La Sardaigne en Ponant

La Sardaigne en Ponant

Les préparatifs

Nous avons acquis il y a 2 ans, mon mari Serge et moi, un superbe Ponant d’occasion.
Long de 5,25m, c’est un bateau fabuleux, spacieux, stable et rapide, l’idéal pour la promenade familiale mais aussi pour les régates.

Nous avons navigué sur notre Ponant bleu avec grand plaisir sur l’Oise et en Méditerranée. Pour éviter des convoyages fatigants entre le nord et le sud de la France, nous en avons acquis un second en moins bon état.

Notre flotte s’agrandissait et notre envie de voyager aussi. Nous avons donc décidé de faire une petite croisière-cabotage en Ponant, au mois de juin 2003.

 

Après quelques hésitations sur la destination, nous avons choisi la Sardaigne qui constituait, à nos yeux, un bon compromis. Une île sauvage, mystérieuse (tout le monde a entendu parler des bandits sardes) proche de la Corse et de l’Italie que nous connaissions et aimions tous deux.

Une première surprise nous attendait lorsque nous avons commencé à glaner des informations sur notre destination. La personne de l’Office du Tourisme italien que j’ai contactée a eu l’air très étonnée. Elle m’a énuméré plusieurs îles italiennes connues, Capri, les îles Lipari. Non, je voulais aller en Sardaigne.
Bien, elle m’enverrait ce qu’elle pourrait trouver. Ce ne fut pas grand-chose. Une petite brochure vieillotte au milieu d’un monceau de descriptions merveilleuses des autres richesses de l’Italie. J’en venais à douter de l’appartenance de la Sardaigne à l’Italie.

Avant chaque voyage, je dévore en général tous les guides et ouvrages divers que je peux trouver sur le pays. Je me suis donc procuré les guides indispensables, peu nombreux au demeurant: « Sardaigne », Guide Voir, éditions Hachette 2003 et « Le grand guide de la Sardaigne », Bibliothèque du Voyageur, éditions Gallimard, octobre 1992. Il n’existe malheureusement pas encore de guide du Routard sur la Sardaigne.

Mes premières lectures me laissent une impression mitigée. Ce pays, très pauvre, à l’histoire tourmentée, a tour à tour été occupé par les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains, les Arabes, les Génois et les Pisans (Gênes et Pise étaient au XIème siècle des Républiques puissantes et concurrentes), les Espagnols et enfin la Maison de Savoie-Piémont.

Peu intéressée par cette île, cette dernière tentera à plusieurs reprises de l’échanger contre un autre territoire. Chacun de ces occupants a tiré profit des richesses minières de l’île sans lui apporter beaucoup de bienfaits en échange. La Sardaigne est aujourd’hui une destination privilégiée de vacances pour les Italiens du continent qui se ruent dès l’été vers la côte Est, mais le résultat est un peu semblable à celui de l’Espagne avec l’arrivée de promoteurs immobiliers sans scrupules qui ont bétonné sans vergogne le littoral.

L’investisseur le plus important, durant ces dernières années, a été l’Aga Khan et encore son but n’était-il pas tant le bonheur des îliens que la création d’un petit paradis pour la jet-set internationale sur la « Costa Smeralda » ou Côte d’Emeraude, dans le nord-est de l’île. Un Etat dans l’Etat. Dans son royaume, l’Aga Khan a édicté des lois très strictes sur le respect de l’environnement, des règles de construction draconiennes, notamment l’utilisation obligatoire de matériaux locaux.
Des demeures luxueuses, totalement intégrées dans le paysage, ont ainsi vu le jour. Le royaume a sa propre police. Tout contrevenant à ces règles se voit sanctionné et, en cas de récidive, interdit de séjour au paradis.

Nous écartons d’emblée cette destination car nous souhaitons découvrir la vraie Sardaigne. Notre autonomie n’est pas très grande car le Ponant, simple dériveur, ne nous permet que du cabotage de proximité. Nous ne pouvons nous éloigner de plus de 2 miles d’un abri. Nous décidons donc d’installer notre camp de base dans un camping de la côte, d’amarrer le bateau à proximité et de faire de petites excursions dans les environs.
Reste à trouver notre coin de côte. Nous jetons notre dévolu sur la côte sud-ouest, aux environs des îles de San Pietro et de Sant’ Antioco, proches de la capitale Cagliari. Des îles dans les îles.

