Kit de mâtage de l’Astus 22

Kit de mâtage de l’Astus 22

Si on envisage de démâter plusieurs fois par an son Astus 22 (pour changer de plan d’eau par exemple), le kit de mâtage proposé par le chantier est alors indispensable. Il permet de sécuriser correctement le mâtage à deux personnes, tout en le rendant physiquement accessible aux moins costauds.

Il reprend le principe de « la chèvre » déjà vu sur les trimarans Corsair et bien d’autre bateaux :

  • on maintient latéralement le mât par des « bas haubans » spéciaux (1)
  • un pieu (2) (la chèvre) fixé à 90° du pied de mât permet de hisser ce dernier à l’aide du palan de grand voile (3) d’un côté, et d’une drisse (4) de l’autre.

Mâtage sous surveillance

Une fois que tout est installé, ma gamine de 10 ans serait capable de monter le mât… à condition que je reste à proximité de celui-ci pour corriger les petits écarts intempestifs.

Car pour que ce système fonctionne parfaitement, il faut que les points d’ancrage des deux « bas haubans » destinés à maintenir latéralement le mât soient parfaitement alignés avec l’axe de pivotement dudit mât. Or la solution proposée par le chantier ne permet pas d’aligner ces 3 points.

Les points d’ancrage des « bas haubans », constitués par des platines en plastique fixées sur les mains courantes en bordure du rouf, sont situés 5 centimètres plus bas que l’axe de rotation du mât.
Pour compenser cet écart, le chantier a modifié leur position de 5 cm vers l’avant. De cette manière, les « bas haubans » sont légèrement détendus de quelques centimètres lorsque le mât est en position horizontale. Ils se retrouvent parfaitement tendus lorsque le mât est monté à 45° et de nouveau légèrement détendus lorsque le mât est vertical.

Les quelques centimètres de « mou » dans les « bas haubans » ne semblent pas gênants lorsque l’on dresse le mât dans des conditions idéales : terrain plat, pas de vent latéral, pas de hauban qui s’accroche d’un côté,… Rien n’incite le mât à partir d’un côté ou de l’autre et si c’est le cas, une personne positionnée dans le cockpit ou sur le rouf n’aura aucun mal à le ramener « dans le droit chemin » en tirant légèrement sur le « bas hauban » du côté opposé où le mât est en train de partir.

J’avais eu l’occasion de tester un peu le système lors du salon de Paris cet hiver, et j’ai alors pu constater avec quelle facilité le mât se montait ou se baissait seul, via le palan, sans même nécessiter  l’aide de quelqu’un sur le pont.

Le mauvais exemple

Lorsque les conditions de mâtage sont délicates (vent fort de travers, terrain en dévers) où que l’on est tout seul pour réaliser l’opération, les quelques centimètres de « mou » peuvent s’avérer fatals.

J’ai failli en faire les frais lors de mon premier matâge, lorsque mon Astus 22 tout neuf m’a été livré pour les Nautiques de Port Camargue.
Les conditions étaient pourtant faciles : parking plat, pas de vent… Mais j’étais tout seul et sans aucune expérience ni indications particulières sur ce type de mâtage.
Les « bas haubans » du kit de mâtage avaient été réglés et installés à leur poste par le chantier qui avait procédé à un essai et réglage avant d’expédier le bateau.
C’est donc confiant que j’installe la chèvre et que je commence le relevage du mât.

Premier petit doute lorsque je mets le palan en tension. Je sens que ça tire fort et pourtant le mât ne décolle toujours pas. Ne vais-je pas tout casser si je continue ?
Palan au taquet, je me rends tout à l’arrière du cockpit et soulève légèrement le mât de son porte mât. Il ne demande effectivement qu’à décoller, tiré par la drisse fixée à la chèvre elle-même tirée par le palan.
La tension importante est donc nominale et il faut encore en ajouter un peu pour que j’ai la satisfaction de voir le mât commencer à décoller.

Je le monte de quelques degrés et commence à le voir partir légèrement sur tribord. Quelques degrés d’écart seulement. Je me dis que ce n’est pas grave, et que le « bas hauban » bâbord, bien tendu maintenant, va jouer son rôle et l’empêcher de s’écarter plus.

Je retire sur le palan, le mât monte un peu plus… Et s’écarte d’autant plus sur tribord. 5°, 10°, 15°. Il est en train de partir et les pattes en alu qui le maintiennent sur l’axe de l’embase commencent à se tordre, incapables de résister aux efforts imposés par cet immense bras de levier de plus de 8 mètres.

L’embase maltraitée finit par quitter le pied de mât, heureusement retenue par un bout de sécurité, que j’avais eu la bonne idée de fixer avant la manipulation.

