De Cavalaire à Porquerolles en trimaran Astus 20 et Magnum 21

De Cavalaire à Porquerolles en trimaran Astus 20 et Magnum 21

Quand la météo décide

Une bonne météo est la base d’une rando réussie !
15 jours avant, nous avions annulé, à regret, notre rando à 3 trimarans sur Marseille, face aux menaces insistantes de pluies orageuses… qui s’étaient avérées exactes.

Cette fois, ce pont de l’Ascension de 4 jours, pas question de rester à terre, quitte à aller chercher le beau temps où il daignera officier !
Durant les jours qui précèdent la date du départ, nous restons pendus aux prévisions météo, sur une zone de 600 km allant de la côte espagnole jusqu’à la côte italienne.

Pour le soleil, il n’y a pas de problème, c’est carton plein.
C’est plutôt coté vent que les prévisions se montrent un peu trop généreuses. Coup de vent prévu pendant 3 jours sur Marseille et petite Tramontane sur l’autre destination qui nous intéressait, entre la France et la Costa Brava espagnole.

On se décide le jour du départ pour un plan de repli qui s’avérera payant : l’est du département du Var entre Saint-Tropez et Porquerolles.

Une cale de mise à l’eau parfaite

Point de ralliement : la très agréable cale de mise à l’eau de Cavalaire. Gratuite, large et bien aménagée, elle est parfaite pour préparer tranquillement les bateaux.

C’est Marc et Sylvie qui sont à pied d’œuvre les premiers. Partis de Nevers la veille, ils sont arrivés durant la nuit et ont campé pour ainsi dire sur la mise l’eau, calés l’un contre l’autre dans le fond du cockpit de leur Magnum 21 !

Lorsqu’on les retrouve le matin, c’est le coup d’envoi de la « compète » amicale que l’on se livre à chaque fois pour savoir qui sera le plus rapide pour aller sur l’eau.
Partis avec un matage de retard, on se refait en mettant à l’eau avec les flotteurs encore repliés.

Marc a reproduit sur ses poutres les encoches apparues cet hiver sur les derniers Magnum 21 et qui permettent de gagner quelques minutes en engageant les poutres comme des ampoules à baïonnette. Cela fonctionne bien mais il lui faudra encore d’autres trouvailles pour espérer battre le recordman du monde en titre du matage/dépliage/mise à l’eau, catégorie Astus 20.

Sur les aimables indications d’un indigène, nous garons les voitures et remorques sur un terrain de sport en terre battue quelques centaines de mètres plus loin. Parfait.

Le volume de chargement sur chaque bateau est vraiment impressionnant (l’équivalent de 20 caisses plastique dans notre cas !). Pour 4 jours, on en embarque finalement autant que lors de nos randos estivales qui durent pourtant plusieurs semaines !
Faut dire que Marc ne s’est pas privé sur les réserves de liquide (dont un peu d’eau… quand même) et que, de notre côté, nous embarquons une petite passagère de plus.
Marilou aura 3 ans demain. La voilà apte à rejoindre ses 2 aînées à bord pour des expéditions de plusieurs jours.

Moins d’une heure après être arrivés sur place, nous voilà prêts à prendre le large, malgré le temps passé en retrouvailles, découverte des lieux, chargement, rangement, parking et autre coup de main aux copains qui ont un peu de mal à s’en sortir à deux avec leur Magnum… (non là, j’abuse, c’est plutôt eux qui nous ont surveillé la marmaille pendant qu’on mettait le yacht à l’eau).

Première pause pique-nique à Cavalaire

Sans plus attendre Pierre qui devait nous rejoindre et dont nous n’avons pas de nouvelles, nous appareillons vers les plages à l’ouest de Cavalaire, à la recherche d’un coin sympa pour pique-niquer.

La tâche n’est pas aisée car le clapot « à l’envers » crée du ressac sur le rivage des plages abritées du vent. En effet, malgré le vent portant de 2-3 beauforts qui nous pousse sous spi, le clapot arrive d’en face, témoignage du coup de vent en cours, plus à l’ouest.