Serge s’attèle à la tâche pour transformer notre ponant en caboteur confortable : deux cadènes sur chaque caisson, un morceau de toile de sac à voile imperméable, deux barres métalliques et voilà un hamac prêt à être déployé pour le farniente, une bâche tendue au-dessus de la bôme pour nous protéger du soleil et une chaise moteur pour un moteur de 6 CV. Dernier « must », Serge confectionne un « lazy-jack » artisanal mais efficace. Nous vérifions le matériel, ancre, pare-battages… Nous voilà parés, côté bateau.

Nous nous concentrons ensuite sur le matériel de camping. J’avoue que je n’étais pas très enthousiaste pour camper. Je n’avais qu’une expérience lointaine et pas très agréable de ce mode d’hébergement.
Mais Serge avait une approche tout à fait différente du camping. Il avait pratiqué toute son enfance, avec ses parents, le camping sauvage, dans les endroits les plus reculés d’Espagne, de Grèce et d’Italie et en avait gardé un excellent souvenir.

Confort minimum et aventures garanties. D’accord pour le camping. Serge sort des placards, avec l’aide de sa mère, tous les ustensiles nécessaires à notre expédition dont une batterie de casseroles emboitables qui se révèlera très utile.
Nous complétons avec une petite table, une superbe glacière vert fluo qui nous réservera quelques surprises car elle attirera tous les insectes comme un aimant, des sacs de couchage en polaire, plus légers que des duvets et un matelas auto-gonflable.
Nous dévalisons la pharmacie pour nous procurer toute la panoplie des produits anti-moustiques imaginables, des traditionnels serpentins aux crèmes et pulvérisateurs les plus récents. Nous nous apercevrons que rien n’était de trop.

Nous embarquons sur le ferry avec voiture et Ponant à Marseille, destination Porto Torres, le principal port du nord de la Sardaigne.
Notre ponant a de la compagnie. Le championnat du Monde de catamarans Tornado se déroule en Sardaigne et notre vaillant dériveur se retrouve entouré de superbes catas.
Malgré son âge, il a fière allure et fait l’admiration des équipages de Tornado. Bientôt rassemblés autour du Ponant, les plus anciens vantent la souplesse du mât en fibre de verre, aujourd’hui remplacé par le carbone beaucoup plus onéreux, et racontent avec nostalgie aux plus jeunes équipages leurs premières navigations en Ponant.

Ma première image de Porto Torres est celle d’un port industriel avec sa raffinerie et ses cheminées. Les quelques ports que j’ai vus par la suite en Sardaigne lui ressemblaient, bref rien à voir avec les petits ports de plaisance auxquels je m’attendais. Nous avions décidé de descendre directement vers le sud-ouest de la Sardaigne.
Nous n’avons donc pas vu Allegro, capitale régionale très influencée par la culture hispanique et dont les habitants parlent toujours le catalan, la langue de l’envahisseur (du XIVème siècle, tout de même), une ville à ne pas manquer selon les guides touristiques.
Pas d’arrêt non plus à Oristano, au centre-ouest de l’île, réserve sauvage parsemée de vestiges romains.

Une île bien étrange

Nous avions sélectionné sur Internet un camping 3 étoiles, situé sur l’île de Sant’ Antioco, le camping « La Saline » à Calasetta. Sant’ Antioco ne nous a pas déçus. L’endroit est charmant, verdoyant, fleuri à souhait.
Le camping municipal de Calasetta n’ouvrait que le lendemain de notre arrivée. La jeune fille préposée à l’accueil à laquelle nous nous sommes adressé, était tout à fait paniquée car elle ne parlait pas un mot de français, ni d’anglais d’ailleurs.
Nous avons fini par comprendre qu’il nous faudrait trouver une solution de fortune pour la nuit. L’esprit aventureux, je propose à Serge de nous embarquer vers l’île de San Pietro. Que diable, un peu d’audace !
Mes souhaits seront exhaussés au-delà de toute espérance.

