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6ème jour, presqu’île de Giens
Le ciel est couvert mais la nuit a quand même été paisible, la mer s’étant bien calmée pendant la nuit.
Tant que l’Astus 22 reste mouillé à plusieurs mètres de la rive, il ne subit pas le résidu de ressac.
Je débarque à terre et part sur le sentier littoral à la recherche d’une plage plus agréable pour séjourner durant le coup de vent. Je ne tarde pas à la trouver, blottie au fond du petit port du Niel.
Renseignements pris à la capitainerie, nous avons l’autorisation pour venir y beacher.
Moi qui ne suis pas fan des ports, j’apprécie l’aspect « naturel » de celui-ci.
Retour au bateau, pliage express de la tente (vive le système « 2 seconds » !) pour décamper avant que le vent ne monte. Le bulletin météo annonce des rafales à force 8 pour l’après-midi.
Les filles sont encore dans leur lit lorsque nous beachons le trimaran bien à l’abri sur la plage du port. On s’installe devant une sorte de terrasse en béton. Elle est située idéalement à l’ombre des longues branches d’un arbre qui descendent jusqu’au sable, nous offrant un coin frais et tranquille, à l’écart du passage des piétons qui s’en vont emprunter le sentier littoral, ou simplement s’installer sur la plage pour une courte trempette (baignade interdite dans le port…).
Nous prenons un petit-dèjeuner tardif sur notre terrasse, après avoir inauguré le hamac offert par l’ami Jean-Claude. Le confort de cet accessoire léger et peu encombrant est tellement apprécié qu’il nous impose dorénavant un nouveau critère à chaque escale : disposer d’arbres pour l’installer !
Direction le village de Giens par le sentier littoral pour y faire quelques courses. A l’abri du vent que l’on devine au large, l’endroit respire la tranquillité.
Idem pour le village dont la quiétude est à peine troublée par quelques commerces et restaurants. Le joli square et sa vue panoramique spectaculaire, le chant des cigales, les petites maisons anciennes… Tout respire la douceur de vivre, loin des paillettes et de l’agitation de Saint-Tropez.
Retour sur notre terrasse pour un repas tardif. Les perspectives de sieste dans le hamac auront raison d’une bonne partie de l’équipage qui déclare forfait pour la rando pédestre autour de la presqu’île.
Seuls Léa et moi nous lançons sur le sentier littoral, en direction de l’ouest cette fois.
Le sentier est ardu. Ca monte et ça descend sans arrêt, ça zigzague dans tous les sens, et nous progressons tout juste à 2 km/h. Le chemin est majoritairement ombragé par les arbres qui l’encadrent. Heureusement car la première partie de la balade se passe sur la côte sud, abritée du vent de nord-ouest.
Si ce tronçon est usant pour les genoux, il réserve les plus belles vues sur la mer qui vient copiner avec la côte rocheuse sur fond de couleurs éclatantes.
Les plages se font rares. La première rencontrée est large mais peu profonde. Quelques dizaines de personnes installées là suffisent à lui donner l’air d’être envahie par la foule.
La seconde est plus sympa à mes yeux de randonneur nautique. Bien mieux abritée, plus profonde et moins peuplée, elle aurait fait une escale parfaite durant ce coup de vent, hormis l’éloignement du village.
Nous voilà maintenant sur la côte ouest de la presqu’île. Après 2 heures de marche, nous n’en sommes qu’au premier tiers du parcours. Les 5-6 kilomètres estimés sur la carte se chiffrent au final en une bonne dizaine… compte tenu des nombreux lacets. Heureusement que les « petites » ne sont pas venues avec nous, et que la suite de la balade s’annonce plus facile.
Nous longeons la côte battue par le mistral. En haut de la falaise, le vent pousse fort dès qu’on n’est plus abrité par les arbres. Bien que perchés à plusieurs dizaines de mètres au dessus de l’eau, nous voyons passer des paquets d’écume qui montent verticalement vers le ciel, poussées par le vent furibond qui n’a que cette direction possible pour continuer son chemin.
Parvenus sur la côte nord de la presqu’île, changement de décor. Nous retrouvons des plages, dont certaines bien abritées.
