4èmejour, Les Kornati
Le lendemain, changement d’équipage: Philippe découvre les joies du kayak, Francis celles du cata…
Tandis qu’on longe tranquillement la façade Ouest de l’île KORNAT, sans se soucier de la direction du vent (qui vient de face), l’équipage du cata tire laborieusement des bords au près serré sans pouvoir nous rattraper.
Escale aussi jolie que sympa
A la mi-journée, on se retrouve par hasard dans un véritable petit coin de paradis. Cette oasis de verdure dans son écrin minéral abrite un paisible restaurant à l’accueil particulièrement sympathique…
…aussi, inutile de dire que les sachets lyophilisés resteront au fond des sacs !
On aurait aimé prolonger cette pause. L’endroit respire la douceur de vivre et nous permet, pour la première fois, d’échanger avec les autochtones.
Un ami du patron, qui donne un coup de main l’été pour la pêche, nous raconte sa vie, assis à l’ombre, tout en démêlant ses filets. Suspendus à ses lèvres, nous l’écoutons nous parler de la Croatie et des «kornati», dans un français remarquable, et on l’assaille de questions…
Le temps se dégrade…
Même si l’endroit semble hors du temps, l’heure tourne et il nous faut bientôt reprendre la mer.
Au fur et à mesure de notre avancée vers le Sud-Est, le temps se gâte et les nuages obscurcissent le ciel qui devient menaçant.
Notre progression est sensiblement ralentie par le vent qui nous vient en plein dans le nez.
Rapidement, il nous faut trouver un abri pour la nuit. Sur la carte, on repère l’île LAVSA qui présente une large baie en forme de fer à cheval parfaitement protégée.
Les propriétaires d’un petit restaurant ont organisé à l’entrée de la baie une zone de mouillage destinée aux plaisanciers.
Par politesse et pour demander l’autorisation de bivouaquer, on s’arrête pour y boire une bière.
L’accueil est ici nettement moins sympathique (le corps-mort est facturé 60 € la nuit !!!), et probablement doivent-ils nous prendre pour des vagabonds des mers sans le sou…
On installera donc nos tentes au plus loin, au fond de la baie.
Comme tous les soirs, mon frère Franky, notre routeur météo, m’envoie par SMS les prévisions des jours à venir. La tendance est à un net renforcement du vent à partir du lendemain après-midi, avec, pour le surlendemain, des vents annoncés à 30 nœuds et rafales à 40 !
5èmejour, coup de vent
Au petit matin, et compte tenu des prévisions météo, on s’active pour un départ plus rapide qu’à l’accoutumée, en espérant profiter le plus longtemps possible de conditions de navigation acceptables.
On reprend donc notre route en longeant la côte Ouest de l’île Kornat en direction de son extrémité sud.
Rapidement, les prévisions se confirment: vent dans le nez, la progression n’est pas rapide, obligeant le cata à faire du près serré dans une mer qui commence à se former.
En kayak, on n’est pas trop de 2 pour pagayer.
L’objectif est de contourner au plus vite la pointe Sud de Kornat, pour se protéger de la houle sur sa côte Est, puis de la remonter en vent arrière, en espérant trouver un abri.
Une petite pause sur l’île Kornat dans sa partie la plus étroite (à peine plus de 60 m pour une île de 25 km de long) nous permet de constater qu’il est impossible d’y établir un campement.
Enfin, nous prenons un peu de vent arrière lors de notre remontée vers l’île de Zut, où on espère trouver un coin suffisamment abrité pour la journée du lendemain.
Choix de bivouac difficile
Après 7 heures de navigation, on avise enfin, sur la côte Est de l’île de Zut, une petite crique parfaitement abritée.
Malheureusement, la mer a charrié dans son fond de nombreux déchets qui lui donne un aspect de décharge naturelle…
L’endroit ne fait pas rêver Francis et malgré la fatigue, on pousse un peu plus loin jusqu’à une large baie habitée.
Mais c’est à mon tour de n’être guère enchanté à l’idée de devoir bivouaquer dans un jardin privé…
Finalement, Francis se laisse convaincre de rebrousser chemin, pour un bivouac plus «sauvage» dans notre petite crique.
Rapidement, on s’aperçoit que trouver un endroit vierge de rocher pour installer une tente n’est pas chose facile. Il faudra une bonne heure de recherche pour que Francis finisse par trouver le spot idéal sur les hauteurs de l’île … à 15 minutes de marche !
Lourdement chargés, nous rejoignons notre campement en remontant un long pierrier.
L’installation des tentes se fait soigneusement pour affronter le coup de vent prévu.
De Eric VINCENT