« Brest 2008 » et remontée de l’Aulne en Pabouk Love

« Brest 2008 » et remontée de l’Aulne en Pabouk Love

Il ne faudrait pas que les petites restrictions émises par Didier (et justifiées) dans son récit « Brest 2008 » en 420, masquent l’impression globale : une grande réussite que de faire naviguer tous ces bateaux si différents, sur un même plan d’eau, en se faisant plaisir, mais aussi en faisant plaisir aux spectateurs terriens.
Il faut réaliser le nombre de personnes que tout cela met en branle : organisateurs, visiteurs, équipages, sécurité, presse…

A mon sens, la plus grande réussite consiste à ne créer aucun esprit sectaire.
Il y a en même temps sur l’eau :

  • des bateaux de travail
  • des voiles avirons
  • des croiseurs
  • des grands voiliers écoles et des charters
  • des invités des pays lointains avec des embarcations aussi exotiques que différentes,
  • mais aussi Brit Air, Veolia, Groupama et les autres,
  • Tara,
  • la marine nationale,
  • la SNSM.

Bref, tout ce qui, sur l’eau, peut avoir « du caractère ».
Et tout cela se mélange dans le plaisir de se trouver ensemble dans une même passion sous des formes si différentes.

Et cela fait du bien, à la fois de reconnaître l’existence des « tribus « , et en même temps de les inclure dans un ensemble plus étendu.

Alors bien sûr, cela fait du brouhaha, et il faut arriver à se ménager des moments d’isolement, quand le plan d’eau se vide.

Pour ma part, je ne suis pas allé à Douarnenez. Je me suis éclipsé pour naviguer sur l’Aulne, une grande première pour moi, dans le calme et la solitude de la remontée d’une rivière sous l’influence de la marée, vent et courant portant, après une nuit à un mouillage libre, peu après le pont de Terennez, avec le passage de ma première écluse à Port Launay.

Bref des souvenirs forts.

Une autre anecdote pour « expliquer » la magie de Brest : la réalisation du port du fort avait pris beaucoup de retard, à cause du temps de l’hiver et du printemps, et il était difficile de se ravitailler en essence.
Un matin tôt, il nous en fallait vraiment. Je me renseigne auprès d’une personne qui attendait la navette sur laquelle nous rejoignions le quai.

Non seulement nous n’avons pas eu un vague renseignement, mais ce monsieur nous a accompagné à la guérite de contrôle (la Penfeld est terrain militaire normalement complètement fermé à toute personne étrangère à l’armée), il y a pris le téléphone sous le regard respectueux de la sentinelle, a demandé à plusieurs interlocuteurs successifs où trouver de l’essence.
En raccrochant il s’est presque excusé, m’expliquant être le commandant de la base militaire de la Penfeld, et que tout n’a pas pu être réglé à temps…

Nous avons ensuite papoté au moins une heure en se tutoyant, il avait le Muscadet au mouillage juste derrière nous, et il espérait que nous garderions un bon souvenir de notre passage dans son « fief ».

Quand je lui ai dit mon projet de remonter l’Aulne jusqu’à Chateaulin, il s’est mis à me décrire tous les trucs possibles pour s’y échouer, remonter la nuit en profitant de la lumière de la lune, pour rester dans la partie profonde du chenal non balisé.

Une rencontre mémorable due à cette volonté délibérée des Brestois de créer un moment d’accueil et de partage de cette passion commune de la mer.

Ou encore, ces bénévoles issus des clubs sportifs de la ville, qui conduisaient les navettes et les semi-rigides pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’être aussi sur l’eau.
Ce sont eux qui nous ont ramenés de Moulin Blanc à la Penfeld juste par gentillesse.

Et encore, ce concessionnaire Honda qui prend mon 2.3 cv pour la révision à 11h45, parce que j’ai 1800 Kms à faire et que j’aimerais partir le plus tôt possible.

Et puis aussi, ce participant aux manifestations qui s’éclipse lui aussi pour remonter l’Aulne, rencontré pendant sa traversée de la rade de Brest sous spi en solo.
Ayant des doutes sur la possibilité de réaliser mon projet à cause d’un départ trop tardif, je lui demandais son avis sur l’horaire, expliquant ma demande par mon inexpérience absolue de ce genre de navigation (malgré les conseils du « commandant »). Il m’a juste répondu : « suis-moi, j’y vais aussi… ».

Peut-être une attitude normale là haut, mais que je n’imagine pas facilement sur la côte,
bref un grand nombre de rencontres qu’il serait trop long de toutes citer, en plus du spectacle.

