Gwenojenn à Jersey

Gwenojenn à Jersey

(suite de l’article : Gwenojenn dans le grand nord Bretagne)

Intermède auvergnat

La semaine suivante fut plus champêtre puisque nous sommes partis en famille en Auvergne, le tout en citroen DS de 1966. Là aussi, c’était un petit projet qui me tenait à cœur en tant qu’amateur de véhicules anciens.

Sans rentrer dans les détails, nous avons vu l’Auvergne et sommes revenus sans encombres ou presque (une roue desserrée, une panne électrique et une panne d’essence)…

A nous les Anglos-Normandes !

Ma dernière semaine était réservée à une ballade dans les anglos avec ma chère et tendre, Lucas en garde chez ses grands parents.

Au départ, il avait été dit que nous partirions de Normandie pour raccourcir la nav compte tenu des 6 mois de grossesse. Mais vu la déception de n’avoir pu gagner les Scilly, je décidais de partir de chez mes parents près de Saint Quay Portrieux : 43 petits miles, ça sera toujours ça de pris !

Mardi 17 Aout, Gwenojenn retrouve l’élément liquide, pas de préparation notable, tout était resté en place de la première semaine de navigation.

Jersey, sans forcer

Mercredi 18 Aout, nous quittons Saint-Quay à 8h du matin, cap sur Saint-Hélier à Jersey.
Vent de Nord-Ouest, mais, cette fois ci, ça arrange nos affaires et prenant même de l’Ouest, on peut envoyer le spi pendant 2 bonnes heures.
On marche entre 6 et 7 noeuds.

Le vent revient Nord-Ouest et le spi est affalé, nous filons toujours 6 noeuds, et surtout sur la route idéale.

Manue va faire la sieste, le vent mollit et je n’ose pas la réveiller pour envoyer mon code 0 qui est sagement enroulé dans son sac au fond du bateau.
Au réveil de Manue, Jersey est déjà en vue, il est midi et on peut enfin envoyer toute la toile, le bateau file à 9 noeud avec des pointes à 11, que du bonheur !

A 14h, nous sommes devant le port de Saint Hélier, bord à bord avec le Condor venant de Saint-Malo. Il est impressionnant quand on est à coté.

Voilà une navigation sans histoires, qui nous a permis de tenir 7 nœuds de moyenne sans forcer.
Le retour sera une autre paire de manche…

Mais pour le moment, nous nous acquittons des presque 25 euros de couchage au port, sans eau ni électricité. Gloups, à ce prix, on faisait trois campings municipaux en Auvergne !!

Visite de Saint-Hélier où les costumes cravates, Porsche et Ferrari sont de rigueur. On fait un peu «tache» en short claquette…

Un bon cassoulet dans le port de Saint-Hélier achèvera cette escale de luxe, pour le moins dépaysante, voir décalée.

2ème jour, Rozel bay

Départ le lendemain sous un superbe soleil vers l’Est de Jersey.
Après Sainte Catherine Bay, nous accédons à un petit port de pêche, Rozel bay. Nous nous approchons dans l’idée de beacher mais la plage n’est pas de sable fin mais plutôt plein de caillasse.

On va pour ressortir du port quand un pêcheur local sur son petit bateau nous hèle pour savoir si l’on comptait dormir ici. Il nous indique alors un mouillage devant le port qui lui appartient. On ne se le fait pas dire deux fois et nous accrochons sur ce coffre plutôt en très bon état, rassurant si le vent se lève.

Pour l’anecdote, le mouillage est en plein chenal d’accès au port, et vu l’orientation du vent Gwenojenn barre complètement le chenal, mais ça ne dérange a priori personne.

La météo du lendemain vendredi 20 Août annonce du vent de Sud Ouest, le samedi pareil, et il faut que je sois au boulot lundi. On décide donc de quitter déjà Jersey le vendredi, en prévision des bords de près qu’on allait faire, en direction de Saint-Malo.

3ème jour, Près laborieux jusqu’à Saint Malo

Départ vendredi matin vers 9h00 de Rozel Bay avec ce vent finalement plus Sud que Sud Ouest. On est au près. J’ai la vague impression que ce retour risque d’être beaucoup plus long que l’aller.

Je demande à Manue de regarder sur le GPS la trajectoire que l’on fait par rapport à la route que l’on s’est fixée. Au lieu d’aller vers Saint Malo, nous pointons vers la pointe d’Agon.
Petite pensée pour Régneville sur Mer et ses gentils habitants mais ça ne va pas nous aider à raccourcir notre route.