Retour au village de Giens par la route de la Madrague. Après 4 heures de marche éprouvantes, nous pouvons enfin glisser nos pieds fatigués sous la table du petit snack installé sur le port du Niel pour y savourer les bonnes moules réservées le matin.
Accueil à la bonne franquette, prix sympas et pas de problème pour nous congeler 2 bouteilles d’eau destinées à notre sac isotherme.
7ème jour, île des Embiez
On traîne toute la matinée sur notre « terrasse » ombragée avec son hamac attenant.
Vu qu’il devient difficile de trouver des coins tranquilles où débarquer au milieu de l’après-midi, nous adoptons le rythme suivant :
- on arrive tard sur le lieu du bivouac, lorsque tout le monde s’en va.
- nous en profitons tranquillement le lendemain jusqu’à 13h (premier sur place donc installé au meilleur endroit).
- nous larguons les amarres et pique-niquons en naviguant.
- sieste pendant que la navigation se prolonge.
- recherche d’un nouveau lieu de bivouac.
- et rebelote le lendemain…
Sur la côte méditerranéenne, ce ne sont pas les marées qui dictent le programme de la journée, mais bien le flux et le reflux d’estivants sur les plages !
La petite « cabane » de pêcheur en pierre, à côté de nous, me laisse rêveur… Je m’y verrais bien y prendre ma retraite :
- le bain de soleil sur le petit quai.
- une table en bois installée à l’ombre du grand arbre attenant.
- mon trimaran amarré juste devant.
- les îles d’Or en face comme terrain de jeu.
Rien besoin d’autre pour baigner dans le bonheur !
Ma fille s’inquiète de mes divagations : « Où est-ce qu’on dormira lorsque nous viendrons te voir avec nos enfants ? »…
La facturation de notre séjour demandera un peu de réflexion de la part des autorités portuaires. Il n’est pas prévu de place « sur la plage » dans les tarifs pré-établis du port. Le capitaine du port ne nous demandera qu’un quart du tarif correspondant à la largeur de notre engin, soit 10 euros pour le séjour.
1,50 euros viennent normalement s’ajouter pour chaque douche prise… mais vu leur état de propreté discutable, le port nous en fait cadeau.
La méditerranée n’est plus fâchée et le temps est repassé à la petite brise légère. Un peu de moteur, un peu de voile, nous rasons la côte pour échapper au résidu de houle de la veille et découvrir ce bout de presqu’île, vu d’en bas cette fois ci.
Moment désagréable lorsque nous quittons la protection de la presqu’île et devons traverser un mélange de clapot abrupte et de ressac désordonné renvoyé par la falaise. L’arbre court du moteur manque alors de profondeur pour étaler ce rodéo et mieux vaut changer de cap pour ne pas attaquer les vagues de face.
En s’éloignant vers le large en direction du cap Sicié, le clapot finit par se calmer.
Il reste un poil d’air, je fais une tentative sous gennaker au près pas trop serré. Nous nous traînons entre 1,2 et 1,5 nœuds seulement.
Je remets le moteur puis, en essayant de rouler le gennaker, je réalise qu’il est bien gonflé et qu’il tire correctement sur son écoute, boosté par le vent apparent créé par notre vitesse au moteur (me voilà bon pour rajouter un nouveau chapitre au dossier sur le vent apparent).
Je décide donc de le laisser en place et réduis les gaz du moteur au ralenti, ce qui diminue significativement le bruit.
La vitesse se stabilise aux alentours de 4 nœuds soit 2,8 nœuds grâce au moteur et 1,2 nœuds grâce à la voile.
Cette formule voile/moteur s’avère fort intéressante :
- réduction du bruit et de la consommation du moteur
- on continue de se faire plaisir à la barre en cherchant à serrer au mieux le vent (la barre devient légèrement ardente, comme lors d’une rafale)
- lorsque la vitesse grimpe à près de 5 nœuds, on sait que le vent est remonté. Les voiles sont à poste, il n’y a plus qu’à couper et relever le moteur et l’on peut poursuivre sa route sous voiles sans même solliciter l’équipage (qui risque de faire la sieste d’ailleurs).
Une fois parvenu au Cap Sicié, après avoir passé la rade de Toulon et Saint-Mandrier bien au large afin de gagner du temps, le vent refuse et tombe.
