Venise en Tabasco

Venise en Tabasco

« On ne vous laissera même pas vous approcher de la ville ! »

Cette mise en garde, nous l’avions déjà entendue au sujet du port de Brest lors du rassemblement de vieux gréements de 2004 …

Ce récit permettra, je l’espère, à ceux qui envisagent de partir naviguer avec leur petit bateau à Venise et sa lagune, d’éviter les heures passées sur Internet à chercher une cale de mise à l’eau, un endroit sûr pour garer voitures et remorques, les zones navigables…

Trajet

De Paris à Venise via Chamonix pour attraper Rouge, Eva et leur bateau Seliger, 1200 Km d’autoroutes et la traversée du Tunnel du Mont-Blanc.

Attention ! Le mât posé au-dessus du balcon peut, sur certaines remorques, dépasser les 2 mètres ;
on n’est plus considéré alors comme un véhicule léger (classe 1) et le passage en classe 2 est 10 € plus cher.

La descente jusqu’à Venise s’effectue sans difficulté, pourvu de ne pas passer à proximité de Milan le vendredi soir, bouchons assurés.

Météo

Du 13 au 23 juillet, nous avons connu tous les jours la même météo : grand soleil, température 32 à 38 °C, vent de secteur Sud à Sud-Est dominant, force 2, faiblissant en fin d’après-midi.

Mettre à l’eau, garer

Nous avons choisi le camping de Fusina, pour sa proximité de Venise et sa marina. Celle-ci offre une double cale de mise à l’eau gratuite, très pratique bien qu’un peu glissante en partie basse, et la possibilité de garer les voitures et les remorques en sécurité pour 5 € par jour.

Navigation

Elle est autorisée à la voile dans toute la lagune.
Il y a des marées, d’un marnage faible (50 cm environ) mais dont il faut tenir compte lorsqu’on veut sortir des canaux balisés par les « bricole », faites de 2 ou 3 pieux accouplés et plantés dans la vase.

Le Tabasco passe à peu près partout, dérive descendue de 4 ou 5 tours, il y a environ un mètre de profondeur en dehors des canaux.

Il ne faut pas franchir les lignes électriques ou conduites d’eau ou de gaz, signalées par des sphères au bout de perches.

En effet ces conduites immergées sont protégées par un muret en béton, le câble de dérive de T Roch’ Bazh s’en souvient encore, deux heures de réparation sous un cagnard d’enfer !

Venise

De Fusina, on entre dans Venise par le canal de la Giudecca, navigable à la voile, mais les eaux sont très agitées par le passage incessant des vaporetto, taxis, ambulances, polices diverses et variées, livreurs, vedettes privées, ferries immenses !…

Comme en plus, les zones de déventes sont nombreuses, il est parfois sage de passer certains secteurs sous grand-voile seule et moteur.

Autre possibilité, emprunter le canal extérieur au sud de Giudecca, mieux exposé au vent de sud, mais moins joli.
L’arrivée sur San Marco se fait alors en laissant San Giorgio à bâbord ou à tribord.

 

Le bassin de Saint-Marc, sa célèbre place et le Palais des Doges, constituent un passage obligatoire. Dans la journée, l’agitation fébrile et la dévente de San Giorgio nous ont souvent obligés d’affaler et de passer au moteur. Il faut ici avoir le coup de barre franc et assuré et ne pas hésiter sur les priorités !

Il est possible de débarquer son équipage à Saint-Marc en faisant un « touch-and-go » à n’importe quel quai de taxi ou de ferry momentanément libre – attention au ressac- mais il est impossible de trouver une place pour se « garer » le temps de visiter à terre.
Inutile également de tenter un mouillage, la police fond sur vous immédiatement : « Problema di benzina ? ».

Les autres canaux sont, paraît-il, réservés à la navigation commerciale et aux habitants, mais nous n’avons pas pu en avoir confirmation.

Dans le doute, nous n’avons pris le Grand Canal que jusqu’à Santa Maria della Salute ; de toutes façons, un peu plus loin, un pont interdit le passage aux voiliers.

Quant aux tout petits canaux, nous avons bien tenté une incursion à la godille mais on bute également très vite sur un pont…

Murano

C’est l’île du verre : on peut en boire un, pendant que les filles passent de boutique en boutique.
L’arrivée par le canal sud dans la lumière du soir est une merveille.

