Maintenant que le bateau est dans la cour, l’enthousiasme retombe .
Vraiment, il n’est pas beau : une étrave inclinée,pas de haut d’étrave , pas de tonture, un tableau arrière droit, un haut de tableau sans frégatage, un roof très « années 70 » .
Vraiment, s’il ne m’avait pas prouvé qu’on peut mettre une cabine dans 4 mètres de longueur, je ne vois pas ce qu’il aurait d’intéressant, ce bateau !
Les filles sont venues voir le nouvel arrivant, et elles ne font pas de commentaire sur « le nouveau bateau de Papa » .
Mais plusieurs de mes copains bateau disent qu’ il n’y a pas de problèmes, que des solutions ! Alors pas de découragements : au travail …
Comme lors de toutes mes restaurations, il faut commencer par enlever ce qui est pourri . Et cela commence par les cloisons de renfort et les bancs .
Il faut aussi enlever le début de restauration effectué par le fils du propriétaire et ses copains (15 ans). Ils ont fait dans le solide : plancher chêne, moussage de l’intérieur des bancs .
C’est touchant de voir des jeunes s’intéresser aux vieux bateaux. Et c’est réconfortant, également, de voir que, depuis mes 15 ans, j’ai fait quelques progrès dans la construction navale.
Au début, j’enlève la moitié de l’intérieur . Mais finalement tout part, car l’eau qui a séjourné en quantité, et plusieurs années, a fait son travail : le contre- plaqué est délaminé dans toutes les parties bois . On peut l’enlever à la main; au mieux au ciseau à bois .
Élise m’aide dans cette entreprise . Pour qu’elle est plus de « coup », je lui donne un burin.
Maintenant toute la coque est vide, ne restent que les plat-bords et le roof.
Si l’avant se tient bien grâce au roof, à l’arrière ça bouge pas mal .
Pour moi qui suis habitué aux constructions bois, je suis surpris du manque de rigidité du polyester. Le plastique ne représente donc que la « peau » du bateau ?
Quelques jours ont passés, il faut maintenant reconstruire. Mais d’abord on va encore démolir .
En effet, ces plat-bords extérieurs ne sont vraiment pas jolis . Il est évident qu’ils rigidifient la coque, mais ils vont m’empêcher de modifier le haut de cette coque. Donc ils sautent ! On trouvera un moyen de rigidifier tout ça ultérieurement .
Et puis ce roof, s’il était surement très design en 1971 (année de construction du bateau, d’après la Carte Mer), dans les rassemblements de vieux gréements, cela ne le fera pas.
Je vais chercher la meuleuse et le roof saute aussi. On pourra toujours le garder pour en faire une cabane de jardin aux filles !
Auparavant, j’ai quand même pris la précaution de mettre quelques tasseaux conformateurs, pour garder un semblant de rigidité à ce qui n’est plus qu’un morceau de plastique .
Bon, maintenant qu’il n’y a vraiment plus rien, il n’y a plus non plus, de contrainte pour la reconstruction. Je vais pouvoir faire exactement ce que je veux.
Petite parenthèse : à partir de maintenant, le récit va devenir moins intéressant à lire, car il n’y aura pas de photos de la reconstruction.
Toutes les étapes ont pourtant été photographiées sous tous les angles . Mais deux gros orages (en hiver !) ont grillé le disque dur de mon ordinateur. Et comme rien n’était sauvegardé sur un autre support …
C’est toujours pareil, avec l’être humain : il croit toujours avoir trouvé le remède miracle à ses problèmes , mais d’autres problèmes surgissent.
Il invente le plastique qui rend toutes les coques étanches : arrive l’osmose.
Il invente l’appareil photo numérique, qui permet de mitrailler sans compter, car on pourra toujours faire le tri ensuite : il n’avait pas pensé à la fragilité du support.
Fin de la parenthèse .