La faim aidant, on finit par se décider à relâcher à la plage de Pramousquier, à proximité du rivage, … juste devant une plage privée. Ce n’est pas pour les embêter mais c’est l’endroit le moins agité de la baie.
Il faut aussi préciser que personne ne se baigne dans l’eau encore fraîche à part un petit garçon visiblement vacciné contre l’hypothermie et probablement insensible aux piqûres des quelques méduses qui traînent dans les parages.

On déballe nos victuailles à quelques pas de là, blottis dans le cocon protecteur d’une micro crique qui rassemble, sur quelques mètres, tous les ingrédients du « coin sympa pour pique niquer » : tranquillité, abrité du vent, un peu de sable pour s’allonger au soleil ou faire des pâtés, un peu d’ombre et des pierres pour s’asseoir, une micro piscine pour que la petite puisse patauger dans l’eau légèrement réchauffée, des minis falaises à escalader, une « digue » en enrochement naturel pour tenir les méduses à distance et quelques crabes à traquer.
Le bonheur, tout simplement !

On serait bien resté là toute l’après midi s’il n’y avait l’objectif d’aller dormir au Cap Taillat. Sans parler de ce clapot qui s’oriente maintenant à l’est et qui incite à abandonner notre mouillage au ras des cailloux.

L’entre deux fronts

15 heures, nous voilà repartis dans l’autre sens. Dommage que le vent d’ouest de force 4 annoncé par la météo ne soit pas parvenu à prendre le dessus sur ce vent d’est qui nous oblige maintenant à tirer des bords de près.
A mi-chemin seulement du retour vers Cavalaire, le vent faiblit et nous nous traînons. Tant pis pour Taillat encore loin, nous décidons de repartir dans l’autre sens, au portant, vers Brégançon.
Revenus au niveau de notre pique nique, le vent retombe presque complètement. Pas de doute, nous voilà plantés entre le front d’est et celui d’ouest.
On se fait ballotter par le clapot en attendant de voir lequel des 2 vents triomphera de l’autre.
Marilou, qui jouait dans la cabine avec ses sœurs, chope le mal de mer. Évacuation immédiate dans le cockpit et démarrage du moteur pour stabiliser le bateau.

Les voiliers plus à l’ouest semblant également encalminés, Marc propose de repartir au moteur vers notre objectif initial, le Cap Taillat. C’est juste la quatrième fois de la journée que l’on refait ce chemin … et dire qu’il faudra se le refaire demain pour aller vers Porquerolles !

En passant devant Cavalaire, on touche assez de vent pour continuer à la voile, au moins sur le bord de près le plus favorable, l’autre étant avalé sans vergogne au moteur… La route est encore longue jusqu’à la plage de sable blanc promise et je ne veux pas risquer la mutinerie dès le premier jour.

Tandis que je commence à sérieusement regretter d’avoir perdu du temps en ne poursuivant pas vers l’ouest, un appel sur le téléphone portable me fait remercier Marc d’avoir pris la décision de ce dernier revirement. Pierre est finalement arrivé sur Cavalaire et le voilà prêt à nous rejoindre, à ¾ d’heure seulement derrière nous.

Escale de rêve au Cap Taillat

Nous touchons terre à 19h30. Les filles en avant-garde prennent aussitôt possession, au nom du roi, de cette jolie plage de sable fin et déserte. Pendant ce temps, comme aurait pu le chanter Colas, mon petit frère, maman est par là, qui fait le repas et papa est sur l’eau, qui prépare le dodo.

Depuis le passage du Cap Lardier, nous avions constaté avec satisfaction une accalmie notable du clapot. Cette tendance se confirme dans la petite anse où nous nous blottissons, et qui reste parfaitement calme malgré son chenal orienté vers le vent d’est.
Une fois Pierre, le troisième larron, et son Astus 20, arrivés, notre marina naturelle affiche complet.
Il faut préciser que Cap Taillat est un parc naturel très protégé et qu’il est interdit d’y beacher la nuit (et encore moins d’y dormir à terre). On laisse donc flotter les bateaux un minimum et il faut alors leur ménager un peu d’espace libre autour.