Nous découvrons l’île de San Pietro en pleine effervescence. C’est la fête du thon. D’après nos informations, l’île possède 3 campings, plusieurs hôtels, bref notre nuit semble assurée.

Dès notre arrivée, nous sommes totalement dépaysés. La fête bat son plein mais je ne retrouve pas l’Italie que je connaissais. En fait, nous sommes plongés dans un univers tout à fait étrange.
Notre halte inopinée ne m’avait pas permis de recueillir des informations sur les traditions locales. L’orchestre joue des mélodies arabes, et si certains cortèges évoquent la pêche au thon, des groupes de danseuses descendent la rue principale en exécutant une danse très orientale.

Impossible de trouver une place dans un restaurant sur le port. De nombreux stands jalonnent le front de mer et proposent des dégustations de produits locaux. Malheureusement pour moi qui ne raffole pas du poisson, tous les mets sont à base de thon, thon blanc, thon rouge, frais, mariné, cuit.

Nous déambulons un moment dans les petites rues animées et nous arrêtons sur une petite place au milieu de laquelle trône un superbe arbre centenaire. Tout autour de l’arbre, un banc circulaire a été construit. Des personnes âgées sagement alignées en rond le dos à l’arbre discutent avec leur voisin. Curieuse disposition, tout de même.

Au hasard de notre promenade, nous tombons en arrêt devant une petite cantine, justement nommée la »Cantina », d’où sortent des effluves alléchantes. Un regard au menu, et surprise le plat du jour est un couscous local appelé Casca. Le mystère s’épaissit.
Le patron, avec une faconde toute méridionale, nous installe à une petite table en terrasse. Le couscous sarde, dont nous nous régalerons souvent à notre retour, est en fait composé de semoule, bien sûr, servie tiède avec des carottes, des oignons et des courgettes, le tout arrosé d’un bouillon fumant. Un délice.
Les portions sont pantagruéliques. Nous avons presque terminé lorsque le patron en posant la bouteille de vin sur la table en renverse une partie dans l’assiette de Serge. Mille excuses plus tard, il nous jure qu’il va réparer sa faute et revient avec une portion de couscous aussi énorme que la précédente. Serge a cru sa dernière heure arrivée.

Une fois rassasiés, il nous faut trouver un endroit pour dormir.
Nous nous rendons au premier camping indiqué sur notre guide. « Il est fermé depuis 2 ans », nous informe d’un air désolé un habitant du village.
Il ne reste du second camping que des restes calcinés. Va pour les hôtels !
Le premier, composé de bungalows très luxueux, héberge apparemment une clientèle internationale plutôt huppée. De toute façon, il est complet. Le second également. Serge me propose de trouver un coin tranquille pour planter notre tente sur une plage. Il fait nuit noire. Nous empruntons une petite route sinueuse qui nous conduit à une plage que nous avions repérée sur le plan de l’île.
A peine stationnés, nous assistons à une succession d’allers et venues étranges. Des motos s’arrêtent au bout de la route puis font demi-tour. Pendant une demi-heure, ce ballet est incessant. Au loin, sur la plage, une petite lumière brille. Des voix se font entendre. Il doit certainement s’agir de touristes aussi perdus que nous mais, pas très rassurés, nous décidons de retourner vers les lumières de la ville et nous finissons la nuit sur le parking du port, pliés en quatre dans la voiture.
L’aube nous trouve épuisés, fourbus et sans demander notre reste, nous retournons vers Sant’Antioco.

Le camping de Calasetta, notre quartier général

Le camping de Calasetta est enfin ouvert. Nous sommes les premiers clients de la saison. L’endroit est ombragé, fleuri et nous n’avons que le choix des places. La tente montée, nous nous régalons dans le restaurant du camping, une adresse qui mériterait de figurer dans les meilleurs guides gastronomiques, notamment pour ses pizzas. Parfumées, énormes, agrémentées de légumes de saison grillés avec un filet d’huile d’olive. Une merveille !
Serge goûte les œufs de mulet et je me pâme, à mon tour, en dégustant le « tiramisu » maison. Notre installation est tout à fait satisfaisante. Il nous faut maintenant gréer le bateau.