Un gars sur le stand d’à côté réagit rapidement et vient attraper la tête du mât et m’aider à le replacer sur son support. Ouf, plus de peur que de mal…

J’analyse calmement l’incident et pense comprendre le scénario.
Le hauban tribord qui pendait le long du flotteur a dû s’accrocher à la plaque de feux de la remorque et se mettre en tension, tirant le mât vers tribord.

Après quelques degrés d’écart, le « bas hauban » bâbord s’est mis en tension. Le mât étant encore presque à l’horizontal, cette tension est dirigée légèrement de biais mais vers l’arrière.

La pièce en plastique où est accrochée le bas hauban a alors glissé vers l’arrière. Sa vis de serrage autour de la main courante n’a pas suffit à la maintenir à sa position d’origine réglée au chantier.

En glissant de 5 cm jusqu’au point de fixation de la main courante où je l’ai retrouvé, elle a détendu le bas hauban d’autant. Celui-ci n’était alors plus capable d’empêcher le mât de s’écarter davantage, ce qui n’a pas manqué d’arriver lorsque j’ai continué de le hisser.

Voyant le mât s’écarter, j’ai essayé de le ramener dans l’axe en tirant sur le bas hauban bâbord… mais aucune chance contre le câble inox du hauban tribord coincé sous la remorque (hors de ma vue). Et tout seul, impossible d’aller décoincer le taquet du palan (fixé à l’étrave) pour reposer le mât sur son support tout en le maintenant latéralement à l’arrière du rouf…

Je me suis retrouvé tout bête avec le bas hauban dans une main, l’écoute du palan dans l’autre et les pattes alu de l’embase du pied de mât en train de se tordre (de rire ?) devant les yeux…

Suite de l’histoire

Une fois le mât revenu à sa position initiale, j’ai repris le mou sur chacun des deux « bas-haubans » afin qu’ils soient tendus dès le départ et qu’ils empêchent ainsi le mât de partir de travers dès le début. J’ai alors pu hisser le mât, toujours tout seul, en surveillant de près les pattes tordues de l’embase.

A 45°, la tension des « bas-hauban » est maximale et les nœuds de mes ½ clés se resserrent, ce qui permet de les allonger peu, histoire de passer le cap sans arracher les mains courantes.

Pour le démâtage, nous étions deux. J’ai donc pu rester au pied de mât sans me préoccuper du palan et juste m’assurer que les pattes alu tordues n’essayaient pas de s’échapper. L’opération s’est déroulée avec une facilité déconcertante…

Conclusion

Tout d’abord, préventive : laisser les haubans dans le cockpit. Ils ont moins de chance de s’accrocher (sur la remorque ou sous un flotteur) et si c’était le cas, on peut le voir lorsque l’on est sur le pont.

Ensuite, curative : modifier l’ancrage des « bas haubans » afin de les aligner parfaitement avec l’axe de pivotement du mât. De cette manière, ils sont réglés tendus une fois pour toutes, afin d’être constamment efficaces, du début à la fin du mâtage (ou démâtage).

Modification

Pour augmenter la hauteur des ancrages, j’ai utilisé des pieds de chandelier en inox. Pas très design, plutôt massifs et pas très bon marché, ils présentent l’avantage d’être faciles et rapides à poser, et semblent d’une robustesse à toute épreuve (on sent le traumatisé qui a failli tordre son mât tout neuf dès le premier jour…).

Pour aligner transversalement les ancrages, l’embase de chandelier est fixée au dessus du point de fixation de la main courante.
Deux trous percés à travers la main courante + deux boulons pour fixer l’embase de chandelier sur la main courante, et le tour est joué. Leur surface d’appui plate et large répartit les efforts de compression sur le pont.

Une manille longue et étroite boulonnée à la place du chandelier offre un point d’ancrage robuste et pile poil à la bonne hauteur (+12 cm par rapport au pont).

Variante

Moins cher et moins massif, cet échelon de mât en inox aurait très bien pu faire l’affaire. Mais sa pose sera un peu plus compliquée si elle nécessite de fixer son troisième pied via un insert en résine sur le pont en sandwich de l’Astus 22.

Côté avantage, notons également que ce type d’excroissance sera moins susceptible d’accrocher une écoute de foc qui bat.

A conseiller également vivement à tous ceux qui s’assoient sur les roufs sans regarder au préalable où ils posent leurs fesses…

Réglage des « bas haubans »

Une fois les ancrages alignés, reste à régler les « bas-haubans » (en cordage textile sans allongement genre dyneema) afin qu’ils soient parfaitement bien tendus.