A l’approche de Chausey, le vent fait des siennes et des 15 nœuds du matin, il ne reste plus grand chose.
Moteur.
Une heure plus tard, ça revient et notre périple continue.
Les Minquiers défilent sur Tribord, il est déjà 15h, et toujours pas de Saint-Malo en vu !

Le courant est contraire et freine notre avancée, et les bords de près s’enchaînent. Vers 17h, enfin, nous apercevons Cancale et la pointe du Grouin.
La partie n’est pas pour autant gagnée, l’approche et le chenal d’accès au port des Sablons est interminable, le dernier bord de près s’achève à 150 m du port et il est dans les 19h30…

La fatigue se fait sentir et nous nous faisons indiquer une place au ponton à coté d’un Sun Odyssey 40,3. Le commandant du paquebot nous toise, et semble inquiet de nous voir se garer à ses côtés. C’est sûr qu’on n’est pas dans le même concept, on l’a interrompu dans sa «Champage-petits fours party».

On s’approche doucement, une risée qui nous prend de côté, et voilà mon Gwenojenn qui s’entiche du mobile-home. L’embrassade n’est pas chaleureuse du tout, un évent en inox très proéminent vient gratter mon flotteur tribord, j’aurai de quoi m’occuper cet hiver…

Heureusement, des amis de Saint-Malo viennent nous chercher au ponton et quelques verres plus tard, tout ça est vite oublié !

4ème jour, le démâtage n’était pas loin

Samedi 21 Aout, nous attaquons le Grand Jardin vers 8h15, le Cap Fréhel approche très vite avec ce Sud-Ouest 10-12 nœuds.

A l’approche du cap, le vent monte et nous somme bord à bord avec un JOD 35. On ne le quittera pas jusqu’au Grand Léjon (j’ai eu des doutes quand même sur leur réglage, car un JOD 35 au près, ça doit envoyer du bois).

Le vent doit dépasser les 20 nœuds et je me demande si je ne vais pas prendre un ris, le bateau commence à marcher «en crabe», mais plus on s’éloigne du cap, plus le vent s’essouffle. Au final, passé le Grand Léjon, on est obligé de mettre le moteur.
Capricieux ce vent tout de même!

A l’approche des Iles Saint-Quay, le vent revient et nous renvoyons la toile. Les 15 nœuds sont de nouveau présents. Nous sommes au près, il doit rester 3 miles avant d’arriver au terminus.
Soudain un bruit sec retentit dans le gréement, je jette un oeil sur la «bastaque» au vent. Surprise, le palan pendouille et mon bout de sécu en dyneema est tendu… On a frôlé le démâtage, au mieux le flambage, je ne suis pas mécontent de ma précaution consistant à doubler le palan par un bout.

En examinant le palan, je m’aperçois en fait que c’est l’axe reliant la manille au palan qui s’est dévissé. Elle n’a pas apprécié la séance de prés de 90 miles…

Et voilà, en fin d’après midi, Gwenojenn était à nouveau au sec dans le jardin.
Prochain voyage en vue, les Baléares en 2011 !

Nicolas T.

Cet article a 0 commentaires

  1. patrickm

    Oublions le retour…6h pour aller à St Hélier de St Quay, on voit que Gwenojenn turbine ! Bref, ça a duré le temps d »une sieste :+)

    La côte Est, Gorey, Rozel, n »est pas réputée pour son sable fin mais c »est clairement le « bon côté » du plateau de Jersey pour mouiller au calme.
    Quant à St Hélier, Marc te racontera le calme de la baie de St Aubin, à portée de bus du centre-ville.

    Dernière remarque : Si tu avais un GPS, tu aurais pu tenter le tour de la pointe SE entre la terre et le banc Violet. ça vaut son pesant de cacahuètes et ça raccourcit la route. Une prochaine fois?

    Bien des choses à Manue.
    A+

    1. nico

      Oublions le retour…

      Salut Pat,

      En fait quand on a fait St Hélier Rozel bay, il faisait super beau, il y avait un peu de vent, on était sous spi, en fait j'avais pas trop envie de raccourcir la route!!

      Par contre, la prochaine fois on pourrait le faire à plusieurs, tu passes devantwink!!