Première nuit

Le repas, agrémenté par le « cubi » de rosé de Marc, est pris ensemble sur la plage puis chacun regagne ses pénates.

Pierre, venu seul cette fois, est le plus facile à caser dans sa cabine.

Marc et Sylvie innovent un trampoline-hamac tendu sur le cockpit pour pouvoir installer leur tente igloo (Décathlon T2) au centre du bateau. L’objectif est d’éviter de devoir caler leurs flotteurs au-dessus de l’eau avec des bouées gonflables et de profiter d’une tente plus large que celle qui peut tenir sur leur trampoline.

Sur notre Astus 20, on teste 2 nouvelles configurations : le couchage à 4 en cabine grâce aux nouvelles couchettes « cercueils » et le couchage en solitaire sur le trampoline dans la demie « tente-abri » T0+ de Decathlon.

A 2 heures du matin, je suis réveillé par les à-coups du bateau sur ses amarres. Je sors sur le pont, laisse du mou sur l’ancre avant et souque l’amarre arrière pour venir caler contre le sable de la plage, le pare battage de protection placé sous la jupe. Pierre est aussi sur son pont pour corriger le même phénomène qui semble épargner nos camarades sur le Magnum 21 qui dorment à poings fermés.

Par contre, à 4 heures du matin, ce sont ces derniers qui seront réveillés, non pas par les mouvements de leur bateau apparemment échoué (ben oui, même en méditerranée il y a des marées), mais par le froid. Une importante condensation s’est accumulée à l’intérieur de leur chambre de tente et l’eau stagne dans la cuvette formée par leur hamac, trempant au passage leur duvet.

En route pour le Lavandou

Le lendemain matin, tout sera vite séché au soleil. Les filles font la connaissance d’Anaée et de Voltaire, son colossal chien, débarqués d’un grand catamaran de croisière au mouillage, pour se dégourdir les jambes.

Le nec plus ultra pour l’album souvenir d’une rando en … yacht de luxe à moteur : se faire filmer par hélico ! On voit qu’on n’est pas loin de Saint-Trop’… (c’est combien déjà la vitesse limite dans la zone des 500 mètres ?).

Nous repartons en fin de matinée profitant d’une brise de force 2 à 3.
On se régale à suivre la côte en tirant des bords de grand largue sous spi, poussant des pointes à près de 10 nœuds dans les rafales avec une facilité déconcertante.
C’est lors d’une accélération de ce type que Léa, très concentrée sur la barre, parviendra à décrocher nos 2 poursuivants juste au moment où ils allaient nous rattraper… Elle en jubile encore.

Deuxième pique-nique, chouette aussi

Petit arrêt après Cavalaire devant une plage déserte qui, derrière ses airs « limite hostiles », avec ses fonds pavés de cailloux et son petit ressac, s’avérera une halte très agréable.
L’eau paraît plus chaude et aucune méduse à l’horizon… c’est parti pour une tournée générale en masque et tuba, sur fonds transparents et poissonneux.

On s’installe pour le pique-nique, sur une sorte de terrasse ombragée très agréable.
L’heure est ensuite à la flânerie, entrecoupée d’âpres négociations avec les filles, qui nous refourguent les pierres précieuses qu’elles récoltent sur la plage.

Escale dans la baie du Gau

Il est presque 16 h lorsque nous reprenons la route, direction la baie du Gau, après Le Lavandou.
Le vent a tourné et faiblit de nouveau. Nous voilà au près et je suis agréablement surpris de voir que nous continuons de devancer le Magnum de Marc et Sylvie, malgré notre chargement et l’inexpérience de Julie à la barre.
Je me remémore alors nos premiers bords ensemble il y a un an tout juste et où nous peinions à suivre le Magnum dans ces conditions de vent léger, sans parvenir à expliquer ce gain de vitesse depuis …

Pierre, quant à lui, teste l’option de remonter au vent avec son gennaker. Il atteint de bonnes vitesses mais perd trop au vent et se retrouve rapidement largué derrière.
Le vent qui tombe ensuite mettra tout le monde à égalité pour rejoindre notre destination au moteur.

Happy birthday Marilou !