Marilou saute sur l’occasion pour demander une séance de ski nautique qui tournera court : trop de vagues, et eau glaciale suite au coup de vent.
Nous longeons l’île des Embiez à la recherche d’une plage sympa pour y passer la nuit, mais celles de la côte sud-est ne font pas l’affaire pour diverses raisons :
- trop de monde lorsqu’elle sont facilement accessibles à pied.
- cernées par une falaise infranchissable.
- à l’ombre.
Nous arrivons devant la plage « de Withney » (du nom de la copine de Léa qui nous accompagnait la première fois qu’on s’y est arrêté), qui nous tente bien mais avec encore pas mal de monde dessus. Nous allons donc patienter une heure sur la plage suivante qui est déserte (car difficile d’accès pour les piétons) et calme grâce à la présence de rochers dans l’eau.
20 h… Il est temps de rejoindre notre lieu de bivouac. On y trouve encore un zodiac beaché avec son équipage familial, mais il y a de la place pour s’installer.
L’ancre est jetée mais je trouve la mer encore trop agitée. Je préfère repartir vers la crique que l’on connaît de l’autre côté de l’île, face au Brusc.
Chemin faisant, en passant devant le port blotti sur l’île, nous apercevons 2 petites plages encore ensoleillées. Préférant découvrir de nouveaux endroits encore inconnus, nous nous installons sur la plus grande d’entre elles, juste devant un grand arbre alangui chargé de promesse d’ombre rafraîchissante pour le lendemain.
Seul petit hic au tableau, nous sommes surplombés par un hôtel situé à quelques dizaines de mètres de là, et dont les clients sur leur terrasse disposent d’une vue plongeante sur l’Astus 22.
Tant pis, nous faisons comme s’ils n’étaient pas là, aidés en cela par la nuit tombante.
Soirée jeu des 1000 bornes / guitare, puis dodo tranquille sur un bateau parfaitement immobile, dont la quiétude est tout juste troublée par la présence d’une cavité dans un rocher qui résonne lorsqu’une vaguelette vient taper dessous.
8ème jour
Le matin est toujours un moment magique que j’apprécie particulièrement. J’aime le calme qui s’en dégage lorsque la mer et le vent sont encore endormis, et je savoure cette impression d’être sur une île déserte, isolé loin de tout et divinement tranquille.
Là, en l’occurrence, il suffirait de lever un peu les yeux pour apercevoir au loin de nombreux bateaux au mouillage… Mais mon regard évite aussi soigneusement qu’inconsciemment de scruter cette partie du paysage.
Et l’avantage d’arriver tard sur le lieu du bivouac, et de ne l’apercevoir qu’à la tombée du jour, c’est que l’on découvre un nouvel endroit le matin lorsque le soleil l’illumine sous un autre angle.
Et le visage de la crique que je vois apparaître ce matin n’est pas pour me déplaire.
Certes, j’aurais dû soigner un peu plus mes estimations concernant le levé du soleil et l’ombre dont aurait dû bénéficier le bateau et la tente. J’en suis quitte pour déplacer légèrement les amarrages arrière, afin de pouvoir petit-déjeuner à bord à l’ombre de l’arbre.
La présence d’un rocher submergé juste entre le flotteur et la coque centrale impose une immobilisation parfaite de l’embarcation.
Une fois le hamac installé sous l’arbre qui semble avoir été posé là exprès, toute la « sympathitude » de l’endroit devient évidente :
- de l’ombre à profusion.
- une eau cristalline et calme.
- un joli pointu mouillé dans le décor…
- le village à quelques centaines de mètres.
- pas grand monde sur la plage.
Pendant que les filles s’en vont guillerettes faire les boutiques au village, vautré dans le hamac, je m’adonne à mon passe-temps favori : griffonner des plans de nouveaux bateaux.
Je me sens bien. Très bien.
Je resterais bien là jusqu’à la fin de nos vacances… s’il n’y avait cette envie d’aller découvrir la côte Bleue, après Marseille… Et ce vent d’est, actif depuis le matin et qui, avec ses promesses de portant, m’incite, après le pique-nique sur la plage, à reprendre la mer, toujours plus à l’ouest.
De Jean-marc Schwartz, août 2009