La solution de faire un simple nœud présente 2 inconvénients :

  • on perdra 2 à 3 centimètres lorsque le nœud va se serrer sous l’effort
  • on aura du mal à desserrer le nœud une fois qu’il sera tendu.

La solution de la manille proposée par le chantier reste valable. J’ai changé la manille basique par un modèle rapide à manille imperdable afin de faciliter la mise en place et l’enlèvement du « bas-hauban ».
Régler le nœud sur la manille de manière à ce que celle-ci soit environ 2,5 cm « trop courte » pour atteindre le point d’ancrage. La fixer ensuite quelque part et tirer vigoureusement et transversalement sur le bout pour serrer à fond le nœud. Vérifier ensuite que la manille se fixe sur son point d’ancrage en conservant le bout légèrement tendu. Si ce n’est pas le cas, défaire le nœud et recommencer en ajoutant ou retirant les millimètres manquant ou en trop.

Une autre option consisterait à utiliser un petit palan du type de ceux que servent à étarquer le guindant des voiles de planche. Le « bas-hauban » serait alors simplement mis en tension à chaque utilisation et détendu pour chaque démontage.

Dernière idée en date (soufflée par Fabien) : utiliser des sangles à boucle ou à cliquet. Rapide à installer, facile à tendre et vite retirées.

Essais

Après deux démâtages et un mâtage avec les nouveaux point d’ancrage, la modification du système donne toute satisfaction. Quelque soit la position du mât, les « bas haubans » de maintien restent tendus ou quasiment tendus, éliminant ainsi les risques de « dérapage ».

Un point important à mes yeux est que, dorénavant, je suis capable de régler parfaitement les « bas-haubans » quelque soit la position du mât car le réglage est unique : toujours tendu. Auparavant, si un noeud finissait par glisser un peu, ou s’il fallait changer le cordage du « bas-hauban », il était vraiment délicat de retrouver le bon réglage puisque la position « tendue à bloc » correspondait à l’inclinaison de 45°. Et l’on a vu que quelques centimètres d’erreur pouvaient suffire à compromettre l’opération.

Moralité : la tranquillité et la sécurité valent bien les quelques dizaines d’euros investis dans l’achat et la pose de ces accessoires…

De Jean-marc Schwartz, avril 2009

Démonstration en vidéo

Cet article a 0 commentaires

  1. Bienvenue au club !

    À partir d »une certaine longueur, un système de matage est obligatoire. Or, c »est un point très négligé par les constructeurs.
    Le mien (sur mon Kerkena 6.1) fonctionne à merveille. Mais pour en arriver là, j »ai vu mon « pieu » tomber deux fois au sol avec dégât sur le pied de mât. Mais une fois qu »on a trouvé le bon truc, tout devient un jeu d »enfant.

  2. cas de l »del tri 22Bonsoir, je suis l »heureux acheteur de l »edel tri 22 qui etait en vente sur NAutical il ya quelques semaines. Je dois avouer que l »edel tri est un model du genre pour mater. En effet le mat repose directement sur le bras de liaison avant. Consequence direct, si on utilise tout simplement la drisse de genois et la drisse de spi en les frappant à l »extremite du bras de liaison, ce haubannage provisoire et repris tres haut sur le mat reste en tension constante quelque soit l »inclinaison du mat. le mat est donc parfaitement tenu dans un plan vertical. DE plus il faudrait que je fasse une photo mais l »axe de pivotement est au dessus de celui de clavetage et les crochets sont bien plus gros que sur ton mat, aucun risque de les plier. Pour le moment il me manque une chevre(en projet de realisation) il faut donc s »aider d »un long bout frapper en haut du mat et d »une deuxieme personne venant hisser le mat en s »eloigner loin devant la remorque. Inconvenient du concept (non repris sur l »astus) le bras est recule sous le pied de mat et on perd en volume interieur. Par contre moins de vague qui casse sur le bras et aucun effort du pied de mat renvoyé sur le plan de pont. la coque centrale est simplement suspendue sous les 2 bras. resultat moins de renfort necessaire dans le pont et des dizaine de kgs en moins. J »etais tres interesse par l »astus 22 mais j »etais totalement hors budget. En tout cas merci au chantier Astus d »avoir remis ce concept de trimaran au gout du jour.

    1. eh bé ! en guise de chèvre… sur le magnum 21s j »ai adopté la même idée pour lever le mat j »utilise en guise de chèvre la bôme position « presque en equerre » au pieds du mat et triangulée avec les écoutes de foc fixé au sommet de la bôme, qui passe en extremité de poutre dans les vis à oeil puis revienne se coincer dans les taquets du foc. Oui je sais! j »ai promi des photos… le WE du 1 mai au Lac d »Orient sera l »occasion d »en réaliser… Je precise que le mat est déjà triangulé avec le kit constructeur, que la bôme et maintenu au pied du mat en appui a l »aide d »une plaque inox inseré entre le pied et la poutre, que les « écoutes » en haut de la bôme se bloque grace à un noeud de chaisse et s »y tiennent car retenues par l »ecoute d »étarquage de la GV .