Ce soir, Nous donnons une réception à bord ! Les autres équipages sont invités à venir fêter l’anniversaire de Marilou avec nous.
En casant les 2 grandes sœurs dans la tente sur le trampoline, on tient sans problème à 5 adultes et un bout de choux autour de la table, le trampoline restant servant de desserte.

A défaut de bougies, Marilou soufflera pour l’occasion… 3 lampes torches.

La nuit sera paisible. Profitant de la place disponible, chacun avait décollé son bateau de la plage en lui laissant plus de mou pour éviter les à-coups.

Marc et Sylvie, qui avaient cette fois intercalé un matelas isolant sous leur duvet, ont même pu dormir au sec.

Florence ayant trouvé le matelas de la cabine un peu trop ferme la nuit précédente, c’est moi qui ai le privilège de dormir dans la cabine avec les 3 enfants. L’espace est réduit mais chacun dispose de suffisamment de place pour pouvoir se retourner sans toucher les autres… enfin, jusqu’à une certaine heure du petit matin où il a fallut que je remette à leur place certains enfants migrateurs qui étaient partis ramper chez le voisin.

Coté tente de trampoline, Flo a trouvé, comme moi, que c’était très plaisant. Il y a de la place, la partie au-dessus du flotteur servant de table pour poser ses affaires. Le confort du trampoline est amélioré par l’utilisation d’une mousse de 3 cm d’épaisseur qui sert également d’isolant.
Enfin, en l’absence de double toit, je craignais une condensation excessive mais finalement, celle-ci s’avère plus limitée que dans la cabine.

3ème jour, direction Porquerolles

On repart en fin de matinée en rejoignant une grosse régate de croiseurs passant le Cap Bénat, lorsque le vent tombe.

On s’échappe alors au moteur jusqu’à la plage suivante qui, pour une fois, ne vaudra pas le détour : eau trop calme où stagnent les débris d’algues, méduses à profusion et grande plaque rocheuse ne facilitant pas l’accroche des ancres.

On s’enfile rapidement le déjeuner, puis l’on repart sous spi jusqu’au Fort de Brégançon, avant de tirer bon plein vers l’île de Porquerolles, distante d’une dizaine de kilomètres, dans un force 2 bien agréable.

Marc doit rentrer son spi asymétrique à cette allure trop près du vent.
Nous roulons le notre pour ne pas les laisser derrière, nos 3 m² de toile supplémentaires suffisant largement à compenser notre chargement et notre fardage supérieur.

Pendant ce temps, le Pierre, qui lui, a conservé son gennaker, nous met un bon kilomètre dans la vue… avant de nous attendre à la cape une fois arrivé à Porquerolles.

La marque de parcours mouillée à la pointe de l’île nous donne l’occasion de recroiser la régate et quelques superbes unités de course.

Escale à Porquerolles

Nous beachons 2 kilomètres plus loin sur une jolie plage étonnamment tranquille alors que le mouillage qui lui fait face est pourtant bien empli.
On passera là le reste de l’après midi, à bricoler pour les uns, ou à aller voir le fort et les plages alentours pour les autres.
Les enfants font également leur programme à la carte entre les amateurs de jeux dans le sable et les explorateurs en herbes.

 

Nous repartons en fin d’après midi vers le village de Porquerolles.

Rencontre avec une sirène

En chemin, nous apercevons René qui a mis son Magnum 21 à l’eau à Hyères, dans la journée, pour rejoindre l’escadre maintenant armée de 12 coques et flotteurs.
On notera au passage que la laize de couleur qui barre le haut des voiles des Magnum est fort pratique pour les repérer de loin.

Tandis que nous rattrapons René, aidé par notre gennaker, celui-ci, fin tacticien, nous sort sa botte secrète pour éviter d’être rejoint. Dans un empannage savamment orchestré, la bôme balaye le cockpit, emportant avec elle son équipière nonchalamment alanguie sur la jupe arrière … et plouf !
D’un geste prompt, René se déleste aussi sec de sa bouée fer à cheval et du feu à retournement associé, histoire de grappiller encore quelques dixièmes de nœuds.