Notre camping jouxte une plage sublime, l’une des plus belles de l’île. La plage de la Saline nous transporte dans les mers du Sud. Une eau transparente, un sable fin et blanc.

Le gréément du Ponant suscite comme toujours un petit attroupement. Des Italiens nous expriment leur admiration, certains vont jusqu’à nous applaudir. C’est vraiment un beau bateau. Serge a fait faire une voile spéciale, de 4m2 plus grande que la normale.

Un premier petit tour nous permet d’apprécier un vent bien établi. A notre retour, nous hissons le Ponant le plus haut possible sur la plage, ce qui n’est pas une mince affaire car il est assez lourd et plantons l’ancre le plus profondément possible dans le sable. Nous ne sommes pas très satisfait de cette solution mais, pour le moment, nous n’avons pas d’autres choix.

Le soir, nous installons notre popote et Serge, maître des fourneaux, commence à préparer notre repas. Qu’il soit à la maison où dans des conditions plutôt précaires, Serge ne sacrifiera rien à son amour de la cuisine et de la convivialité autour d’une table. Sur un petit réchaud, il confectionnera toujours des mets raffinés.
Pas question de se nourrir seulement de conserves ou de pâtes (même en Italie) ou alors de pâtes assaisonnées d’une sauce bien mijotée et agrémentée d’ail car, en bon méridional, Serge ne peut imaginer cuisiner sans ce condiment doté selon lui de toutes les vertus (bon pour la circulation sanguine, parfumé et tellement digeste !).

Nous sommes interrompus par des vrombrissements inquiétants. Des hannetons! Ils volent bas comme des chauve-souris. Presque en même temps, les moustiques attaquent. Mais, quand je dis moustiques… Des monstres.
En fait, juste derrière le camping, se trouve une lagune, une sorte de marais salant. Je suppose que c’est un lieu de nidification idéal pour ces petites bêtes. La seule solution pour échapper à ce jeu de massacre, c’est de nous pulvériser de lotion anti-moustiques pour les Tropiques (5 sur 5 Tropic pour ne pas le nommer) et de se couvrir des pieds à la tête. Ce sera le même rituel tous les soirs. Au bout d’une demi-heure, les moustiques disparaissent ou, en tous cas, se font plus rares et les hannetons s’enfouissent dans le sol jusqu’au lendemain

La première nuit sera un peu mouvementée. Peu habituée au camping, je n’avais pas respecté les précautions indispensables comme celle qui consiste à fermer la tente hermétiquement dès que le soir tombe. Nos amis les moustiques s’en sont donné à cœur joie.

Au petit matin, je suis réveillée par un braiment inhumain. C’est l’âne du zoo. Le petit zoo du camping abrite des chèvres, des autruches et un âne. Quel souffle, quelle puissance dans cet animal si discret en général.

Le lendemain, une surprise nous attend. Arrivés sur la plage, plus de bateau. Affolés, nous échafaudons les pires hypothèses jusqu’à ce que nous découvrions le Ponant royalement amarré dans une petite crique à l’autre bout de la plage. Le personnel de la commune, chargé de nettoyer la plage, avait sans doute jugé qu’il y serait plus en sécurité.

Nous naviguons très agréablement le long des côtes sauvages et escarpées. La roche rouge est parsemée de grottes. Toujours ce même vent établi, parfait pour la navigation (généralement de force 3-4 avec deux bascules dans la journée).

Le hamac improvisé par Serge sur le Ponant se révèle idéal pour mon baptême de pêche au lancer. Nous appâtons avec des crevettes et ramenons quelques « demoiselles », de petits poissons argentés. J’alterne pêche et farniente avec un bon bouquin. Le rêve !
Nous avons toutefois quelque mal à nous ancrer, car nous n’avons qu’un petit grappin et un bout bien trop court. Nous dérapons sur les fonds sableux ou le grappin se coince dans les algues et les rochers.