      1. Eh bé… Tout ça ?

        Là, c »est sûr…Cela mérite un nouvel article spécifique M21S, avec plein de photos !!!

        ( Pô sûr d »avoit tout compris)

        Philou le prégrabataire.

  3. nico (Equipier Nautical Trek)

    stress du matage Avec l »astus 20, on s »est fait peur plusieurs fois, avec meme un atterissage du mat au sol heureusement sans conséquence.
    Avec la potence sur le 22, quel confort, c »est un peu plus long de mise en oeuvre, mais le gain de sérénité vaut bien cette perte de temps!
    Ton histoire Jean Marc, va me faire réfléchir, et m »inciter à ne pas être trop confiant quand même.

    Concernant l »edel tri 22, il y en a un près de chez moi, et je connais le propriétaire, c »est un super bateau, et on retrouve complètement le concept de l »Astus 22, reste le look un peu désuet des flotteurs, mais la coque centrale est encore dans le coup.

    nico

    1. proprietaire edel tri 22 Sais tu si le proprietiare est present sur le net sur un forum ou un site quelqconque? j »aimerai bien rentré en contact avec lui.
      Pour les flotteurs il a peut-etre toujours les version 15 pieds? moi je trouve que les 18 pieds avec les redans assez marqués ne font pas trop vieux. En fait pour ma part, je trouve justement la coque centrale un peu trop rondouillarde dans le bas comparé au design actuel des petits tri de croisiere.
      Comme quoi les histoires de gout… Mais j »adore la simplicité du concept. Au final le demontage des flotteurs n »est pas si penible a condition de disposer de pieds dediés à l »operation. Mais par rapport au budget, difficile de trouver autre chose…

    1. joindre nico? Comment faire pour te joindre? pas de message privé possible via nautical?s »il faut je peux m »enregistrer sur NAutical, j »ai jamais pris le temps de le faire :confused:

  4. emmanuel guian

    la chèvre ? l »essayer, c »est l »adopter…!

    1er matage de mon nouvel astus 20.2 avant hier

     

    primo: le mat est autrement plus lourd que celui de mon magnum précédent; un matage seul sans aide ni sécurité est suicidaire (pour le mat et les occasionnels spectateurs)

    deuxio: vive la chèvre, je ne regrette pas l'investissement même si elle est prévue pour un bateau + gd (Astus 22)

     

    Emmanuel G

  5. Mêêee

    Robert de Thibault m'a gentiment prêté sa chêvre lors du week end de l'ascension à la Verse Meer en Hollande.

    Nous l'avons testé sur l'astus 20.1 avec le kit de matage amélioré et cela marche très bien.

     

  6. mâtage Astus 20.1

    Eric B : en quoi consiste le kit de mâtage amélioré ?

    J'envisage l'achat de la chèvre, mais il faut assurer le maintien vertical du mât.

    Le rajout de supports sur la remorque paraît excellent, mais un peu "lourd".

    1. mâtage Astus 20.1

      la chevre c'est un plus un peu encombrant et un peu cher pour ce que c'est.

      Depuis que j'ai installé sur mon astus 20.1 le kit de matage amélioré, je n'ai plus de crainte pour le matage et le dématage.

      Je te conseille de voir cet excellent article qui explique la méthodologie :

      http://www.nauticaltrek.com/5430-maintien-lateral-lors-du-matage

      Je mate tjrs à 2, c'est moins physique avec mon épouse à l'avant qui utilise le palan de GV attaché à la drisse de gennaker. Quand le mat est à 45°, je peux presque lacher le mat, je sais qu'il ne bougera pas car les haubans provisoires le maintiennent latéralement.

      Eric

      1. mâtage Astus 20.1

        Une autre variante testé en solitaire par Jean-Claude : avec une chèvre bricolée similaire mais en remplaçant les bouts fixes latéraux par 2 cordages renvoyés vers les taquets de foc.

        De cette manière, il est possible de mater seul en s'installant dans le cockpit, en mettant sous tension les bouts latéraux et en tirant sur le palan de GV pour monter le mat de 10 degrés à la fois. Tous les 10 ou 15 degrés, reprendre le réglage des bouts latéraux (en les choquant d'abord puis en les bordant à la fin) afin qu'ils soient toujours raisonnablement tendus.

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