Passant dans le coin, j’en profite pour montrer aux enfants, estomaqués, une sirène vivante. Je lui tends la main et me présente :
« bonjour !… Jean-Marc »
« Bonjour ! … ce qu’il reste de Christine » répond-elle, la fraîcheur du bain forcé n’ayant pas entamé son sourire ni son humour.
Jusqu’à la fin du week-end, les enfants l’adopteront sous le nom de « Christine la sirène ». Voilà comment naissent les légendes… et comment René parvint le premier à la Pointe Prime pour le mouillage du soir.

détail de la photo précédente : Christine en train de se faire éjecter en arrière par la bôme !

La soirée qui suivra dans un petit restaurant au village sera des plus agréables.
Un bon point pour la crèperie-pizzeria-moules-frites à l’angle de la place du village, qui vous sert une rouille Sétoise succulente, sans oublier l’excellent rosé local, « un nectar de première » qui mérite aussi de se pencher sur son cas …

Encore une nuit tranquille et sans vent, juste troublée par le passage de quelques bateaux-taxis ramenant leurs clients sur le continent.

4ème et dernier jour

Dernier jour déjà… Virée sur l’île de Port Cros au programme, avant que chacun ne remette le cap sur son port de départ.

Pas de précipitation pour appareiller car le vent n’est pas encore là.

Pour dormir à plat, mieux vaut s’installer dans la coque centrale et avoir des flotteurs flottant simultanément à l’arrêt… ou alors, prévoir un volume de flottabilité plus conséquent que la bouée fer à cheval !

La pitchoune en profite pour donner des cours de natation à sa poupée.
Après ces quelques jours passés, nous voilà rassurés sur l’opportunité de sa présence à bord.

A l’aise sur le bateau, enchantée de la liberté offerte aux escales, elle semble ravie de l’expérience… autant que le reste de la famille qui se délecte de l’entrain qu’elle apporte à l’expédition.

Le temps de remonter les ancres et de hisser les voiles et le vent se lève.

Direction l’île de Port Cros

Chouette…encore du portant ! On peut s’amuser à longer la cote en essayant d’éviter les recoins déventés. Puis nous voilà au large, entre les 2 îles.

Le vent monte doucement et la foulée s’allonge. Partis après nous, René et Christine fondent sur nous, boostés par les rafales qu’ils accrochent avec leur spi asymétrique.
Malheureusement, au premier tiers de la traversée, le vent se cherche, hoquette et tournoie.

Les Astus en profitent pour s’échapper loin devant sans trop que l’on sache pourquoi.

Peut-être la plus grande stabilité de leur gennaker dans ce vent variable, par rapport aux spis asymétriques qui équipent les Magnum 21 et qui ont tendance à se dégonfler dans les molles ?

Après cette traversée que Pierre, toujours devant, aura avalé en à peine ¾ d’heure, nous nous retrouvons tous, amarrés à la queue leu leu au ponton de la plage du sud.

Cet amarrage peu orthodoxe ne facilite pas les déplacements entre bateaux, ni le débarquement à terre, mais peu importe car le plus spectaculaire, à Port Cros, ne se situe pas à terre mais sous nos coques.

L’aquarium

La faune aquatique de cette réserve naturelle est aussi riche que peu farouche, donnant l’impression de plonger dans un aquarium.

Dehors, il fait chaud et les tauds de soleil fleurissent sur nos bateaux.

Dans l’eau par contre, malgré nos combinaisons, c’est plutôt frisquet. Mais une fois la tête sous l’eau avec masque et tuba, plus personne n’y prête attention devant la magie du spectacle.
C’est qu’on n’est pas habitué à voir autant de bestiaux de 60 à 80 cm nous tourner autour d’aussi près.

Retour musclé

Le vent monte dans l’après midi, ce qui est de bonne augure pour notre long retour sur Cavalaire. Nous hissons les grand-voiles et quittons l’abri de notre anse pour repartir au portant.

