Cette année 2008, départ vers le golfe du Morbihan, secteur pas bien connu du «Capitaine» et de son bateau.
Il faut absolument combler ce cruel manque de culture pour un «voileux» morbihannais.
Premier jour, départ de Port Louis
Comme tous les ans, le «Bosco» vient en dehors des congés du Capitaine, on n’a donc pas beaucoup de temps. Nous partirons le vendredi après-midi, une fois le travail terminé, pour rentrer le dimanche soir. Pour la marée, on doit pouvoir, si l’on ne traîne pas en route, passer la Teignouse avant que le jusant ne soit trop fort. Sinon nous irons nous poser sous Belle-île pour y passer la nuit.
Sortis de la petite mer de Gâvres, direction la passe Sud puis droit sur Quiberon. Nous nous présentons pour passer la Teignouse peu après la renverse. Dans le dernier passage, bien qu’au portant et avec de l’air, nous avons du mal à étaler le courant. Comme les cailloux ne sont pas loin («Roc’h er Vy» et «En Toul Braz») il nous est aisé de vérifier notre vitesse «sol».
Direction la plage au fond de l’anse du Conguel pour se mettre à l’abri du vent de Sud-Ouest. Comme le temps est à la pluie, on pose le «Tarp» (bâche de 3 sur 3) pour se mettre au sec le temps du repas. Durant la nuit, le vent forcissant, on sera bon pour sortir le retirer. Moralité:« flemme du soir, caillante la nuit venue !!!»
2ème jour, Le Bono
Le matin, balade à Quiberon puis direction le Golfe : «on n’est pas là pour vendre du muguet!». Au portant, aidés par le clapot, le loch s’affole. Dommage que ce ne soit pas le week-end du «Spi Ouest France», on les aurait tous poudrés.
Arrivant avec le flot, nous passons à l’Ouest de Méaban et rentrons dans le golfe à grande vitesse, le virage à gauche pour prendre la direction de la rivière d’Auray devra être pris à la corde si l’on ne veut pas finir dans le «bac à sable».
Le Capitaine ayant suivi une formation au CFA d’Auray, nous prenons cette direction pour y réaliser une sorte de pèlerinage. Nous voilà en train de louvoyer entre les parcs à huitres sur un plan d’eau lisse: un régal grâce à la maniabilité du bateau et son foc auto-vireur. Fin connaisseur du secteur, le Bosco hésite devant le pont du Bono, ne serait-ce pas celui de Kerplouz ? Point rapidement éclairci par le Capitaine: et le CFA tu le vois où ?
Nous reprenons tranquillement notre route, accompagnés par un groupe en kayak de mer. Arrivés à Auray, on squatte le ponton du CFA (ce sont les congés scolaires) et partons en ville faire trois courses et prendre une bière sur le port de Saint Goustan. Ceci fait, on réembarque pour trouver un bon mouillage en aval. Nous ferons halte juste avant le Bono, au calme un peu à l’écart du chenal pour ne pas gêner. La nuit sera plus calme que la veille. Le Juben a de nombreuses qualités mais comme tout dériveur intégral, la nuit, quand ça bouge, soit il roule dérive haute, soit la dérive cogne toute la nuit.
3ème jour, dans les courants du Golfe
Après le petit déjeuner, nous partons visiter le petit port du Bono. Un équipage se prépare pour appareiller sur un magnifique voilier, nous naviguerons de concert quelques temps. Nos programmes ne sont pas les mêmes, lui est taillé pour aller vite et loin, nous pour caboter. Le nôtre, pour la journée sera: jeu dans le courant devant Gavrinis; montée jusqu’à Vannes puis trouver un mouillage pour la nuit.
Nous descendons donc la rivière d’Auray avec le début du jusant, virage à gauche direction Larmor Baden. Là, c’est plus dur. Courant de face, vent faible, à nouveau nous battons des records de lenteur. Nous passons malgré tout et rejoignons le courant principal au niveau de l’île de Berder. La vue de grosses unités dérapant dans le courant impressionne un peu le Capitaine, le Juben sera-t-il à la hauteur? Les abords des îles étant acores, le Bosco propose de jouer avec les contre-courants, une ligne à la traîne.
Le Juben se déshabille, il ne garde que son foc, une ligne est mouillée (le bar, grand chasseur devant l’éternel doit attendre ses proies dans les contre-courants). Comme souvent, nous serons bredouilles. Par contre, nous passons un bon moment à jouer dans le courant: remontée dans le contre, descente en marche arrière face au courant. Le Capitaine se régale, faire du kayak avec le Juben, il ne pensait pas en faire un jour. Voir la ligne doubler le bateau puis se tendre d’un coup en prenant le courant alors que le bateau semble reculer, vent arrière, il y a de quoi se poser des questions. Conclusion, comme prévu, le Juben se comporte très bien.
Direction Port Navalo, histoire de descendre avec le courant pour battre des records de vitesse. Petite escale technique (pain), en quittant le quai, le temps de monter la grand voile face au vent et le courant dans les fesses, nous sommes descendus vers la sortie du Golfe et avons eu le plus grand mal à remonter face au courant jusqu’au port. Heureusement que l’on ne cale pas grand-chose, le seul moyen de monter est de raser les cailloux. D’ailleurs les quelques gros qui tentent de remonter sont scotchés.
