- Croisière provençale en trimaran Astus 22 (de Port Grimaud à Giens)
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- Croisière provencale en trimaran Astus 22 (Cote bleue et iles du Frioul)
Les calanques de Cassis
De la jolie et rapide annexe d’une grosse péniche à voile venue des Pays Bas, jusqu’au yacht néoclassique, nous croisons des congénères attrayants.
Après un zigzag constitué de plusieurs bords de grand largue jusqu’à l’île de Bendor, histoire d’accélérer la navigation dos au vent, celui-ce finit par s’essouffler, nous obligeant à pointer plus au large afin de nous appuyer sur notre vent apparent. Moi qui, d’ordinaire, me fais un malin plaisir à venir tutoyer les rives, je suis devenu un adepte malgré moi du grand large, progression hâtive vers l’ouest oblige.
Il faudra ensuite s’appuyer avec le moteur pour atteindre, vers 19 heure, Cassis et ses calanques renommées.
Du large, impossible de repérer l’entrée des 3 calanques, mais pas Cassis dont l’entrée de la baie est signalée par l’imposant cap Canaille. Du haut de ses 400 m, c’est quand même la plus grande falaise maritime d’Europe.
La première calanque, Port Miou, est une interminable marina en forme de couloir d’un kilomètre et demi de long. La dernière, En Vau, est de loin la plus spectaculaire. Longue et vertigineuse, ses parois culminant à plus de 100 mètres attire les grimpeurs du monde entier. C’est celle où nous nous arrêtons habituellement.
Cette fois, pour changer et espérant plus de tranquillité, nous optons pour la calanque du milieu, Port Pin.
Depuis notre dernier passage, des zones de mouillage délimitées par des bouées jaunes ont été définies le long d’une des parois de chaque calanque afin de laisser le passage libre devant l’autre paroi.
S’ensuit ensuite une zone de baignade interdite aux engins à moteur. Les annexes sont, par contre, autorisées à passer (à la rame) afin d’accoster sur la plage.
Notre voilier étant l’embarcation avec laquelle nous débarquons à terre, nous la nommerons donc « annexe ». Et puisque les moteurs sont interdits, nous avançons doucement sous foc seul jusqu’à la rive. Le moteur est ensuite escamoté et rangé sous le plancher du cockpit, dans la cabine, sous l’œil curieux des personnes encore là.
J’hésite un bon moment pour choisir l’endroit où stationner.
Il faut pouvoir débarquer à sec et éviter d’utiliser l’ancre car nous ne sommes pas dans la zone de mouillage autorisé. Je préfère ne pas m’installer sur la plage car elle est petite, il y reste encore pas mal de monde et il y en aura sûrement bien plus le lendemain. Mais la présence de cailloux un peu partout ne me facilite pas la tâche. Et je ne parle pas de l’emplacement qu’il faut trouver pour le hamac à proximité du « campement ».
La solution retenue consiste à tendre fermement une amarre entre 2 rochers, l’un à terre et l’autre sortant de l’eau. Il ne reste plus qu’à fixer le bateau le long de cette ligne qui nous sert de quai d’amarrage et le tour est joué.
Léa a vite fait de s’installer dans le hamac suspendu aux arbres surplombant notre mouillage, tandis que Marilou profite des possibilités sans fin d’escalade sur ces rochers aux prises acérées mais dont toutes les surfaces horizontales ont été polies au fil des siècles par les semelles de millions de visiteurs.
Il est déjà tard et nous regagnons le bord pour une soirée soupe et jeu de tarot.
9ème jour
Ma nuit se verra coupée par un intermède « amarrage » lorsqu’un flotteur se mettra à tutoyer un rocher d’un peu trop près, pour cause de marée basse.
J’imagine que ça doit faire sourire les plaisanciers de l’ouest chaque fois que je parle de marée. Mais il faut savoir que nous avons quand même une vingtaine de centimètres de marnage… et aucun almanach du petit marin provençal pour nous indiquer les horaires !
Je finis par balancer une ancre à bout de bras au milieu de la calanque pour écarter le bateau de la berge et retrouver ma couette.
Nous sommes ensuite réveillés « de bonne heure » par les premiers arrivants pédestres sur la plage à 8h30. Nous ne sommes pas loin de Marseille, alors ici, on parle fort et avec enthousiasme…
Ayant débarqué pour réinstaller le hamac, je reste estomaqué par 2 papis bedonnants qui se précipitent pour installer leur matelas de mousse sur la « terrasse » en pierre, juste au pied du bateau. A cette heure, il y a pourtant tellement de place libre aux alentours… Et dire que j’avais pris la peine de ne pas encombrer la plage avec notre trimaran, petit au large, mais imposant sur une petite plage.
Arrive ensuite un gros semi-rigide à moteur du parc naturel. Comme je m’y attendais, ses occupants m’indiquent que je suis dans une zone interdite au mouillage et réservée à la baignade et ils me demandent gentiment de partir, ce que je promets de faire… Après avoir pris quelques clichés pour illustrer cette page.