Nous avons trouvé un magnifique amarrage à couple contre les « paula », sous le bout-dehors d’un grand voilier, juste en face d’un arrêt de vaporetto ; et justement, c’est ce qu’il faut éviter !
Les bateaux-bus, les taxis et autres embarcations ne cessent de passer jusqu’à tard le soir, et le ballet recommence très tôt le matin.
Pare-battages et aussières très sollicités, nuit courte et inconfortable !

Le petit déjeuner sera pris ce matin-là sur le quai pour avoir enfin un peu d’immobilité !

Il est préférable de s’amarrer dans un petit canal moins passant.

Une petite « trattoria » en amoureux est également recommandée…

Burano

Toute petite île dont le campanile montre un sacré degré de gîte. Pour l’atteindre, la navigation depuis Murano, bord à bord sous spi restera dans les annales !

A l’angle sud de l’île, on trouve un magnifique petit port construit récemment, occupé par des barques de pêcheurs.
Nous y entrons, à la godille comme d’habitude, mode de propulsion très apprécié des locaux ; après quelques minutes de discussion, un pêcheur nous propose de déplacer son bateau pour nous permettre de passer la nuit à son emplacement…

Une fois l’amarrage terminé, une petite vieille vient nous expliquer que c’est un port privé et qu’on doit payer 5 € pour les deux bateaux ! Pas cher pour le calme et la beauté de l’endroit …

On peut faire un brin de toilette et la vaisselle à la fontaine de la grande place, mais il ne faut surtout pas tarder pour dîner car à 20 heures, tout est fermé.

L’adriatique

Il y a trois ouvertures qui relient la lagune à la mer : Porto di Lido au nord, Malamocco au milieu et Chioggia au sud. Nous sommes sortis par la porte nord, de façon à longer au plus près les célèbres plages du Lido.

Malheureusement, le chapelet de bouées coniques rouges qui borde la plage matérialise une bande ( 300 m ) qu’il est formellement interdit de franchir, ce que nous avons fait évidemment, rappelés à l’ordre immédiatement par le plagiste très mécontent d’avoir été obligé de mettre sa sécu à l’eau pour nous barrer la route !

Regrets de n’avoir pas pu beacher au Lido ; on se console en mouillant plus au large pour se baigner dans l’eau turquoise.

L’entrée dans la lagune par la porte de Malamocco se fait au milieu des cargos, on se sent soudain bien petit…

La nuit

Naviguer

Arriver à la voile sur la place Saint-Marc à la nuit vaut bien les quelques frayeurs qu’on s’y fait. Les « bricole » des chenaux d’accès principaux sont éclairées par d’antiques lampadaires, le ballet des taxis n’a pas encore cessé, on voit des feux verts rouges et blancs qui circulent en tous sens, le vent disparait peu à peu, diminuant d’autant notre manœuvrabilité.
Mais que c’est beau !

Mouiller

Quand on a appris à éviter les mouillages agités (cf. Murano), on peut trouver partout des coins magnifiques et d’un calme absolu pour passer la nuit. Chaque petite île cache un port abandonné ou un canal désert ; il n’y a parfois de la place que pour deux Tabasco serrés à couple et on s’y échoue parfois pendant son sommeil, mais quelle quiétude !

Redentore

C’est la fête des Vénitiens, qui commémore la fin de la peste en 1577 ; elle a lieu chaque année le 3ème samedi du mois de Juillet.

Ce soir-là, tout ce qui flotte sur la lagune a rendez-vous dès le début de soirée place Saint-Marc pour assister à un feu d’artifice grandiose.

Les grosses vedettes à moteur et les ferries sont transformés en discothèques sur les ponts desquelles dansent lascivement des bimbos en bikini. Des bouchons de Prosecco flottent un peu partout.

Débouler à la voile dans un tel bazar tient de la folie…mais quel régal ! Ne ratez surtout pas cette ambiance !

Odeurs et moustiques

Impossible de parler de Venise et sa lagune sans évoquer ces deux questions que nous nous posions et que nombre de personnes nous ont posées . Alors disons-le tout de suite : il n’y a pas d’odeurs désagréables sur la lagune !

Évidemment, si vous décidez de naviguer en suivant le bateau qui ramasse les poubelles le long des canaux, vous aurez la même sensation qu’à l’arrêt derrière un camion-benne…

Quant aux moustiques, il n’y en a pas un seul tant que le soleil est haut ; par contre vous serez dévorés dès que l’obscurité gagne si vous n’avez pas pensé à vous enduire de répulsif. Les moustiquaires fixées au velcro dans la descente sont indispensables pour passer des nuits tranquilles.

Liens utiles

Texte de Jean Inizan, photos de Patrick Girardot et de Jean Inizan

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