  2. Joli périple

    J'hésite à effectuer le même avec mon 6 mètre "Maybe" (équipé en "plus de 6 Milles").

    Mais ma crante, c'est l'humidité qu'amène un ciré détrempé quand on rentre dans la cabine !

    Le confort à bord doit vite s'en ressentir. Comment  avez-vous survécu à tout cela avec en plus, d'après ce que je vois, une survie trônant dans la cabine ?

    1. nico

      Joli périple

      Salut Roger,

      on a "survécu" sans aucun soucis, la météo rencontrée était clémente et n'a pas mis le bateau et l'équipage "dans le rouge".

      Meme si l'humidité gagne très vite les moindres recoins d'une petite cabine, on peut tenir plusieurs heures, avec en ligne de mire une bonne douche chaude une fois touché terre!

      Je te souhaite de tenter la traversée avec ton "maybe", c'est un parcours interressant, et la destination est dépaysante malgré sa proximité.

      nico

       

    2. Marc S

      Joli périple

      … faut pas hésiter ! Il faut bien prendre la météo, qui reste plutôt stable en été. Les traversées se font en moins d'une journée. Avec de bonnes cartes et un bon GPS, doit pas y avoir de souci. Nous l'avons fait en Astus 20.1… (Récit en cours d'élaboration.) Pour ce qui est des cirés humides, nous avons toujours réussi à les faire sécher attachés au mât après une averse . Les quelques nuits où nous avons eu de la pluie, la porte entr'ouverte en plus de la trappe d'aération ont suffit pour que nous dormions dans un confort correct. Pas de souci d'humidité dans les affaires, le linge ou les duvets…

  3. Apparté DSsophile…Salut Nico,

    Tu parles de panne électrique et de panne d »essence…rien de plus normal sur un tel périple au volant d »une ancêtre.
    Vu qu »elle ne roule pas tous les jours…Dis moi combien de bidons de liquide rouge tu as répandu sur les routes auvergnates ?

    PHIL

    P.S: Faire plusieurs fois  » le coup de la panne » à Manu…dans son état…Franchement!!

    1. patrickm

      Apparté DSsophile…Philippe :
      Filou, mets un peu de dérive, tu dérapes…

  4. Comment ça, je dérape?Bonjour Patrick,
    Hormis le fait que mon message à Nico est complètement hors sujet sur un site de voile, je ne vois pas où je dérape…
    Pour ta culture, sache que les Citroën avait un réseau hydraulique irrigué par un liquide de couleur rouge sang ( liquide LHS) jusqu »en 1966 …( millésime de la DS de Nico…), qui n »était pas spécialement fiable parceque très hydrophage.
    A partir de 1967, ce liquide qui adorait se saturer d »eau et faisait gripper tous les organes des freins et des suspensions ( entre autres…) des DS et autres ID a été remplacé par le liquide vert ( LHM) qui a réglé une bonne part des soucis citroënistes…
    Nico n »en a que plus de mérite de se lancer en dehors de son département avec son auto!

    1. patrickm

      Comment ça, je dérape?Philippe ROUARD :

      Je faisais allusion à ton post scriptum :+)

    2. nico

      Connaisseur ce phil!

      Je vais juste apporté une précision à tes explications, en fait ma DS est du mois d'Octobre 66 (millésime 67) et ce sont les toutes premières équipées au liquide vert LHM, du coup j'évite tous les inconvénients que tu cites. Heureusement car j'ai failli perdre une roue, ( j'avais mal sérré les boulons et je m'en suis aperçu 700km plus tard). Je passe sur la panne élec, et le clou final, panne sèche après 2000 km, à 20 bornes de chez moi. La petite gaterie, elle a calé à 500m d'une station…

      Désolé pour le hors sujet, mais la conduite d'une DS a un petit quelque chose de nautique, les bosses se transforment en vagues et les dos d'anes en houle…

      nico

  5. Ehhh bien…Stoïques et patientes, les finistériennes !

    Ce doit être dans les gènes , en fait…

    Tout compte fait, vaut encore mieux attendre les pieds dans la boue au bord d »une route auvergnate que son homme ait fini de farfouiller sous le capot d »une antiquité pour essayer de réparer une énième panne, que d »attendre pendant des mois assise sur un quai en costume traditionnel le retour du trois-mâts parti vers des mers lointaines.

    Pas de doute, nous vivons une époque moderne !

    PHIL

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