Fenêtre météo réduite

Soyons honnête, la randonnée sous la pluie, qu’elle soit en voilier, à pied, en vélo ou à cheval, c’est galère.
Quelques heures, passe encore… Plusieurs jours d’affilée et c’est la mutinerie.

Et côté vent, on l’a vu précédemment, il convient de rester dans des limites raisonnables.

Moralité, le succès de votre trek nautique est directement lié aux conditions météo rencontrées.
Le corollaire, c’est que l’activité se retrouve restreinte à la belle saison, et qu’on ne peut être certain à l’avance que la randonnée pourra se faire à l’endroit et au moment prévu.

Il faut s’adapter aux conditions naturelles et non l’inverse… Et parfois accepter de rouler quelques heures de plus pour aller chercher des conditions météo favorables, ou encore, de repousser de quelques jours l’escapade envisagée.

Signe extérieur de pauvreté

Avec un yacht d’une vingtaine de mètres ou plus, vous pouvez afficher ostensiblement votre réussite sociale et financière, surtout si vous êtes « garé » dans une marina branchée.

Échoué sur la plage avec un petit voilier, vous risquez plus vraisemblablement d’attirer la compassion de vos congénères (ce pauvre naufragé sur son radeau)… ou de passer pour un radin.

Par chance, de nouveaux petits bijoux ont fait leur apparition ces dernières années afin de rassurer vos équipiers sur votre santé financière.

   « Little ship … but not cheap ! » 

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