La marée pose problème quand il s’agit de s’arrêter au bord du rivage :

  • si elle descend, vous vous retrouvez échoué et incapable de repartir.
  • si elle monte, vous ne pouvez plus remonter à bord sans vous mouiller.

Loin de constituer un obstacle à la pratique de la randonnée nautique, la marée peut même devenir une alliée pour peu que l’on sache l’exploiter.

Le mouillage la nuit

C’est le cas le plus simple à gérer.

Sachant qu’il y a environ 12 heures entre 2 états identiques de la marée (par exemple, entre la marée haute et la marée haute suivante), vous pouvez « garer » le bateau au bord de la plage en fin de journée, disons à 19h.

Si la marée est en train de descendre, c’est l’idéal. Le bateau va rapidement se poser sur le fond (que vous aurez bien choisi au préalable afin ne pas abîmer la coque contre un rocher).
Vous allez pouvoir descendre à terre facilement, et également manger à bord d’un bateau parfaitement stabilisé.

Si la marée est en train de monter, laissez une deuxième ancre loin sur la terre ferme. Cela vous permettra, en laissant filer l’ancre à l’étrave et en tirant sur celle à terre, de rapprocher le bateau de la plage pour débarquer plus tard.

Mais quelque soit le sens de la marée, vous savez que vous pourrez repartir à flot le lendemain, à partir de 7h30 environ.

Si à cette heure là, la marée est en train de monter, vous pouvez tranquillement rester au lit et prendre votre temps.

Si, au contraire, la marée est en train de descendre, il faudra soit quitter les lieux,  soit, plus simplement, tirer progressivement sur l’ancre à l’avant, et relâcher l’ancre à l’arrière, pour maintenir le bateau à flot, et ne pas se retrouver échoué pour la journée.
Chacun pourra également adapter l’heure où il « gare » son bateau, en fonction de l’heure à laquelle il souhaite décoller le lendemain matin.

Rouleaux de halage

Si votre embarcation n’est pas trop lourde (moins de 400 kg chargée), vous pouvez la déplacer en la faisant rouler sur des rouleaux gonflables de portage. Il en existe supportant différentes charges, à des prix très raisonnables.

Compte tenu de leur volume important, il faudra prévoir un gonfleur à bord pour les gonfler. Préférez les modèles disposant d’une valve large, qui sont très rapides à dégonfler.
Même si la place manque souvent à bord des petits voiliers, compte tenu de leur légèreté, on peut néanmoins parvenir à les caser, en les gardant gonflés, dans des endroits que l’on évite habituellement de charger.

Par exemple, à la pointe avant du bateau, où dans l’espace sous le plancher du cockpit.

Un modèle bien adapté au roulage intensif. Il s’agit de pare-battages pour bateaux plus gros, fabriqué en PVC épais (850 gr/m²). Ils sont plus chers que des modèles « génériques », mais bien plus résistants à l’abrasion et au poinçonnement. Ils disposent, de plus, d’une valve de gonflage large, de type annexe.

On trouve dorénavant des rouleaux de toutes dimensions (longueur et diamètre).

Mouillage mobile

De Pierre-Alain Lemoine : « Concernant les mouillages dans les zones à marées (nous sommes dans le golfe du Morbihan), nous avons l’habitude d’utiliser un moyen simple et pratique.

Imaginons que nous sommes à deux heures de la Pleine Mer (marée montante) et que nous souhaitons partir découvrir l’île sur laquelle nous sommes.
On place la ligne de mouillage sur le pont et on relie à l’extrémité de l’ancre une aussière (appelée « va et vient »), plus longue que le mouillage, et qui se termine par un grappin, ou que l’on vient frapper à un quai.

On descend du bateau et on le pousse au large pour le garder à flot. On tire d’un coup sec sur l’aussière pour faire tomber l’ancre, et le bateau se mouille ainsi tout seul.
On peut à tout moment reprendre son bateau en utilisant l’aussière amarrée à terre qui permet de ramener l’ancre (et le bateau) à soi. »

On notera qu’avec cette technique, si l’ancre venait à déraper en votre absence, le bateau ne risque pas de partir seul au large grâce à l’aussière reprise à terre.