Les premiers jours, nous n’avons pas souffert de la chaleur, mais peu à peu, l’été arrive et les heures de la mi-journée deviennent étouffantes à terre. La seule échappatoire que nous trouvons est de prendre la mer dès la fin de la matinée et de nous abriter comme nous le pouvons à l’ombre de la voile.

Les touristes commencent à arriver au camping. Nous remarquons beaucoup d’Allemands, en général des motards. La Sardaigne est le paradis des motards et des campings-cars avec ses espaces sauvages et ses routes étroites (très étroites) et peu fréquentées.

Nous prenons notre rythme. Le soir, chasse aux moustiques et préparation du repas. Nous nous laissons parfois tenter par les pizzas et le « tiramisu » du restaurant.

Dans la journée, ballades en mer ou visites de l’île.
La capitale Sant’Antioco est assez animée. L’une des rues commerçantes n’est qu’une suite de glaciers où nous avons pu déguster la glace à la « fiori di latte », la fleur de lait, que l’on trouve trop rarement en France, mais nous préférons notre village de Calasetta, tout blanc comme les villages grecs.
L’accueil peu aimable, pour ne pas dire plus, du patron de la seule superette de Calasetta nous amènera toutefois à nous rendre plus souvent à la ville pour nous approvisionner.

Une fois bien installés dans notre camping, nous avons cherché à comprendre l’impression étrange que nous avons ressentie à San Pietro. L’histoire de cette île est plutôt surprenante. Elle est demeurée quasiment inhabitée jusqu’au milieu du 18ème siècle, date à laquelle le roi Charles Emmanuel III de Savoie y a autorisé l’installation de pêcheurs liguriens (région de Gênes) dont les ancêtres avaient été capturés par des pirates puis retenus près de 200 ans sur l’île de Tabarka au large de la Tunisie.
Le bon roi a permis à leurs descendants de s’établir dans les îles de Sant’Antioco et de San Pietro, où ils ont fondé les villages de Calasetta et de Caloforte.
Voilà qui explique les mélodies arabes et le couscous sarde. Autre singularité, le génois (langue régionale italienne parlée dans la région de Gênes) est encore parlé dans ces deux petites villes.

Quant au thon, San Pietro est l’un des derniers endroits où se pratique la mattanza, cette pêche spectaculaire au cours de laquelle les pêcheurs rabattent les thons grâce à un système complexe de filets avant de les dépecer. Quelques images d’un reportage TV ressurgissent, les soubresauts désespérés des thons, la mer rougie de leur sang…Je ne suis pas mécontente d’avoir échappé à ce spectacle.


Nous sommes retournés en Ponant sur l’île de San Pietro pour goûter de nouveau aux délicieux plats de La Cantina. La traversée s’effectue sans problème. Arrivés dans le port de Caloforte, nous nous amarrons le long du quai du bassin principal. Un employé du port prévenant nous signale qu’il vaut mieux amarrer très solidement le bateau à cause des ferries qui font la liaison entre l’île et le continent et risquent de l’endommager.
Comme il n’y a pas de taquet d’amarrage à l’avant du ponant, nous frappons l’amarre sur la cadène située à l’avant sur laquelle est aussi fixé l’étai du mât.
A notre retour de déjeuner, horreur, le ponant a démâté. En fait, après plusieurs torsions du métal de la cadène dues aux remous, celle-ci a lâché. Serge a bricolé une nouvelle cadène et, une demi-heure plus tard, nous mettions les voiles.

Pour notre seconde visite à San Pietro, nous longeons une partie de la côte ouest de l’île assez sauvage. Nous naviguons une bonne heure vent arrière, le long de falaises rouges splendides truffées de trous et de grottes dans lesquelles niche une multitude d’oiseaux, une nature vierge d’habitations et plutôt austère.
Le retour est plus difficile. Le vent a, pour une fois, nettement forci (force 5).
Au près, tirant des bords carrés interminables, nous progressons très lentement cap après cap.
Dès la fin de chaque virement, le bateau gîte terriblement et il faut s’arque bouter sur l’écoute du foc. Sportif, très sportif. Inutile de préciser que le retour nous a pris beaucoup plus d’une heure.

