Tour de la rade de Brest en Blue Djinn

Tour de la rade de Brest en Blue Djinn

Tour de la rade de Brest en Blue Djinn

Récit d’une croisière initiatique, tour intégral de la rade … en dériveur intégral … intégralement génial !
Réalisé en 15 jours dans le sens horaire du 5 au 20 août 2006.

Mise à l’eau

Après 750 Km de roulage, mise à l’eau à la cale sud du Moulin Blanc [1].
Mon frère récupère le « tracteur » et sa remorque, mais la place ne manque pas sur le parking qui est surveillé.
Le temps est très doux, sans vent.

Équipage

  • Chris, mon épouse équipière, Alsacienne de Strasbourg [2].
  • Sergio, voileux dans les tripes, Breton de Plabennec [3].
  • Domicile : Nevers [4] dans le 58 (loin de la mer mais toujours sur l’eau ou sous l’eau, comme là-bas)

Canot

Blue Djinn (B2Marine) de 2005 au nom de L’ALBRET (L’ALsace BRETagne d’où ce logo original).

Première vraie navigation à bord, et un baptême pour Madame.
Le bateau, lui, a été baptisé traditionnellement dans la rivière de l’Aber Wrac’h [5] en avril 2005, date qui coïncidait avec mes 50 ans.
Le temps était trop mauvais pour sortir en mer.

Matériel

Navigation

  • Nécessaire 5ème catégorie
  • Gps, cartes de nav, jumelles, feux de signalisation, anémomètre à main, sorcier (baromètre), annuaire des marées, livre de bord
  • Moteur auxiliaire : Tohatsu 5cv
  • spi symétrique
  • aviron, annexe gonflable Sévylor

Confort

  • Wc chimique
  • réchaud bleuet, (chauffage au gaz au cas où)
  • glacière
  • eau courante (dans la descente)
  • récupération des eaux usées dans un jerrican
  • groupe électrogène (pas bien, ça pète et ça pue)

Avitaillement/matériel

  • Réserve de piles
  • tel portable
  • 40 litres d’eau de servitude
  • 40 litres d’eau potable
  • fruits secs, gâteaux secs, alimentation générale, beaucoup de boissons rouges, blanches et autre…

Soit au total, un chargement de près de 300 kg.

Pour la petite histoire

C’est dans la rade de Brest que j’ai fait mes débuts de moussaillon, plus exactement à la base nautique de Moulin-mer de Logonna Daoulas [6] en 1969 sur Caravelle et Mousquetaire.
Et je me suis juré de revenir dans ces eaux avec mon bateau, ce qui fut fait après 35 ans de rêve.

Je ne suis pas resté longtemps sans naviguer, la planche à voile a été pour moi un bon moyen d’évasion nautique, ainsi qu’un vieux canoë modifié en voilier, un 420, un Kid, moniteur dans le club de voile de Melun [7] et comme tous les gens qui adorent cette activité, beaucoup de bouquins.

C’est dans cette région de la Nièvre, pays des vives eaux, que, dès les beaux jours venus, L’Albret tire des bords à portée de « canette » avec des Edel, des First 211, Sun 2000, First 27.3, Corsaire, Kelt 5.5, Jouet5.5, Midjet, Soling, Gib’sea 20 et j’en passe, sur le Lac des Settons [8] où le vent est souvent présent mais qui vous met vent debout sous spi : « Attention, je cule !!! ».

Sans oublier les rassemblements des vieux gréements à Brest [9].

Mais retour à nos moutons (d’écume).

1er jour, amarinage

Anse de Camfrout [10] au Relecq-Kerhuon, sur l’Elorn.

2ème jour, remontée de l’Elorn

Je voulais coûte que coûte montrer à Chris mon lycée, qui m’a fait connaître les joies de la pension, et surtout de la voile.
Donc, arrimage à la seule bouée au pont tournant de Landerneau [11], promenade à pied dans la ville, danses bretonnes, …

Dans l’euphorie, nous avions complètement oublié l’heure de la marée et nous avons appareillé à 23h00 pour rejoindre Brest [9] de nuit.

En attendant la marée

Une navigation éprouvante, car le GPS ne nous a pris en compte qu’a partir de la moitié de la rivière… c’est, après plusieurs échouages, et à la lampe torche, que nous avançons à contre-courant.

La pleine lune … nous l’avions dans les yeux. C’est pire que le soleil. On confondait les eaux saines avec les ombres des arbres, et vice versa.

A 4h00 du matin, enfin arrivés à la cale, exténués et hyper tendus, nous avons bien mérité une grasse matinée surtout que maintenant il pleut.

Involontaire … Landerneau, au bout de l’Elorn


3ème jour, Anse de Lauberlac’h [12]

Mouillage sur ancre, idéal, dans une eau digne des plus beaux lagons.
Préalablement, nous avons fait le plein d’eau de source à la Grève de Kerdrein [13], et pris une douche à bord.

