Récupération de Caravelle à Belle Ile
Cette année-là (2005), en voyage initiatique en Bretagne. Morgane, ma fille, née à Rennes, ne connaissant pas bien le nord Bretagne.
Nous partons donc sur la route avec le VW et Ben (le fils du Capitaine du Juben) pour un tour de Bretagne.
On commence par Rennes, le Mont St Michel… Arrivés à Paimpol: retrouvailles avec un ancien collègue.
Il nous propose une balade en caravelle. Bien sûr qu’on est partant !
Une fois sur l’eau, je lui dis que j’aimerais bien m’en trouver une, mais que c’est pas facile, ou cher.
Réponse : »j’en ai une sur Belle Ile, je te la vends. Elle doit être complète, mais modifiée pour la pêche.J’ai également une caravane pour laquelle je paye un gardiennage, je te file le tout pour 700 €.
Le bateau est dans un champ, le mât dans une haie, le reste dans le grenier d’un paysan, ainsi que tout le matos de pêche et l’annexe. « Tu te débrouilles pour récupérer le tout ».
Soirée sympa, le lendemain « route-pêche » sur Lorient pour récupérer de quoi bricoler et prendre une réservation sur le courrier de Belle-île.
Forcément, en été il n’y a plus de place. Il m’est conseillé de me pointer à Quiberon et demander si une place se libère.
A la première heure, le VW chargé des deux ados, d’un peu de matos de sécurité (si je dois ramener le bateau par la mer)… se présente à l’embarquement.
Le préposé m’informe: « Tu te mets dans cette file. 15 minutes avant chaque embarquement, tu te tiens prêt à partir, tu viens pas me relancer toutes les 5 minutes, avec un peu de chance, je pourrais te faire passer ».
Consignes passées à l’équipage, l’homme tiendra parole, nous partirons avec le dernier bateau.
Une fois sur l’île, les jeunes s’occupent de la logistique et je passe quelques jours à rendre le bateau navigable chez René (paysan travaillant encore ses terres avec une jument, aussi « haut en couleur » qu’accueillant). Pour le transport, une remorque récupérée chez les pompiers du Palais… (c’est une autre histoire)
Embarquement au petit matin de Sauzon direction Port Louis. Heureusement que nous n’avons pas croisé les affaires maritimes, l’état du bateau n’était pas top.
Quoi de mieux qu’une branche biscornue en guise de barre, le puits de dérive calé avec des bouts de manche à balai et des écoutes en cordes à vaches !!!
Aux Birvideaux, bien que le temps fût pénard, l’étai a cassé.
Lors de la relâche aux sables rouges sur Groix, nous avons profité de la présence d’une autre caravelle pour regarder le plan de pont (sur la nôtre, il n’y a plus d’accastillage).
La caravelle, une fois sur le continent, sera remise rapidement en état pour naviguer plus sereinement.
Départ de Quiberon
Le Juben étant hors service suite à un abordage, la balade annuelle se fera avec la caravelle.
Nous avons trois jours de libre: le programme sera Quiberon, Houat, Hoëdic en autonomie.
L’équipage: le Capitaine, le Bosco (rôles inversés par rapport aux sorties en Juben), Morgane et Ben.
Mise à l’eau à Portivy, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon. Ça nous évite les embouteillages de Saint Pierre et nous allongera un peu la navigation.
Heureusement que le VW est maniable car il n’y a pas trop de place pour manœuvrer. Sinon, le coin est superbe, sauvage et authentique, on a du mal à se croire en été à Quiberon.
« Une fois le bateau d’équerre, y a plus qu’à ». La côte sauvage nous attend.
Dès que l’on a suffisamment de fond, la ligne est mise à l’eau. Ce serait plus sympa de manger du poisson frais que des raviolis.
La pêche devra être stoppée avant d’arriver à Port Maria (port historique de Quiberon), n’ayant pas de congélateur, on serait obligés d’en vendre (« 15 maquereaux sur le bahut du bord et hop la haut une bouteille de rhum » comme le dit la chanson).
Première étape donc: Port Maria. On se sent un peu petit, en entrant à la voile dans ce port réservé aux professionnels (on n’a pas de moteur, celui du Juben étant coincé au chantier naval).
Avitaillement, casse-croûte, et on repart, direction Houat.
On profite de cette partie de navigation pour expliquer aux mousses les rudiments de la navigation, c’est à eux de gérer.
La Teignouse avec ses courants, hauts fonds, bateaux à passagers, est un secteur formateur. Où allons-nous nous installer pour la nuit?
Nous irons, à côté du port St Gildas, sur la plage, nous y serons protégés.
La Caravelle déchargée puis mouillée, il nous faut trouver de quoi faire cuire les poissons. Direction le village, une îlienne nous prête une grille et même un peu de charbon. Son mari passera récupérer le tout dans la soirée.
Les tentes sont montées derrière un rocher, pour ne pas être trop visibles.
