Terrasse avec vue sur mer
A peine sortis du fiord de Vrboska (1), nous filons accoster sur l’îlot toute proche de Zecevo (2) pour le pique-nique.
Accoster est un grand mot car le rivage tapissé de rochers nous impose de garder nos « distances » pour mouiller … Disons, 1 mètre.
Une simple ancre à l’avant suffit car le plan d’eau est calme et le vent nous maintient parallèle à la berge.
On installe le taud de soleil et la table dans le cockpit pour casser la croûte tout en appréciant à sa juste valeur notre terrasse posée sur l’eau limpide.
La baignade après le repas sera de courte durée. Pas grand-chose à voir sous l’eau que l’on trouve encore un peu trop fraîche à notre goût.
En temps normal, les eaux croates sont franchement chaudes l’été : entre 24 et 26 degrés, voir plus. Mais le violent coup de Bora des jours précédents a fait chuter la température de la mer à une petite vingtaine de degrés, peut être moins.
Malgré la chaleur ambiante et la tentation de cette eau turquoise, impossible d’y traîner plus de quelques minutes. Il faudrait qu’on aille l’été faire quelques stages de survie en Bretagne pour nous endurcir…
Lorsque nous reprenons la route, le vent est monté d’un cran. Force 4 en plein dans le pif.
Avec un ris dans la grand voile, nous tirons un premier long bord vers la ville de Bol (3) sur l’île en face. Malgré le clapot court et la vitesse, le bateau ne mouille pas. Cool.
Par contre, avec le vent qui souffle, il fait frisquet et nous sortons les coupe-vent.
Un truc vraiment sympa en Croatie pour un fan d’exploration comme moi, c’est que, lorsqu’il s’agit de tirer des bords, on sautille fréquemment d’une île à une autre, compte tenu de leur quantité et de leur proximité. Il y a toujours une côte devant l’étrave à aller voir. Pas de bord fastidieux vers le large où l’on s’impatiente de pouvoir virer afin de revenir vers la rive où il y a des choses à voir.
Du coup, ça fait des vacances à mon équipage qui, d’ordinaire, a droit à un virement de bord toutes les 3 minutes pour rester au contact de la côte.
Mais leurs vacances sont de courte durée car nous voilà vite parvenu à l’île de Brac (4) que je me fais un malin plaisir de longer en reprenant mon ballet classique de virements de bord.
Plage de rêve
L’objectif du jour est connu depuis ce matin, lorsque nous avons vu la photo aérienne d’une plage idyllique, sur un dépliant d’excursion en « promène couillons ».
Une plage,… on en rêve ! Pourvoir poser la jupe de notre trimaran sur la rive et débarquer pieds nus sur le sable chaud…
Et Zlatni Rat (5), la plage en question, m’a l’air sublime. Une longue langue de sable blanc qui s’avance au milieu des eaux couleur lagon, au pied d’une forêt proposant son ombre bienfaisante.
Cap sur cette jolie pointe de flèche qu’on aperçoit au loin, posée sur la mer adriatique et montrant la direction du bonheur !
Et puis, plus on s’approche, plus le mirage se dissipe. On commence par distinguer la fourmilière. Des petits points noirs qui grouillent sur le sable.
Le tableau de l’été n’a plus rien à voir avec la photo prise l’hiver… Il y aurait, comme qui dirait, une légère hausse de la fréquentation.
Les déconvenues ne s’arrêtent pas là : de près, le sable blanc s’est transformé en gros gravier beige.
Je repère une première zone où beacher, au pied de la flèche de « sable », mais préfère aller vers la pointe, à un endroit où il y a un peu moins de monde et un chenal d’accès pour les bateaux.
A peine posé le pied à terre qu’un croate nous tombe dessus pour nous faire déguerpir. Visiblement, il se réserve l’usage du chenal pour son activité de ski nautique et autres bouées tractées. Le temps de prendre rapidement une photo et nous fuyons cet endroit pas idyllique du tout. Inutile de réveiller les filles en train de faire leurs deux heures de sieste dans la cabine.
Pour info : Zlatni Rat signifie « corne d’or » en croate. Sa pointe effilée peut se modifier d’un jour à l’autre au gré des vents et des courants. Bien exposée au vent, elle est réputée comme spot de planche à voile.
Décharge « naturelle »
Nous retraversons rapidement vers l’île de Hvar (6) puis continuons de tirer des bords jusqu’à entrer dans le golfe tout en longueur de Starogradski Saljev (7).
Déjà 19 heures. Trop tard pour passer du temps à dénicher le lieu de bivouac idéal.
On repère une grève de cailloux qui a l’air sympa …
Jusqu’à ce que l’on y découvre un gros tas de poubelles ! C’est malheureusement chose courante dans ce pays où d’innombrables fonds de crique se transforment en décharge publique et où l’on retrouve des boites de conserve éparpillées dans la nature …
On va donc s’amarrer un peu plus loin (8), de nouveau au ras des rochers, et en espérant qu’il n’y ait pas de coup de vent pendant la nuit.
Au pied du buisson derrière nous, 7 grosses bonbonnes de vin en verre ont été abandonnées là… C’est un endroit inaccessible où l’on peut être certain qu’aucun service de nettoyage, à supposer qu’il en existe, ne passera jamais. Consterné, je reste sans voix.
Remarque, après une telle rasade, c’est sûrement normal qu’ils ne se souviennent plus où ont été rangées les « bouteilles » vidées pendant la soirée…
De Jean-Marc Schwartz, novembre 2007
Marc B
25 Nov 2007Superbes, ces chroniques croates en tri! Vivement les épisodes suivants !