4ème jour, Daoulas

Halte au Tinduff [14], joli petit port.
Attention, conchylicultures !!! dans la rivière, mais le balisage est correct.
En arrivant sur Daoulas [15] beaucoup de méandres, si on se plante, le moteur nous en sort facilement.

En arrivant, le choix de l’emplacement à quai ne se pose pas (nous étions trois bateaux). Bien amarré, à marée basse, le mur fait 3m de haut mais pour rejoindre la berge on le fait par la rivière à pied.

Commodités : commerces

Aube sur Daoulas

 

 

5ème jour, Hôpital-Camfrout [16]

Aussi sympa.
Commodité : eau potable, vidange eaux sales, pas de 220v, poste, tous commerces.

6ème jour, Le Faou [17]

Super tranquille et très accueillant.
Pour accéder au quai, c’est le seul port avec des échelles métalliques car le marnage est à près de 4m (amarrer le plus loin possible la pointe et l’arrière et installer une cravate pour garder le bateau droit).

7ème jour, Terenez [18]

Sur ancre, au niveau de l’ancien passage à gué.
La tenue est très bonne avec une ancre plate, malgré le courant important (la petite bouée de mouillage a même coulé en s’enroulant autour de la chaîne. Nous avons été quitte pour un petit stress, nous ne mettrons plus de bouée).

9ème jour, Port Launay et Châteaulin

4 heures de nav, voile et moteur. La rivière n’est pas spécialement jolie.
Passage de l’écluse. Promenade sur le canal, accostage sur la berge droite, il y a de la place.

Port Launay [19] est un petit musée sur l’eau et très convivial. Ensuite on pousse jusqu’à Châteaulin [20] pour être en ville.

10ème jour, Landevennec [21]

Après un ravitaillement aux viviers d’en face, visite de l’Abbaye de Saint Guénolé [22].
Ce côté de côte est moins touristique et plus sauvage. Les mouillages sont rares et nous arrivons dans les eaux de la Marine Nationale.

Ça clapote un peu plus au mouillage, et les nuits sont plus agitées, mais le dodo prend le dessus.
Eau potable sur la plage.

11ème jour, Lanvéoc

Joli site, station voile, terrain de camping, Fort de Lanvéoc [23] et une très belle vue de la rade.

12ème jour, Brest [9]

Le vent agréable de NE passe au vent de SW forcissant à 4.
Nous rejoignons le Moulin Blanc [1] pour passer une nuit « tranquille », au son des drisses qui cognent contre les mâts.

En chemin, nous rencontrons, à une centaine de mètres, ce fameux dauphin qui a fait tant parler de lui en Bretagne, durant cet été, en agressant des pêcheurs.

13ème jour, Quelern

L’ALBRET sous voile effectue un sauvetage en mer, un pêcheur en panne de moteur et le vent en sens contraire, pour rejoindre Lanvéoc [23] en remorque. On s’est promis de se retrouver un jour pour boire un coup de « gwen rus ».

Nous passons une nuit épouvantable. Le vent lève un gros clapot qui cogne sourd contre la coque et le vent siffle dans les haubans comme pour nous dire de partir.
Donc mouillage déconseillé car l’étranglement entre la presqu’île de Crozon et de Quelern [24] provoque un effet venturi. Même en étant sous le vent de la presqu’île, nous ne sommes pas protégés.

14ème jour, Camaret [25]

Un joyau des côtes françaises. On sort du goulet en tirant des bords pour arriver dans des eaux tranquilles et au fond de la baie, ce havre de paix avant d’attaquer l’océan.

15ème jour, Tas de pois

Nous quittons Camaret après avoir fait le plein de spécialités à la poissonnerie des quais (entre autre, du foie gras de la mer, UNIQUE, à déguster sans modération).

La Pointe du Toulinguet [26] nous offre un paysage sublime, nous rencontrons quelques aimables pêcheurs ainsi que des vieux gréements en goguette.

Panoramiques de la Pointe du Toulinguet trouvés sur la galerie de LeXa :

Nous marchons 4 noeuds à contre-courant et contre le vent pour doubler le Tas de Pois Ouest pour revenir entre le Dentelé et le Grand Tas de Pois [27] avec courant et spi établi.

Impressionnant de passer à ras des cailloux blanchis par les fientes d’oiseaux.
Le vent forcit à 5, l’ALBRET, poussé par le courant, plane à 7 noeuds malgré ses 300 kg de charge. Ce sera notre record de vitesse.

Pointe des Espagnols [28]

La croisière de mes souvenirs d’enfance, enfin réalisée, avec l’intime conviction que cette porte n’a pas fini de s’ouvrir et de se refermer tel un livre de chevet.

Je remercie la Bretagne pour m’avoir uni avec la mer, ainsi que mon épouse et équipière avec qui je partage cet amour.

de Serge Martinez, avril 2007

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