Je jongle avec le cadrage des arbres et des rochers afin de faire disparaître du champ les 2 papis et le bateau à moteur du parc, coincé là pendant un bon moment à faire tourner son moteur qui connaît quelques ratés.
Nous dégageons ensuite à la rame car le vent, heureusement faible, est pile poil dans le nez. Parvenu à la frontière de la zone interdite aux moteurs, le petit bateau à moteur qui était amarré là a la bonne idée de s’en aller voir ailleurs.
Nous sautons sur l’occasion pour nous installer à sa place, en nous collant au ras de la roche pour pouvoir débarquer directement. C’est d’ailleurs le seul endroit de la zone de mouillage qui dispose d’une petite aire de débarquement pas trop escarpée.
Ombre généreuse, rochers pour l’escalade où l’on arrive même à accrocher le hamac, eau aux couleurs éclatantes, il n’en faut pas plus pour nous convaincre de nous attarder un peu…
Tout juste peut-on regretter les cris qui nous parviennent de la berge d’en face où une foule de vacanciers est venue s’installer petit à petit, et dont certains se croient obligés de ponctuer chacun de leur saut dans l’eau par un hurlement digne des meilleurs films d’horreur. Il faut dire que se jeter à l’eau d’une hauteur de 2 mètres fait bigrement froid dans le dos… Surtout lorsque l’on entre dans une eau à 18 degrés seulement.
Par chance, la préfecture maritime a choisi le bon côté pour implanter la zone de mouillage. Les jeunes intrépides que nous verrons s’aventurer sur notre rive jusqu’à nous se compteront sur les doigts d’une main tout en faisant preuve d’une discrétion notable… Comme s’ils s’excusaient de pénétrer dans notre jardin privé, attenant à « notre » grande piscine dont les filles profitent à maintes reprises malgré sa température plus que frisquette.
Nous repartons en début d’après-midi. Merci au passage à notre voisin de mouillage en Challenger pour nous avoir aidé à récupérer notre ancre coincée par un rocher (c’est que je n’ai pas l’habitude de mouiller par plus d’un mètre de fond, moi) et nous avoir gentiment signalé, après qu’on ait hissé toute la toile avec le vent dans le dos, qu’il faudrait peut être qu’on retire notre dernière amarre à terre avant d’envisager de quitter la place…
Une fois sorti de la calanque, le vent retombe comme un soufflet et c’est au moteur que nous commençons à longer les falaises en direction de Marseille, en nous appuyant parfois avec le gennaker lorsque quelques nœuds de vent nous font l’honneur de nous accompagner. Grottes et falaises spectaculaires pimentent la balade.
L’étroit passage entre l’île Maire et le continent marque l’entrée dans l’immense rade de Marseille et le passage à un autre régime de vent.
Changement d’orientation de 180 degrés et surtout, renforcement progressif. Nous voilà partis à 8-9 nœuds au vent au travers, direction plein nord vers les îles du Frioul et la côte Bleue. Quel plaisir d’avancer de nouveau correctement après ces longues heures de navigation dans des brises évanescentes.
Ce qui est moins rigolo, c’est le brouillard qui est en train de s’installer. C’est la première fois que cela m’arrive, et justement lorsque je traverse une baie de plus de 8 milles nautiques de largeur. La visibilité tombe à quelques dizaines de mètres et j’utilise le compas du GPS pour m’orienter approximativement dans la bonne direction.
C’est bête à dire, mais je ne sais même pas l’utiliser pour me positionner sur mes cartes qui, de toute façon, ne possèdent pas le quadrillage adéquat. Après plus de 15 ans de randonnée nautique sans brouillard, j’avais oublié que cela existait.
Le vent baisse… et notre vitesse oscille maintenant entre 5 et 6 nœuds. L’équipage s’inquiète légèrement de se retrouver « perdu » tout seul au milieu de l’eau. Le son menaçant d’une grosse corne de brume, genre ferry, cargo ou pétrolier, que sais-je, nous confirme que nous ne sommes pas seuls, ce qui finalement, n’est guère plus rassurant.
Je fais un rapide calcul du temps dont je dispose si je vois surgir sur nous le mastodonte à plus de 20 nœuds à quelques encablures de notre embarcation… Le pronostic n’est pas très favorable pour espérer dévier notre trajectoire à temps. J’espère que son radar est capable de détecter notre mat en alu…
Mais la corne de brume s’atténue, signe qu’il est en train de s’éloigner de nous. Nous pouvons relâcher un peu notre veille attentive et ne plus nous époumoner dans notre propre corne de brume dont sort un son aussi bref que furtif, que nous devons être les seuls à pouvoir entendre. Et dire qu’il s’agit de matériel de sécurité homologué… Un simple sifflet à bille, moins encombrant au passage, serait bien plus efficace.
Le vent finit par tomber tandis que nous croisons une grosse bouée jaune signalant la proximité d’un rivage à 500 mètres. Effectivement, nous ne tardons pas à croiser un château en pierre sur un îlot rocheux puis les deux tours situées entre le Vieux Port de Marseille et les îles du Frioul.