Voilà pourquoi l’impression dominante qui reste de cette manifestation, c’est l’envie d’y être à nouveau pour 2012, malgré la distance à parcourir.

Les Anglais y sont assez nombreux et les commentaires de leur part concernent le fait que tous ces beaux bateaux réunis naviguent vraiment, par comparaison à de nombreuses réunions chez eux.

Alors ? Pas encore convaincu d’y aller ?…

Retour au calme

Pour nous, après deux jours de nav’ en flottille, il est temps de retrouver un peu de calme et de profiter de la rade de Brest qui sera traversée en direction de l’Aulne.

Premier mouillage. La marée a commencé à baisser et il faut attendre le retour de la marée montante en essayant de ne pas trop se planter pour la nuit.

Dans ce petit hameau, après le pont de Terennez, les habitants viennent s’asseoir le soir, sur des bancs devant la cale, et regardent les bateaux au mouillage.
Et dans les cockpits, une fois le repas pris, on regarde…les gens assis sur les bancs : deux mondes se côtoient.

Le lendemain matin, départ courant et vent portants dans un silence absolu…

 

Jusqu’à l’écluse de port Launay, sous un temps brestois (c’est le 14 Juillet…).

L’entrée de l’Aulne s’est faite à l’aide d’un mousquetaire du coin qui semblait bien à son aise dans la rade, en direction de la rivière.

Le soir, malgré notre incompétence notoire, il est décidé de rester au mouillage, presque à l’entrée après le pont de Terennez.
La logique voudrait que l’on profite de la marée montante du lendemain.

Et voilà comment on a retrouvé notre guide à l’écluse le lendemain : arrivé trop tard pour être éclusé, il a dû passer la nuit le long du quai et se poser sur un fond manifestement pas accueillant.

Notre décision de patienter nous a permis de passer une nuit sereine. Heureusement, le skipper connaissait bien la musique mais, tout de même, quelle nuit !!

Quelques heures plus tard, tout va bien. Il manque juste des heures de sommeil…

Une fois à Port Launay, il est décidé de ne pas aller jusqu’à Châteaulin.
Il faudrait encore courir pour utiliser au retour la même marée qui se retire, à condition de ne pas rater l’heure.
Nous préférons profiter un peu de ce que nous avons réussi à faire : une rivière + une écluse + le crachin.
Il faut être en bon état pour le retour et nous ignorons tout de la force du courant et du temps qu’il faudra pour rentrer.

Cela veut dire, en clair, que nous ne savons pas où nous serons ce soir et donc, si nous pourrons éviter de nous mettre à sec dans la vase, un mouillage nous conviendrait mieux.
Alors un peu de marche.

On repart par la même écluse dans l’autre sens. Ça a l’air tout simple à dire, mais il est vite fait de se mettre en vrac dans ces remous…

Une fois dehors, à nouveau courant portant, bien que sans un soupçon de vent, ou bien vent debout, ça vaut les efforts et le déplacement.

Après beaucoup de moteur, pour éviter de se retrouver dans la situation du mousquetaire, nous arrivons au cimetière de bateaux de la marine nationale. Beaucoup d’autres bateaux plus gros (non moins petit) nous ont dépassé pendant cette descente au moteur.
Il aurait fallut prendre plus de temps pour profiter du calme et passer une nuit seuls dans la vase, quitte à juste se laisser poser tout droit et attendre que ça remonte nous a-t-on dit.

Tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Ça m’aurait bien plus, cet « engluement », mais j’étais un peu préoccupé par ce qui se passerait dans le ballast enfoncé dans 80 cm de vase molle

Arrivée au cimetière marin, dans une ambiance surréaliste.
Mais il était temps d’arriver, le niveau était déjà bien bas.

 

Le lendemain, départ dans un petit matin d’été : traversée de la rade vers Brest, et le beau temps pour retrouver ce type d’ambiance.

Il reste beaucoup de kilomètres à remorquer le bateau mais les images persistent et imposent un retour en 2012, autant pour le spectacle que pour l’ambiance humaine.
D’ici là, le bateau sera rodé et l’équipage plus habitué à ces parages, si différents de nos côtes ensoleillées.

De Jean-François De R., avril 2009

Cet article a 0 commentaires

  1. Randonnée voile-aviron Merci pour ce joli récit.

    A signaler que si vous voulez découvrir ces paysages, sans attendre 2012, une randonnée voile-aviron y est organisée le week-end des 4,5 juin. Renseignements et inscription sur le site Internet : « Route du Sable ».

  2. Revivez l »Aulne maritime …Un clin d »oeil des paysages et des balades … sur antreizh.fr

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