Moment privilégié pour les deux pères et leurs ados, à faire griller notre pêche sur la plage. Quelques canons sont bus, le propriétaire de la grille nous retrouve, soirée sympa.
Au lit.
Demain, on a des milles à faire.
2ème jour : Hoëdic et Houat
Le matin, le vent de Nord Est souffle dur.
Petit déjeuner, puis départ pour Hoëdic.
Un ris dans la grand voile, bien que chargée et un équipage à 4, la Caravelle avance bien au près, pour remonter vers la pointe Nord-Est de Houat.
Michel reste à la barre, c’est un peu fort pour laisser les jeunes aux commandes. Les vestes de quart sont de rigueur.
Une fois la pointe virée, on abat en grand. Morgane prend la barre et se régale dans les surfs (à relativiser, c’est une caravelle et elle est chargée).
Direction Portz Guen à Hoëdic. Nous y serons abrités.
Durant la nav, on n’a pas vu grand monde sur l’eau : soit ils n’aiment pas le vent, soit on s’est levé trop tôt.
Une fois à terre, il faut se réchauffer et tout faire sécher.
Visite de l’île, casse-croûte (on passe notre temps à manger).
La nav de l’après midi nous amènera au mouillage pour la nuit suivante.
Le vent étant passé de secteur Nord, nous irons au Sud de Houat.
La zone étant poissonneuse, dès que l’on peut, la ligne est immergée. Les maquereaux de la veille étaient bons. Ce soir, du bar serait un luxe.
Chose promise, chose due, un petit bar se suicide sur notre hameçon. Y a plus qu’à trouver la plage et la grille.
La plage sera Portz Chudell. A notre arrivée la plage est encore occupée. Un bateau à moteur, se croyant seul au monde, ne se rend pas compte que nous n’avons que nos voiles pour manœuvrer.
On était de trop dans son monde. On passe tout de même.
Il lui faut rentrer au port, on sera tranquille après.
Une fois à terre, les jeunes vont chercher du bois, je pars à la recherche d’une grille. En passant le long de la côte, j’avais repéré le « bourrier » à la fumée qui s’en dégage. Ce serait bien étonnant de ne pas y trouver une grille de frigo.
A nouveau, super soirée. Trois jeunes chasseurs sous-marins nous rejoignent. Ils profiteront de notre feu pour cuire également leur pêche.
Ce soir, je dors sur mon bateau !
La mer est d’huile. Il vaut mieux. Avec 80 kg sur un banc, la gite est marquée… Je n’ai que 5 cm de franc-bord.
Si je disais que j’ai bien dormi, je pense mentir. Par contre, si je dis que j’ai passé une bonne nuit, vous me croirez.
3ème jour, retour à Portivy
Le lendemain, nettoyage de la plage, casse-croûte et embarquement. C’est pas tout, mais on a à nouveau quelques milles à faire.
Le retour se fera par un « temps de curé ». Travail de carte pour les mousses, ligne en manœuvre…
Portivy voit arriver un équipage un peu fatigué, mais comblé par ces trois jours de navigation.
Pour changer, le soir, poisson grillé ! Mais… à la maison, après une bonne douche.
La suite au prochain numéro…
Conclusion
L’avarie du Juben nous a obligés à nous rabattre sur la Caravelle. Nous avons ainsi pu approcher la navigation de manière encore plus dépouillée.
Ces trois jours nous ont également permis de vivre des moments intenses avec nos ados, maintenant adultes.
Ces souvenirs resteront longtemps gravés dans notre mémoire.
Patrick
patrickm
7 Juil 2010Très belle narration…Mais j »aurai aimé une photo de la caravelle dans son jus !
ps pour JM : je pense que tu devrais t »autoriser à la censure; il en va de la survie de NT ! A la lecture de ce récit, quelques bas-normands un peu rustres pourraient te mettre un contrat sur la tête : Voyage en Bretagne nord avec une étape au Mont St Michel ??!!
ps pour Patrick : Juben, c »est quoi comme type de canot?
Patrick Cante
8 Juil 2010merci. merci
salut Patrick,
pour les photos, je ne suis pas le champion et à l'époque je travaillais avec des jetables.
les photos du périple n'ont pas encore été numérisées, quand je l'aurait fait ( ça fait un an que je dois m'y coller) je les transmettrai pour complèter le récit.
pour le JUBEN, voir:http://www.nauticaltrek.com/12051-sud-bretagne-en-sun
tu auras toutes les infos sur le bateau et l'équipage
à plus
bon vent
Patrick
Jmarc S.
11 Juil 2010Voilà les photos
c'est tout de suite mieux avec quelques images !
La météo avait l'air parfaite. On se croirait en Corse
patrick castres
12 Juil 2010Voilà les photos
en effet, c'est le titre d'une photo, mais je n'ai pas réussi à l'intégrer à la photo (crise de nerf sur picasa hier aprem)
il fait toujours beau en Bretagne (Sud)!!!!!!!!!!
yapuka repartir avec le juben