Bien adapté aux fonds sableux, cette technique est plus limitée sur fonds rocheux où l’ancre risque potentiellement de se coincer, lorsqu’on la ramène sous l’eau avec l’aussière restée à terre.

Dans le cas d’utilisation d’un grappin en bout d’aussière à terre, il peut être pratique d’y fixer une bouée ou un pare battage.
D’une part, cela permet de signaler aux promeneurs la présence de cet obstacle agressif.
D’autre part, si l’aussière n’était pas assez longue pour éviter au grappin d’être recouvert à marée haute, la bouée qui flotte au dessus vous permettra de retrouver facilement votre aussière (attention d’utiliser un bout suffisamment long pour la bouée afin qu’elle ne puisse soulever le grappin, poussée d’Archimède aidant…)

En fonction de la direction du vent

De Didier B. : « Bon, évidemment, il faut faire un minimum attention, mais si on se pose trop de questions, on finit par ne jamais débarquer !

En fait, le point le plus important à mes yeux est celui-ci : ne laisse pas ton bateau se poser sans surveillance si tu n’es pas certain de la nature du fond.
Autrement, on peut toujours trouver des solutions pour garder le bateau à flot et pouvoir y retourner facilement.

Si le vent vient de la côte, ton bateau sera repoussé vers le large. Tu peux facilement mouiller ton ancre haut sur la plage, et laisser filer le bateau.
Si la marée monte, tu pourras le tracter à la plage plus tard. Même topo si la marée descend.

Si le vent pousse parallèlement à la cote, tu peux envisager de mouiller long, et de tirer un grand bout a terre. Ton bateau reste en eau et tu le fais revenir à toi quand tu as besoin. Évidemment, si le vent tourne …

Le vrai problème, c’est si le vent pousse a terre. La, il faut rester a proximité si vraiment tu veux éviter la baignade ou la mise au sec.
Sinon, le plus simple consiste à prendre son temps : si la marée est montée, et que tu ne veux pas te mouiller, attends un peu, profite de la plage pour faire la sieste.
Si elle est descendue, profites-en pour retourner au bateau, et fais la sieste à bord….

Dans les cas de doute, il faut prévoir de s’arrêter pendant un intervalle symétrique autour de la marée (haute ou basse).
Si tu arrives à Pleine Mer – 2 heures, prévois de repartir un peu avant Pleine Mer + 2 heures.

Dans tous les cas, je te déconseille de te mettre au sec à l’heure exacte de la pleine mer, sans un examen attentif de l’annuaire des marées. La mer ne remonte pas toujours a la même hauteur ! »

Roulage sur la plage

De Vincent B. : « avec un multicoque très léger, et par beau temps, on peut s’approcher suffisamment près pour voir le fond sur lequel on se pose, et là, l’idée des rouleaux est judicieuse, à condition que la pente de la grève soit suffisante tout de même.
Je m’explique. Il sera plus facile de remettre un bateau à l’eau à Etretat, où la plage ne varie que de quelques dizaines de mètres en profondeur, alors qu’il risque d’être assez pénible de repousser le bateau à l’eau sur des kilomètres au Mont Saint Michel, à marée basse.

Chez mes amis des States, la rando nautique se pratique beaucoup, et ils ont, en général, quatre généreux pare battage pour faire ça.
CHEERS [NDLR : le trimaran de Vincent] lui même est mis a l’eau par ce moyen. Il fait 900 kg et 12 mètres de long mais avec l’aide de quelques bras locaux supplémentaires… Son tirant d’eau n’est que de 12 cm. »

Erreurs à éviter

De Philippe De T. : « L’art est bien entendu de poser le bateau à marée descendante, et de bien faire le calcul pour pouvoir revenir à pied sec.

Avec quand même quelques variantes très subtiles :

  • le bateau a une quille fixe et se couche quand la baignoire se vide (bien caler les pots de fleurs avant de descendre à terre).
  • erreur de débutant : aller beacher à l’heure de la marée haute la plus haute des cinq années à venir.
  • la plus jolie variante : découvrir avec stupéfaction qu’on est en train de poser le bateau dans une vase molle, profonde et bien collante »
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