« Tu ne mets pas le gennaker ? » s’étonne Florence, tandis que l’on se lance à la poursuite de nos compères, dans la passe entre l’île de Port Cros et l’île de Bagot.
Prudent, j’attends d’être dehors, pour voir… Et c’est vite vu. Une fois quitté l’abri de Bagot, ça se met à pousser fort. Le bateau accélère franchement et c’est parti pour une série de surf avec des pointes à plus de 13 nœuds (malgré les 2 pare battages qui ont glissé du trampoline et qui traînent dans l’eau).

Pendant que maman est en bas, qui installe les 3 filles pour la sieste dans la cabine, papa est en haut, hyper concentré à la barre car avec la grand voile haute, mieux vaut accompagner chaque rafale en abattant suffisamment tôt pour ne pas se faire embarquer dans une aulofée, où le bruit de la grand voile choquée, claquant au vent, risquerait d’inquiéter les moussaillons.

Passées les 5 premières minutes, tendu, à jauger la puissance croissante du vent et s’assurer de ma capacité à contrôler le bateau avec toute sa toile, je commence à me détendre et à profiter du plein de sensations.

Petit coup d’œil aux alentours pour constater que Marc et Sylvie s’en sortent bien, mais j’ai perdu la trace de Pierre.

Il apparaît tout d’un coup, à quelques dizaines de mètres sous notre vent, majestueusement suspendu au sommet d’une vague, qu’il attaque ensuite tranquillement en surf. Haut perché sur le dossier du cockpit, il nous passe avec aisance comme s’il s’agissait d’une simple promenade. Encore un autre qui prend son pied. Et moi qui m’inquiétais de le savoir seul à bord pour gérer ce petit coup de vent…

Cela fait quelques jours maintenant que Marc et moi l’observons, et je dois dire que ce gars m’impressionne. Il faut le voir manœuvrer seul, bondissant de la proue à la poupe, pour préparer une ancre ou décoincer un bout d’emmagasineur, avec l’agilité du félin dont il arbore d’ailleurs la crinière.
Navigation physique aussi lorsqu’il glisse sous gennaker, installé sur le trampoline sous le vent avec le bras et la jambe tendus en guise de tangon. Je comprends maintenant qu’il ait eu quelques courbatures après sa première sortie sur son nouveau jouet.
Pour l’heure, j’interpelle Florence pour lui demander de prendre rapidement quelques clichés de ses surfs fougueux avant qu’il ne s’envole loin devant. Trop tard, le vent s’effondre brutalement. Fin de la cavalcade.

Pouvoir débouler à ce train d’enfer jusqu’à Cavalaire aurait été tellement parfait… ça n’aura duré qu’un quart d’heure, le temps de retrouver ce foutu front d’est qui nous oblige à retirer quelques bords. On se console en profitant de la houle favorable pour s’offrir quelques jolis surfs … au près serré.

Petit coup de fil à René encore au mouillage à Port Cros pour le prévenir du coup de vent d’ouest qu’il va prendre en pleine face lorsqu’il repartira vers Hyères, histoire qu’il mette de l’ordre dans ses bosses de ris avant. Mais, là aussi, le vent tombera, et c’est au moteur face aux vagues qu’il ramènera sa sirène à bon port.

Même pénitence pour Marc qui bénira Eole de s’être préalablement calmé, lorsque la soudure de son aiguillot de safran cassera net, le privant du contrôle de son Magnum 21.

Ne reste plus en course que les 2 Astus 20 qui, après avoir pris des options très éloignées sur le chemin du retour, terminent ensemble dans un mouchoir de poche à l’entrée du port de Cavalaire.

Fin de la balade.

Post-scriptum

Waouh ! Cette virée magistrale m’a donné une pêche d’enfer ! La satisfaction que tout ce soit très bien passé et la jubilation d’avoir vécu et partagé 4 jours fabuleux.

Les enfants ? On a l’impression de les avoir à peine vus, affairés qu’ils étaient sur les plages ou avec les autres équipages, preuve que tout allait bien pour eux.
Et Flo, partie fatiguée, la voila reposée et détendue, avec l’impression de « ne rien avoir fait », comparé au rythme de la maison.

Bref, tout l’équipage est gonflé à bloc pour continuer de plus belle ! Chouette.

Texte de Jean-marc Schwartz, photos de Marc Slaney, Pierre Charles et Jean-marc Schwartz

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