Solution standard
Pour hisser et affaler rapidement une grand-voile, surtout lorsqu’elle est lattée entièrement avec des lattes forcées, la solution communément proposée consiste à installer des lazy-jacks, ces multiples bouts qui pendent de chaque côté de la voile et l’empêchent de s’éparpiller dans le cockpit lorsqu’elle est affalée.
Il s’agit d’une solution éprouvée qui fonctionne et présente plusieurs avantages :
- La GV ne tombe pas dans le cockpit lorsque l’on affale.
- Prise de ris facilitée.
- la voile est plus facile à hisser (moins de frottements).
Cependant, dans mon cas, cette solution présente aussi quelques inconvénients.
Le premier, et non le moindre, est de nécessiter une voile et un mât adaptés :
- voile à coulisseaux
- ouverture de la gorge du mât placée le plus bas possible, le plus près de la bôme.
Mon gréement d’Astus 20.1 standard n’était pas pourvu de tels attributs, ma grand-voile ne peut s’affaler sans devoir sortir toute la ralingue de la gorge dont l’ouverture est placée assez au dessus de la bôme.
S’il est toujours possible (et pas très coûteux) de faire installer des coulisseaux à posteriori par un voilier, modifier la gorge du mât est une autre affaire.
Autre difficulté posée par les voiles à corne modernes, les dernières lattes sont particulièrement inclinées vers le haut pour tenir la corne. Du coup, impossible de les faire s’aligner sur la bôme lorsqu’on affale. On doit conserver un bon morceau de têtière en l’air ou retirer les dernières lattes de leur fourreau pour y remédier.
Rien de rédhibitoire en soi, comme l’atteste l’exemple d’Henri qui a réalisé cette modification sur son gréement (sans installer de lazy-jacks pour autant) et en est très satisfait.
Marc, Emmanuel et d’autres, adeptes des lazy-jacks, ont directement commandé leur bateau avec GV à coulisseaux et gorge de mât adaptée (lire le témoignage d’Emmanuel en cliquant ici).
On note cependant que la voile affalée offre encore une certaine prise au vent et que les nombreuses pliures sont accentuées par l’utilisation des élastiques maintenant l’ensemble.
Si la prise au vent n’est pas très gênante pour une escale au mouillage où le bateau s’orientera naturellement face au vent, c’est plus gênant lorsque le bateau est beaché sur la plage parfois travers, ou pire, dos au vent.
Ces inconvénients n’existent plus lorsque l’on roule la voile autour de la bôme. Et sur l’aspect visuel, il n’y a pas photo entre les 2 solutions …
The Rolling Bôme
De mon côté, cela fait déjà quelques années que j’enroule systématiquement ma grand-voile autour de la bôme à chaque fois qu’elle est affalée.
Elle est ainsi facilement rangée, sans aucun pli qui finirait, à la longue, par fatiguer le tissu.
Mais l’une des raisons qui m’incite à procéder ainsi est mon goût prononcé pour les escales confortables.
Dès que l’on s’arrête, je positionne la bôme à 2 mètres de haut histoire d’avoir la hauteur sous-barrot et, si la chaleur l’exige, j’installe un taud de soleil par dessus. Avec la voile enroulée autour de la bôme, ces opérations sont extrêmement simples et rapides (ce qui n’est pas le cas avec des lazy-jacks.
Par contre, pour que cela fonctionne bien, quelques astuces s’avèrent indispensables.
Certaines, comme le double système de guidage de la ralingue et la mise en place d’une balancine, ont déjà été décrites dans un précédent article (cliquer ici pour consulter cet article).
L’objet de cet article est de vous présenter les dernières petites trouvailles qui améliorent le système.
Fixation de la voile
Un petit accessoire indispensable lorsqu’on est tout seul pour rouler la voile (et bien pratique, même si on est deux) : un simple taquet plastique fixé en bout de bôme et qui permet de bloquer la voile sur la bôme en y passant l’œillet au travers et en étarquant ensuite la bordure.
On n’y a plus, ensuite, qu’à rouler la bôme pour que la voile, entraînée par la rotation, s’enroule d’elle-même.
Les astuces suivantes sont des trouvailles de mon ami Jean-Claude, que je trouve géniales, car particulièrement simples et économiques à mettre en oeuvre tout en étant redoutablement efficaces !
Fixation de la balancine
Il y a une solution bien plus simple que la patte métallique, boulon et contre-écrou que j’avais ajouté en bout de bôme.
Tellement simple qu’elle ne m’était jamais venue à l’esprit… Un simple bout !
Après avoir retiré le bouchon qui termine la bôme, passer un bout avec un nœud de chaque côté et le tour est joué. Bien fixer le bouchon de bôme avec des vis ou des rivets pour ne pas qu’il ressorte sous la tension de la balancine.
Léger, pas cher, inoxydable, non contondant, … bref, parfait !
Plusieurs solutions pour y attacher la balancine :
- un simple nœud.
- un petit mousqueton ou un crochet en plastique.
- une boule à glisser dans la boucle.
A l’escale, pour positionner rapidement l’arrière de la bôme à deux mètres de haut, il suffit d’avoir une boucle sur la balancine à cet endroit et d’y glisser dedans la boule ou le crochet. Plus simple et plus rapide, tu meurs !
Fixation de la bôme
La bôme est simplement enfoncée sur le vis de mulet (ce qui lui permet, du coup, de rouler).
Le revers de cette simplicité, c’est qu’une petite traction de la bôme vers l’arrière suffit à la déboîter et à la faire tomber dans le cockpit.
Cela ne peut pas se produire en navigation grâce aux tensions d’étarquage de la grand voile. Par contre, lorsqu’on la roule, cela peut facilement arriver, notamment lorsqu’on tire un peu sur la voile pour éviter les plis.
Heureusement pour nous et nos orteils, Jean-Claude nous a trouvé « the solution ».
On démonte cette fois ci la bague plastique à l’avant de la bôme ainsi que la rotule du vit de mulet sur le mât (maintenue par un boulon de 6 mm de diamètre).
On perce finement (3 mm) la tige du vis de mulet pour y passer un anneau brisé qui empêchera la tige de ressortir. Une petite rondelle plastique est ajoutée pour limiter les frottements.
Enfin, pour fixer la bôme sur le mât, le boulon est remplacé par une clavette à bille. Il suffit de tirer sur son anneau pour la déboîter et libérer la bôme.
Bôme coulissante
Cerise sur le gâteau, Jean-Claude a rajouté un petit accessoire qui lui permet de faire coulisser la bôme le long du mât.
Une fois la bôme désolidarisée de l’embase du vis de mulet, la clavette à bille est remise sur cet accessoire réalisé à partir d’une latte inox à trous, coupée, pliée et soudée.
Il n’y a plus qu’à enfiler l’accessoire dans la gorge du mât et à bloquer celui-ci à la hauteur désirée (ne me demandez pas comment …).