Le championnat de l’ORMA


La chance est avec nous, une épreuve du fameux championnat des multicoques ORMA se déroule à Cagliari durant notre séjour. Ces trimarans géants, qui ressemblent à de gigantesques araignées, se déplacent sur l’eau à une vitesse impressionnante. La gîte du bateau reposant sur un seul flotteur, l’autre étant levé à plusieurs mètres au-dessus de l’eau, évoquent les acrobaties des funambules.

Nous profitons de l’occasion pour visiter la capitale, Cagliari qui nous déçoit plutôt. Après avoir sillonné le centre historique assez restreint et relativement délabré, nous mettons le cap sur la côte afin de trouver le meilleur endroit pour observer les évolutions de ces géants des mers. La baie de Cagliari est très grande et il nous faut trouver un endroit plutôt élevé et dégagé.

Un certain nombre d’allées et venues plus tard, nous tombons en arrêt devant un accueillant restaurant surplombant la baie. Epuisés par la chaleur et les kilomètres sur de petites routes tortueuses à flanc de collines, nous nous y engouffrons sans même consulter la carte, ce que nous ne manquerons pas de regretter plus tard.
Le déjeuner sur la terrasse ombragée est somptueux. Spécialités de la mer, légumes méditerranéens et desserts délicieux avec en prime le spectacle des trimarans évoluant au large nous font passer un après-midi enchanteur.

Une famille italienne très nombreuse occupe le reste de la terrasse. Elle fête l’anniversaire du grand-père. Déjà attablée depuis un certain temps à notre arrivée, elle sera encore là lorsque nous partirons. Un nombre incroyable de plats et de bouteilles se succède sur leur table. Photos, discours, l’ambiance est plus que chaleureuse.

Un peu abasourdis et plutôt béats après un plantureux repas, nous ne tarderons à reprendre nos esprits à la vue de l’addition qui nous laisse augurer d’un régime plus frugal pour les jours à venir. Mais, au diable les regrets, vivons dans l’instant présent et savourons notre plaisir.


De retour à Cagliari pour assister à l’arrivée de la course, nous sommes surpris de constater que cette épreuve renommée ne déclenche pas la passion des foules. Pratiquement pas de spectateurs autour de la grande tente blanche montée sur le quai. Seuls les organisateurs de la course, les familles des concurrents et quelques badauds attendent l’arrivée des trimarans.

Les navigateurs se prêtent aux interviews de la presse spécialisée tandis que plateaux de petits fours et verres de champagne sont emmenés vers la tente. La fête peut commencer.
Si le championnat s’était déroulé dans le nord, le long de la Costa Smeralda, haut lieu de la plaisance de luxe, nul doute que le spectacle y aurait été plus apprécié, mais la baie de Cagliari constitue, il est vrai, un terrain d’évolution idéal pour ces grands multicoques.

La vue de ces splendides multicoques a enthousiasmé Serge.
Bien que très attaché à nos Ponant , il ressent une furieuse envie de naviguer sur un trimaran, voir même d’en acquérir un.
L’idée n’est pas nouvelle, nous en avions déjà discuté, mais elle devient pour lui peu à peu certitude.
Mon enthousiasme est plus modéré. Mon unique expérience de navigation sur un catamaran ne m’a pas encore convaincue de la supériorité des multicoques sur les monocoques.

Quelque temps plus tard, nous découvrons le Magnum 21. Mais cela, c’est une autre histoire…

Récit et photos de Fabienne de Beaumont, Octobre 2004

Cet article a 0 commentaires

  1. Info Ponant

    Madame, bonjour j'ai lu avec beaucoup d'attention et d'intéret votre recit de voyage en sardaigne, j'ai moi meme récupéré un ponant et je serais intéressé par des photos des modifications apportées a celui-ci.

    cordialement

    1. Info Ponant

      @ jean louis corouge : Salut Jean-Louis,si tu te reconnait ecris-moi s`il te plait.A l`auberge de jeunesse d`Anglet en 1974-75 quelque chose comme ca.Michel le Quebecois.Tu etait avec Christine et vous deviez venir au Quebec,on ne s`est jamais revu.Alors a ++ peut-etre.Tabernacle

      Michel

      1. Info Ponant

        @ Michel Truchon : TEST

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