Nous naviguons en direction du Grégan, de l’autre côté du courant, histoire de ramasser quelques huitres et palourdes. Nous y retrouvons un charmant papy, à la fois heureux et malheureux: il a pris quelques magnifiques bars du côté de Méaban et un PV pour excès de vitesse sur le Golfe (si la vitesse sol est prise en compte, nous risquons, nous aussi, de nous retrouver dans l’illégalité).
Après une ventrée d’huitres, la marée s’étant mise à remonter, nous appareillons direction Vannes. Tourisme au portant, nous visiterions bien Vannes depuis l’eau. Arrivés au ponton d’attente, nous nous renseignons sur les horaires: ça ne colle pas. Tant pis, nous repartons contre vents et marée. Le petit port de Port Anna nous fait envie, l’accostage n’a pas été évident vu le vent et la force du courant, mais la balade sympa.
Le vent se renforce, il nous faut trouver un bon mouillage. Décision est prise de se rendre sur la côte Est de l’île d’Ars. Nous sommes seuls sur l’eau, deux ris dans la grand voile, les 160 kg au rappel, le Juben remonte lentement face au courant.
Le mouillage de l’île d’Ars est encombré, nous irons derrière l’île Ilur où quelques bateaux sont déjà mouillés. Un de nos «voisins» prend son annexe pour promener son chien, nous en profitons pour échanger quelques paroles. Actuellement, il navigue avec sa femme sur un grand cata, et nous lui rappelons sa jeunesse!! C’est comme il veut, on peut échanger nos bateaux !!
4ème jour, l’île d’Houat
Le matin, le vent est tombé. Nous sortons du golfe dans le calme en passant le plus à l’Est, profitant du jusant pour aller au Crouesty y faire quelques courses. Retour dans la civilisation, le monde, les gens stressés… La cambuse à nouveau remplie, nous repartons dès que possible, direction Houat.
Nous mangerons la spécialité du Bosco: carottes grattées, trempées dans l’eau de mer puis croquées. Le Capitaine a eu du mal à s’y mettre mais maintenant, c’est rentré dans les mœurs (comme le cassoulet au vin rouge).
Nous choisissons d’aller sur la plage de «Treac’h er Goured», nous y serons bien abrités. Y a plein de monde… C’est pas grave. On «beache», on se balade sur l’île, puis on recule se mettre à l’ancre. Trop de monde, le bateau roule, il nous faut trouver un autre coin. Nous choisissons de partir sur la côte Nord, elle propose deux bons abris. L’ancre sera mouillée dans l’anse «er Hastellic», plus calme et moins courue, nous y passerons une agréable nuit.
5ème jour, Belle Ile
Au matin, cap à l’Ouest. Ce soir, nous aimerions dormir à «Ster Ouen» sur Belle Ile. Le Capitaine ne connait pas encore ce mouillage, de plus ça nous rapprochera de la maison. Temps de curé, lignes à l’eau, ce soir, on mangerait bien du poisson grillé. Comme nous sommes de bons croyants, les maquereaux s’accrochent à nos lignes. Ce soir, le barbecue jetable, sera testé.
Nous passons devant Le Palais, Sauzon. Le passage «des Poulains» nécessite toute notre attention, le vent n’est pas trop puissant et la houle présente. De plus, un grain semble arriver par l’ouest. Le Capitaine se demande où je l’amène, le secteur n’est pas très accueillant. Les vagues se jettent sur les falaises, nous renvoyant un vilain ressac, le tout dans un vacarme peu engageant : «T’inquiètes pas, tu verras, c’est un bon abri ». Dans une vie antérieure, je venais y «jouer» dans les vagues avec des semi-rigides ou à la palme. Au pire… demain, on ne pourra pas sortir, mais ici on sera en sécurité.
Pour une fois, nous ne rentrons pas dans un mouillage à la voile. Vue l’heure, il y a déjà du monde. Nous ne sommes pas gros, nous allons le plus au fond possible. Une place avec accès direct à la côte est dispo. Ancre au milieu, bout à terre, le Juben peut nous attendre.
Nos voisins ne comprennent pas trop pourquoi à peine arrivés, nous sautons à terre, grimpons sur le plateau avec du matos. Le grain se faisant proche, il ne nous reste que peu de temps pour faire la grillade. A peine le repas terminé, la pluie arrive, il était temps. Nous descendons au bateau, maintenant, nous avons le temps.
Nos voisins ont un trimaran de 7 mètres (un Dragonfly il me semble). On se dit que ce type de bateau a les avantages du Juben (taille, tirant d’eau, poids) et ceux d’un gros (vitesse, stabilité). Il nous faudrait en tester un, un jour… Depuis, j’ai découvert Nautical Trek et suis de plus en plus curieux de ce type de bateau.
6ème jour, retour par l’île de Groix
Au matin, balade à pied. Un petit monocoque est mouillé dans «Ster Vraz», il se fait bouger dans tous les sens alors que le Juben attend tranquille à quelques mètres de là.
Dernier jour, nous avons quelques milles à courir pour rentrer à la maison. Vu l’ambiance à la sortie de Ster Vraz, le Capitaine préfère que nous sortions au moteur. Il a sans doute raison, la mer est loin de s’être calmée.
Route pêche direction Port Louis, pause casse-croûte devant la plage «des sables rouges» sous Groix (comme d’hab à chaque fois qu’on rentre de Belle Île). Le Juben est rangé, il attendra sagement, accroché à son mouillage.
L’an prochain nous partirons à l’Ouest, voir visiter la Bretagne Nord.
De Patrick Cante, août 2010
PS: désolé pour les photos, cette année là, nous n’avions pas emporté d’appareil.