Je décide d’aller nous arrêter sur les îles du Frioul en attendant que le vent revienne et que le brouillard se dissipe. J’aperçois des cailloux, une côte avec des constructions… Je suis perplexe et désorienté. Ca ne ressemble pas au Frioul et la boussole ne me dit pas la même chose que la carte.
Me voilà obligé de m’approcher d’un baigneur pour lui demander où nous sommes. Un dialogue de sourd s’engage avant que je finisse par comprendre qu’il s’agit d’un quartier de Marseille, quelque part entre le Vieux Port et le port de la Pointe Rouge.
Puisque nous ne sommes pas aux îles envisagées, nous poursuivons au moteur notre route vers le nord en direction de la côte bleue.
Nous croisons de temps en temps une autre embarcation à moteur… puis continuons notre chemin à l’aveuglette.
Après un long bord à la voile+moteur, on finit par tomber sur la terre d’en face, pile à l’endroit visé, entre le port de l’Estaque et Niolon où nous projetons de passer la nuit. Si cet endroit, construit de bric et de broc dans un coin de nature désolé, peut laisser perplexe au premier abord, on succombe rapidement à son charme authentique. Quelques pêcheurs et marseillais débrouillards se sont constitués, au fil du temps, un modeste petit havre de paix, niché au cœur d’une nature rugueuse.
Il est déjà 19 h lorsque nous pénétrons dans le petit port où j’avais procédé à quelques repérages lors de notre rassemblement hivernal d’équipages de trimaran dans un restaurant local l’année précédente.
Je vais me beacher sur la petite plage au fond du port, préservée du stationnement de bateaux par la présence de cailloux et le manque d’eau. Pour nous, ce sera parfait.
Pendant que j’amarre astucieusement l’engin pour qu’il n’empiète ni sur la plage encore utilisée, ni sur le quai, une personne, qui passait par là et qui semble être un officiel du port, nous demande, étonné, si nous pensons rester là cette nuit.
Je lui réponds « oui, si c’est possible ».
Si le choix de notre emplacement l’interpelle, il ne voit pas d’inconvénient à ce que nous squattions là, à condition de libérer l’endroit pour 9h le lendemain.
Marché conclu ! Il faut avouer qu’après ces heures de navigation, nous n’avons pas envie de repartir chercher un autre abri… et la perspective d’un petit restaurant au « village » ne laisse pas le reste de l’équipage indifférent.
La soirée se termine donc sur l’agréable terrasse d’été de « l’Ancre » où nous dégustons d’excellentes pizzas « corses » au chèvre et à la figatelli, agrémentées d’une non moins excellente soupe de poisson. Cadre enchanteur, service agréable, prix corrects. Nous profitons de cette table suspendue au dessus du village et du port pour terminer d’écrire les cartes postales. Il est temps car le séjour touche à sa fin.
De Jean-marc Schwartz, août 2009
Yann
7 Sep 2009Annuaire des marées méditerranéennesPas annuaire de marées en méditerranée ?… Cela m »a intrigué….!!!!
J »ai farfouiner sur le net….C »est vrai que ce n »est évident… Mais j »ai fini par dénicher un calculateur de marégramme en ligne fait par le SHOM….qui comprend certaines villes de référence en Méditerranée….comme Marseille ou Bastia….
A voir donc sur :
http://www.shom.fr/ann_marees/cgi-bin/predit_ext/choixp?opt=10&zone=11&port=0&date=7%209%202009&heure=&portsel=map
eric17
8 Sep 2009GENIAL ton jouet ! je suis en train de me payer un tour du monde !
Pour la Mediterranée, c »est exactement ce que j »avais à Gruissan : on a eu un marégraphe dans les années fin 70 début 80 (du côté des mytiliculteurs), et on avait une amplitude de 25 à 35 cm, avec une grande marée et une petite chaque jour, 2h30 à 3h30 en retard sur Brest. Mais aussi une variation de plus d »1 m due au vent (minimum – 40 cm pendant une énorme raïsse de nord en 77, max + 1,53 pendant la tempête de 82), avec un niveau moyen à + 0.25 NGF.
Pour rigoler : regardez à Sfax … Paraît que les grecs de l »antiquité ont été surpris de découvrir la marée sur l »atlantique = n »importe quoi !
Regardez aussi la courbe au Havre, ou à Souphamton : ça c »est l »effet estuaire.
Le pire, c »est La Nouvelle Orléans ou Mobile, là je comprends pas trop le mécanisme. En fait, le belles courbes bien sinusoïdales, on les trouve uniquement sur les côtes donnant sur la mer ouverte : le Conquet, mais aussi les ports de la Réunion, de la côte africaine, ou californienne. A Vancouver, c »est aussi la zone, fini la loi des 12èmes …
Super, ce site, j »ai révisé mes cours d »océanographie – boudiou c »est pas récent -, et fait une belle ballade, merci Yann
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